L'intellectuel chinois Sima Nan lors d'une interview, le 12 octobre 2017 à Pékin

L'intellectuel chinois Sima Nan lors d'une interview, le 12 octobre 2017 à Pékin

afp.com/WANG ZHAO

"Quand j'étais petit, dans les années 1960-1970, on nous expliquait à l'école qu'être au Parti, c'était être quelqu'un de bien. A l'époque, tu entrais pour défendre le socialisme", raconte à l'AFP Liu Shimin, 53 ans, ex-ouvrier d'une entreprise d'Etat et adhérent depuis 25 ans.

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"Aujourd'hui, le côté idéologique, ça me dépasse un peu: le communisme, c'est quelque chose de tellement vague, personne ne peut dire si cela va se réaliser. Mais je me sens en tout cas toujours au service de la société."

Le Parti communiste chinois a été fondé en 1921 dans la clandestinité par une dizaine de révolutionnaires à Shanghai. Plus grande organisation politique du monde, il compte désormais 89,4 millions de membres, soit 6,5% de la population.

Il réunit depuis mercredi son congrès quinquennal, à l'issue duquel le numéro un Xi Jinping doit obtenir un nouveau mandat de cinq ans.

Arrivé au pouvoir en 1949, le Parti a survécu à sa quasi-destruction lors de la désastreuse décennie de la Révolution culturelle (1976-1976), lancée par le fondateur du régime, Mao Tsé-toung, contre ses propres cadres.

- Sélection à l'entrée -

Pourtant, le PCC conserve un énorme avantage, selon Sima Nan, médiatique intellectuel et commentateur de 61 ans: sa force de cohésion.

"Les Chinois sont 1,4 milliard, ça fait beaucoup. Le mérite du Parti, c'est justement sa capacité de réunir les forces de tout ce monde, de le mobiliser, de faire progresser le pays et de maintenir l'ordre. Sans le PCC, tout cela serait très difficile."

M. Sima dit avoir rejoint le Parti par idéal en 1980. Il voyait alors les premières réformes économiques et l'ouverture du pays comme "un moyen d'arriver plus rapidement au communisme", même si ce dernier est désormais "très lointain".

"Ma famille était très pauvre. Si le Parti communiste n'avait pas été au pouvoir, jamais je n'aurais pu obtenir une bourse et étudier à l'université quand j'étais plus jeune. Je lui dois une reconnaissance éternelle", explique-t-il à l'AFP dans son vaste appartement pékinois, devant un portrait de Mao.

Depuis l'ouverture économique à la fin des années 1970, les Chinois sont entrés en masse au PCC. Mais ne devient pas membre qui veut. Les aspirants doivent postuler ou être recommandés, le plus souvent via la cellule de leur entreprise, ou d'un professeur de leur université.

- 'Comme un diplôme' -

Ensuite, un long parcours commence: cours, dissertations, examens, entretiens, période probatoire... Au final, le Parti ne sélectionnera que les candidats les plus éduqués, jugés fiables politiquement et pouvant lui apporter un plus.

"Au départ, je n'imaginais pas entrer au PCC. Je n'y ai pensé qu'après l'université, quand il a fallu chercher du travail", déclare Xiao Wei, une Pékinoise de 30 ans, qui fait partie des 26% de femmes que compte l'organisation.

"Pour être fonctionnaire ou travailler dans une entreprise d'Etat, c'est presque obligatoire d'être au Parti. C'est comme un diplôme, ça ouvre des portes."

Xiao Wei est employée par le PCC dans un quartier résidentiel. Son travail: relayer les consignes, organiser des campagnes de sensibilisation sur les règles anti-incendie, l'environnement ou la santé, ou encore afficher des slogans politiques.

Les jeunes recrues ne s'en cachent pas: elles adhèrent certes pour participer au développement national, mais aussi par intérêt, ou parce qu'elles sont flattées d'avoir reçu une invitation à le rejoindre -- un signe de reconnaissance de leur appartenance à "l'élite".

"Aujourd'hui, certains rejoignent le Parti pour entrer dans la fonction publique, avoir un meilleur emploi, ou pour gagner en respectabilité", reconnaît Sima Nan, l'intellectuel. "Cela ne fait aucun doute."

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