Le téléphone rouge a sonné à Berlin et Londres. Le président russe s'est entretenu avec Angela Merkel et David Cameron ce dimanche. Malgré des "divergences" sur les événements en Ukraine, Vladimir Poutine, la Chancelière et le Premier ministre britannique souhaitent "désamorcer les tensions et normaliser la situation au plus tôt", indique un communiqué du Kremlin (en russe). Il a toutefois défendu l'indépendance de la Crimée où le parlement doit voter le 16 mars.
Le président russe"a également attiré l'attention de ses interlocuteurs sur l'inertie des autorités actuelles à Kiev qui ne font rien pour freiner l'influence rampante des forces ultranationalistes et extrémistes dans la capitale et dans de nombreuses régions".
Merkel sur le front russe
Le 5 mars, Vladimir Poutine - qui avait accepté le principe d'un "groupe de discussion"proposé par Angela Merkel - a discuté des "scenarios" de normalisation possibles en Ukraine avec cette dernière.
Le président américain de son côté a averti Moscou que toute escalade en Crimée risquait de conduire à la fin des négociations diplomatiques. Avec d'autres chefs d'Etat, dont François Hollande, il prévoit de prendre de nouvelles "mesures" de sanction le cas échéant.
Moscou promet 790 millions d'euros à la Crimée
Un peu plus tard dans la journée, le gouvernement russe a fait savoir qu'il proposait de verser 1,1 milliard de roubles (790 millions d'euros) à la province autonome de Crimée.
Pavel Dorokhine, vice-président de la commission de l'industrie de la chambre basse du Parlement russe (Douma), cité par l'agence Interfax a précisé:
"Il s'agit avant tout d'un soutien à l'industrie de défense, aux machines-outils, à la maintenance maritime, y compris celle des unités de la flotte de la mer Noire. Ce sont des mesures concrètes".
L'OSCE refoulée
En Crimée, les tensions sont loin d'être calmées. Samedi, une mission de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dépêchée en Crimée, a été contrainte de rebroussée chemin après avoir été repoussée pour la troisième fois en trois jours pas des hommes armés.
Elle venait constater l'implication de l'armée russe dans la péninsule de l'est ukrainien en majorité russophone dont le parlement doit décider d'un éventuel rattachement à la Russie le 16 mars. En outre, plusieurs postes-frontières seraient occupés par les forces russes, ce qui revient à violer le principe de non-ingérence.
Kiev célèbre son poète
De nouveaux heurts se sont produits en marge de manifestations en l'honneur du bicentenaire de la naissance du poète Taras Chevtchenko. Une célébration à l'occasion de laquelle le Premier ministre ukrainien par intérim, Arseni Iatseniouk, a martelé que l'Ukraine ne céderait "pas un centimètre de sa terre". Il doit se rendre aux Etats-Unis la semaine prochaine pour régler la crise dans le pays.
En plus d'une crise budgétaire, l'Ukraine vit désormais sous la menace d'une coupure de gaz car la compagnie publique russe Gazprom a indiqué qu'elle cesserait ses livraisons si Kiev ne payait pas ses dettes. Quelques jours plus tôt, elle avait supprimé les rabais accordés en décembre, à l'époque où le président pro-russe Viktor Ianoukovitch était encore en poste.
>> Kiev fête l'unité de l'Ukraine, la Crimée se déchire
(Article créé le 09/03/2014 à 15:38, mis à jour à 17h04)