Accueil

Politique Droite
Pendant la primaire LR, Fillon trouvait encore le temps de gagner 20.000 euros par mois avec sa société

Pendant la primaire LR, Fillon trouvait encore le temps de gagner 20.000 euros par mois avec sa société

Autoentrepreneur

Par

Publié le

Pendant qu'il enchaînait meetings et débats pour la primaire de la droite, l'entrepreneur Fillon continuait à gagner de l'argent grâce à sa société de conseil. Ses revenus ont même augmenté de 8% entre 2015 et 2016 !

L'entreprise Fillon n'a pas connu la crise. En 2016, année qui restera celle de son apogée et de sa victoire aussi inattendue que large à la primaire de la droite, l'ex-candidat à la présidentielle a gagné plus de... 20.000 euros par mois grâce à sa société de conseil, 2F Conseil. C'est l'information effarante que révèle ce jeudi 20 octobre La Lettre A, qui a eu accès aux comptes de la SARL du Sarthois.

Dans le détail, François Fillon a empoché exactement 240.788 euros sur l'année, à répartir entre ses revenus de gérant (96.788 euros) et ceux de salarié (144.000 euros). Soit une augmentation de 8% par rapport aux 222.869 euros de bénéfices de l'année 2015. D'où une question simple : quand le député de Paris a-t-il pu trouver le temps d'exercer ces prestations de conseil ? Comme cela avait été souligné à l'époque, l'ex-Premier ministre a mené une vraie campagne de terrain. Entre mars et novembre, il a ainsi effectué pas moins de 64 meetings, soit plus de sept par mois. "Je suis celui qui rencontre le plus de monde", se félicitait-t-il d'ailleurs en septembre. Au même moment, il publiait Vaincre le totalitarisme islamique (Albin Michel), un ouvrage remarqué... rédigé pendant l'été. En ajoutant les débats, interviews et son mandat de député de Paris, cela laisse en théorie peu de temps libre.

Quatre clients avérés en 2016

L'autre question en suspens est celle des clients de sa société de conseil, 2F conseil. On en connaît déjà un certain nombre. Mediapart a par exemple révélé que François Fillon a touché entre 40.000 à 60.000 euros annuels en tant que conseiller de la société d'analyse financière Ricol Lasteyrie, dirigée par René Ricol, commissaire général à l'investissement quand François Fillon était Premier ministre. Selon le Canard enchaîné, l’ancien chef du gouvernement a par ailleurs signé un contrat de lobbying avec l’industriel libanais Fouad Makhzoumi. Un premier versement de 22.500 euros a été effectué à l’été 2015, ainsi qu’un second début 2016.

François Fillon a par ailleurs révélé en février 2017 que la banque Oddo et la société Fimalac, présidée par son grand ami le milliardaire Marc de Lacharrière, ont fait partie de ses clients, sans préciser la date de ses prestations et le montant de ses émoluments. Selon Mediapart, il a également conseillé la société Axa, mais mais entre 2012 et 2014 seulement. D’après Libération, c’est en revanche bien en 2016 qu’il a donné deux conférences rémunérées à l’étranger, le 1er mai à Abou Dhabi (Emirats arabes unis) et le 12 octobre à Rabat (Maroc). Une troisième conférence a eu lieu le 23 mai à Astana (Kazakhstan), sans qu’on sache si elle a été accompagnée d’un chèque ou non.

30.000 euros par mois au total

On ne peut de toute façon pas considérer que François Fillon est très attaché à la transparence. Il n’a pas déclaré ces revenus au déontologue de l’Assemblée nationale. On ne peut pas dire non plus que l’ex-candidat à la présidentielle était très investi dans son mandat de député de Paris, rémunéré tout de même 7.208,74 euros brut mensuels. Durant tout le quinquennat 2012-2017, et notamment en 2016, il a fait partie des cent députés les moins actifs de l’Assemblée.

Avec l’indemnité de frais de mandat de 5.840 euros brut mensuels, François Fillon touchait en tout cas plus de 30.000 euros par mois. De quoi mener grand train. Mais pas de quoi payer ses impôts. Fin 2016, il a bénéficié d’un prêt de 30.000 euros de sa fille pour régler sa dette fiscale à l’Etat. Etonnant.

Votre abonnement nous engage

En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.

Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne