La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, le 17 octobre 2017 à l'Elysée, à Paris

La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, le 17 octobre 2017 à l'Elysée, à Paris (photo d'illustration).

afp.com/LUDOVIC MARIN

La chasse aux économies est lancée. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, explique ce dimanche dans les colonnes du JDD, comment elle entend traquer les actes "inutiles" dans les hôpitaux. Pour réduire de 3 milliards d'euros le déficit global de la Sécurité sociale en 2018, "il y a une marge de manoeuvre énorme sans toucher à l'égalité des chances: 30% des dépenses de l'assurance-maladie ne sont pas pertinentes", déclare la ministre au Journal du dimanche.

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"Favoriser l'ambulatoire"

Alors que l'Assemblée nationale doit entamer la semaine prochaine l'examen du projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS), elle détaille dans cet entretien quelques axes d'économies et de meilleure utilisation des ressources dans les hôpitaux. Cela commencera par "favoriser l'ambulatoire".

"En chirurgie, par exemple, l'objectif est qu'en 2022, sept patients sur dix qui entrent à l'hôpital le matin en sortent le soir, contre cinq aujourd'hui", explique Agnès Buzyn. "Nous allons fermer les lits qui ne servent à rien ou les réorienter vers de nouveaux besoins" et "lutter contre les opérations inutiles ou les actes réalisés deux fois", dit-elle.

Mutualiser les dépenses

Elle estime que les hôpitaux pourraient en outre "économiser un milliard d'euros en mutualisant certaines dépenses, comme les achats de médicaments". Enfin, la ministre explique sa méthode pour réformer le financement des hôpitaux en créant des "modes de tarification centrés sur la pertinence des soins", par exemple en octroyant "un bonus, un intéressement dès lors qu'ils répondront aux objectifs de qualité, de pertinence et d'efficience".

Renforcer la lutte contre les fraudes à l'Assurance maladie

Parallèlement, la ministre entend renforcer la lutte contre les fraudes à l'Assurance maladie. "Il faut cesser d'être laxiste avec ceux qui abusent d'un système généreux", affirme-t-elle, en pointant notamment la hausse des arrêts de travail. "Jusqu'à quand l'assurance-maladie palliera-t-elle les défaillances du management au travail ?", interpelle Agnès Buzyn. La Sécurité sociale "multiplie les contrôles en croisant les fichiers informatiques" et en 2016, la fraude détectée sur les cotisations et les prestations "s'est élevée à 1,2?milliards d'euros et le chiffre ne cesse de croître", précise-t-elle.

En 2017, le déficit cumulé du régime général et du Fonds de solidarité vieillesse doit atteindre 5,2 milliards d'euros. La branche maladie resterait déficitaire de 800 millions d'euros.

"Pas prêts" à étendre le tiers payant

La loi Santé votée sous le quinquennat Hollande prévoyait la généralisation obligatoire de la dispense d'avance de frais au 30 novembre, mais Emmanuel Macron avait promis, lors de la campagne présidentielle, de l'étendre en laissant le choix aux médecins de l'appliquer. Interrogée sur l'objectif qu'elle avait posé en août de rendre le tiers payant "généralisable", c'est à dire facultatif, "dans le courant de l'année 2018", Agnès Buzyn répond: "nous tiendrons l'engagement du Président de la République de rendre le tiers payant généralisable", sans confirmer ce calendrier.

Pour les personnes couvertes à 100% par la Sécu, pour lesquelles le tiers payant est déjà obligatoire (bénéfiaires de la CMUC, femmes enceintes et patients atteints d'affection de longue durée", "le tiers payant fonctionne aujourd'hui", affirme-t-elle en faisant référence à un rapport de l'Igas (l'Inspection générale des affaires sociales) devant être publié dans les prochains jours. Mais "nous devons poursuivre nos efforts pour en assurer une application effective partout. Nous ne sommes pas prêt techniquement à l'étendre", dit la ministre.

Les syndicats de médecins libéraux sont depuis le départ opposés à cette mesure emblématique de la réforme de 2016 portée par Marisol Touraine, synonyme selon eux de nouvelles contraintes administratives ou de problèmes de paiement. Pour les patients remboursés à 100%, le tiers payant est déjà largement appliqué par les généralistes. En octobre 2016, il était pratiqué dans près de 74% des cas de patients atteints d'une affection de longue durée et 64,5% des cas pour les femmes enceintes, selon la direction générale de la Santé.

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