5 K lectures / 7 réactions 20 oct. 2017, 16:28

La petite commune de Sainte-Hélène, dans le Morbihan, s'attèle à une grande innovation : construire une école en économie circulaire, ou « cradle to cradle ». La première de ce type en France. Ce projet, écologique et participatif, ne va pas coûter plus cher que la construction d'une école classique et permet d'éduquer les élèves au développement durable. Entretien avec Hélène Danel, pilote du projet.

En quoi consiste une construction en économie circulaire ?

C'est relativement simple dans le concept, mais inhabituel dans les faits. Nous vivons actuellement dans ce que l'on appelle l'économie linéaire. On extrait des matières premières, on fabrique des objets que l'on recycle très peu et que l'on jette à la fin. Au contraire, avec l'économie circulaire, dès la conception du bâtiment, on va réfléchir à ce que tous les composants puissent être recyclés à l'infini ou, à la limite, rendus à la nature sans polluer, donc compostables. Cela implique l'utilisation de matériaux non toxiques. On réfléchit au changement d'usage éventuel. Mais aussi à la déconstruction, de façon à ce que les matériaux aient une valeur résiduelle. Donc au lieu de payer pour se débarrasser des déchets, on aura des matériaux qui auront encore une valeur. C'est donc tout un modèle économique.

Cela coûte-t-il plus cher qu'une construction classique ?

Le défi c'est justement de prouver que l'on peut arriver à construire de cette façon sans que ça coûte plus cher qu'un bâtiment dit classique. L'idée c'est d'être reproductible. C'est aussi une des raisons pour lesquelles la Région Bretagne soutient le projet. C'est un enjeu économique pour toute la région.

Où en êtes-vous aujourd'hui ?

L'ouverture de l'école est prévue pour la rentrée 2019. Aujourd'hui, on recrute l'architecte et cela va suivre son cours. Il y a eu un gros travail de terrain, pour déjà faire comprendre ce qu'est l'économie circulaire, réfléchir à ce qu'on voulait. On a associé les habitants au projet. On a fait des ateliers participatifs, pour réfléchir à la conception et au fonctionnement du bâtiment. Ce qui est très riche aussi, c'est que la communauté de commune a changé ses statuts pour prendre l'économie circulaire en compétence. C'est donc devenu un vrai projet de territoire, sur toute la communauté de commune. Egalement, nous avons des entreprises et associations qui s'intéressent au projet. Ça va devenir un petit peu un chantier-école, si j'ose dire.

Les enfants sont-il impliqués ?

Ce sera hautement pédagogique. Tout sera conçu de façon à ce que les enfants puissent comprendre le fonctionnement du bâtiment. Par exemple un panneau dans l'entrée précisant les productions d'électricité, les consommations d'eau. Rendre apparent également le dispositif de traitement de l'air. Il y aura aussi tout un travail, déjà entamé, sur la biodiversité.

Comme quoi par exemple ?

On a des enseignants qui sont très partie prenante et font beaucoup d'activités autour du projet. Il y a eu une semaine durant laquelle ils ont organisé des ateliers de création de chansons sur l'écologie. Il y a eu onze chansons de créées. Il y aura un livre-disque qui sortira en décembre. Egalement, des ateliers de conception architecturale, avec les notions de biomimétisme. Il y a toute une pédagogie autour de ça et les enfants s'intéressent vraiment. Certains se voient déjà en architecte.