Partager
Médias

Comment les maisons de retraite sont devenues plus rentables que les hypermarchés

Dans le numéro de "Pièces à conviction" diffusé ce jeudi soir à 23h25 sur France 3, Xavier Deleu a mené une enquête révélant les secrets du juteux business des maisons de retraite. Dans son viseur: les groupes Korian et Les Opalines. 

réagir
"Maisons de retraite: les secrets d'un gros business" dans Pièces à conviction, diffusé le jeudi 19 octobre à 23h25 sur France 3

"Maisons de retraite: les secrets d'un gros business" dans Pièces à conviction, diffusé le jeudi 19 octobre à 23h25 sur France 3

France 3

Ce jeudi 19 octobre, à 23h25, "Pièces à conviction" diffuse une enquête inédite - réalisée par Xavier Deleu - qui lève le voile sur les secrets d'un des business les plus profitables en France. Avec un marché qui pèse entre 25 et 30 milliards d'euros, ces établissements sont devenus plus rentables que les hypermarchés. D'autant que la demande ne cesse de grandir, avec plus de 600.000 Français qui vont passer en moyenne les trois dernières années de leur vie dans les Etablissements Hospitaliers pour Personnes Agées Dépendantes (Ehpad). Dans le viseur de cette enquête baptisée "Maisons de retraite: les secrets d'un gros business", les groupes Korian et Les Opalines. 

La multinationale française Korian a réalisé entre 2015 et 2016 une hausse de 400% de ses bénéfices, affirme sur tous les plateaux télé sa directrice générale Sophie Boissard. En visitant un de ses établissements situés sur les bords de Marne, tous les moyens semblent effectivement avoir été mis en place pour le bien-être de ses résidents, à commencer par une salle de kiné, un espace piscine ou encore un vaste jardin placé sous surveillance. "On est plutôt dans le cocooning", affirme une employée de l'établissement qui propose des tarifs jusqu'à deux fois plus élevés que la moyenne, soit entre 3.400 et 4.400 euros par mois. Mais sur le terrain, la réalité est bien différente. À Marseille, ce sont trois aide-soignantes qui ont déposé plainte aux prud'hommes après avoir été licenciées pour faute grave suite à un conflit avec leur hiérarchie: Ella avait simplement demandé une couche supplémentaire pour une résidente. Selon un document interne que l'équipe de France 3 s'est procuré, la direction de Korian n'aurait pas hésité à procéder à une dotation journalière de couches, soit 3 pour la journée et 1 pour la nuit. Au total, l'établissement réaliserait de 7 à 10.000 euros d'économies annuelles, une économie réalisée sur de l'argent public qui finance ces protections. Et si le groupe organise chaque année un concours de cuisine sous le regard d'un chef triple-étoilé, un cuisinier salarié par le groupe évoque une toute autre réalité. Sa consigne étant de respecter le budget au centime près que sa direction lui impose, à savoir 4,35 euros maximum le prix journalier par personne, comprenant petit-déjeuner, déjeuner, goûter et dîner, ce qui est "dérisoire", affirme-t-il. Au final, les personnes âgées n'y trouvent pas leurs comptes et certaines familles commencent à s'élever contre l'établissement.

"Des économies de toute une vie"

Ce numéro de "Pièces à conviction" épingle par ailleurs la société SGMR Les Opalines dont les actionnaires sont Didier Mennechet et Philippe Peculier, soit la 365e plus grande fortune de France selon le classement 2017 établi par Challenges. Un véritable empire familial doté de 63 établissements, qui pratique pourtant des tarifs très élevés allant jusqu'à 5.000 euros par mois pour une chambre double. "Des économies de toute une vie", relève la fille de pensionnaires d'un établissement Les Opalines. Et pour pouvoir bénéficier de cette chambre, la société n'hésite pas à poser de lourdes conditions, à commencer par de sérieuses garanties financières, et à se renseigner sur le patrimoine immobilier des futurs résidents. Au total, cet établissement situé dans le Jura toucherait jusqu'à 2,2 millions d'euros de ses résidents. Mais où passe l'argent? Impossible de le savoir. Pourtant, cette enquête démontre que la société n'hésite pas à franchir les limites de la légalité en dépassant par exemple le seuil d'occupation réclamé par l'Agence Régional de Santé. En 2016, plusieurs dépassements en continu sur les six premiers mois de l'année ont ainsi été constatés et au final, l'établissement en question aurait perçu presque 40.000 euros de plus que ce que sa capacité légale le permet. Et lorsque France 3 vient interroger le directeur général du groupe Philippe Gevrey, ce dernier n'hésite pas à justifier ce dépassement en expliquant que cette situation n'est pas permanente. "On a besoin d'avoir ce taux d'occupation maximale pour absorber les charges qui existent dans ces établissements. Nos objectifs sont légitimes", souligne-t-il.

Simultanément à la diffusion de cette enquête, des professionnels de santé, syndicats et directeurs de ces établissements ont adressé ce jeudi une lettre ouverte à Emmanuel Macron afin de l'alerter sur ce qu'ils jugent comme une "détérioration des conditions" de prise en charge des personnes âgées. Ils demandent des arbitrages financiers pour mettre fin à une situation qu'ils jugent "explosive". 

Commenter Commenter

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications