Cash investigation

Claude Guéant, expert en liquide

Selon un rapport de police dévoilé par Mediapart, le «cardinal» de Nicolas Sarkozy n'aurait retiré que 800 euros en espèces sur dix ans depuis son compte bancaire. Il aurait manifestement bien d'autres sources de cash...
par Renaud Lecadre
publié le 20 octobre 2017 à 18h09

L'info est noyée dans un rapport de l'Office anticorruption de la police judiciaire (OCLCIFF), daté du 5 septembre dernier, elle-même noyée dans un article de Mediapart publié vendredi. Néanmoins, la perle est là, sous nos yeux: entre le printemps 2003 et la fin 2012, l'homme à tout faire de la Sarkozie (directeur de cabinet place Beauvau puis à l'UMP, secrétaire général à l'Elysée et enfin ministre de l'Intérieur), n'aurait retiré que 800 euros en espèce sur ses comptes bancaires officiellement déclarés. Soit à peine 40 euros par mois. N'importe quelle ménagère ou ménager de plus ou moins cinquante ans s'en gaussera, du moins ceux qui ne sont pas au RSA.

Le «Cardinal» ne vit pourtant point chichement. Il se paie sur la bête, en témoigne sa condamnation l'an dernier à deux ans de prison (dont un ferme) pour détournement de fonds publics : en tant que taulier de la maison poulaga - Directeur général de la police nationale (DGPN) puis dircab de Sarko au ministère de l'Intérieur -  il avait encaissé pas moins de 100 000 euros des frais d'enquête et de surveillance (FES) théoriquement dévolus aux fins limiers sur le terrain. Mais néanmoins versés et perçus en liquide par Guéant, d'où la modestie de ses retraits bancaires.

Cette affaire-là ne visait que la période antérieure à 2007. Depuis, c'est le grand mystère. En janvier 2008, le couteau suisse de la sarkozie justifiera l'achat d'un appartement dans les beaux quartiers parisiens (720 000 euros, paiement cash, sans le moindre emprunt immobilier), par la vente de deux croûtes d'un obscur peintre flamand du XVIIe siècle. La justice française doutant de l'explication, il est depuis mis en examen mais demeure présumé innocent sur ce point.

Restent ces rumeurs de paiements en liquide, lors de la présidentielle 2007, sur laquelle plane l'ombre d'un financement de Nicolas Sarkozy par Muammar Kadhafi. En pleine campagne, Claude Guéant a loué un énorme coffre-fort (on peut y tenir debout) à la BNP. Pour y loger des discours de son mentor, justifie-t-il devant les enquêteurs sans rire. «Il se moque du monde, c'est hallucinant de mensonge, je suis consternée», rétorque une petite main du QG de campagne auditionnée par les flics. Et si Guéant, plutôt que de se réfugier dans les billevesées, disait un jour sa vérité ?

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