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Harcèlement : une journaliste raconte pourquoi elle témoigne contre Jean Lassalle

TRIBUNE - Mie Kohiyama, journaliste à l'époque à Tokyo, raconte comment Jean Lassalle avait tenté de l'embrasser en 2007 sans son consentement. Et réagit sur la manière dont il s'est défendu.

Rédaction JDD , Mis à jour le
Le député des Pyrénées-Atlantiques, Jean Lassalle.
Le député des Pyrénées-Atlantiques, Jean Lassalle. © Sipa

Journaliste à l'époque à Tokyo, Mie Kohiyama a raconté sur Mediapart comment Jean Lassalle avait tenté de l'embrasser en 2007 alors qu'elle n'avait rien demandé. Sur le JDD.fr, la journaliste de 45 ans s'exprime dans une tribune sur la manière dont le député des Pyrénées-Atlantiques s'est défendu. Jean Lassalle a nié samedi dans la République des Pyrénées avoir tenté d'embrasser la journaliste : "J’ai pourtant, je crois, une bonne mémoire", a-t-il déclaré. Aucune enquête de justice n’est ouverte pour le moment et Jean Lassalle est présumé innocent comme tout citoyen avant une décision de justice. 

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"Lorsque j'ai vu le #balancetonporc prendre de l'ampleur dans la nuit du 14 au 15 octobre, l'agression commise à mon encontre au Japon par Jean Lassalle en 2007 est immédiatement remontée à ma mémoire. Je me suis revue dans un coin de cet ascenseur d'un hotel d'Osaka quand ce grand escogriffe de près de deux mètres a fondu sur moi tel un vautour pour m'arracher un baiser. Et ce sans jeu de séduction ni verbalisation ou demande préalables. J'ai été totalement sidérée et n'ai pu avoir qu'un mouvement de recul. Il n'a pas insisté. Et comme de nombreuses femmes, j'ai enfoui cet épisode malheureux qui n'est réapparu qu'à la faveur de ce hashtag libérateur. J'ai lu la réponse de M. Lassalle à mon encontre samedi dans la République des Pyrénées. Il se souvient bien de moi au Japon comme d'une "journaliste (...) bienveillante" mais n'a aucun "souvenir" de l'agression. Enfin, il ne portera pas plainte pour diffamation contre moi pas plus que contre les autres femmes qui ont témoigné à son sujet, certaines d'avantage pour des propos et attitudes déplacés. Circulez il n'y a rien à voir.

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Jean Lassalle s'en tire avec l'esquive

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Qu'est ce qui me pousse donc à écrire cette tribune? Poser par écrit ce qui fait sens ou non sens dans cette histoire. Cette agression sexuelle est prescrite comme sont prescrits les viols que j'ai subis enfant en 1977 et au sujet desquels je me bats aux côtés d'associations pour obtenir l'imprescriptibilité des viols sur mineurs et l'introduction de l'amnésie post traumatique dans la loi. Une impunité même moindre faisant écho à une autre gravissime. En outre, face aux témoignages corroborés de plusieurs femmes, Jean Lassalle s'en tire avec l'esquive. Le déni. L'oubli. Et cet état de fait contribue à valoriser le fameux "cela n'était pas si grave" qu'il faut combattre dans notre société si nous souhaitons vraiment un changement de comportement dans les attitudes sexistes. Cette affaire est en outre révélée au moment où certaines voix, relayées par des responsables politiques, appellent les femmes de ce formidable mouvement de libération de la parole à traduire juridiquement leurs accusations en déposant plainte.

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90% des plaintes pour harcèlement sont classées sans suite

Ils savent bien pourtant que plus de 90% des plaintes pour harcèlement sont classées sans suite. Ils connaissent aussi le couperet de la prescription. Quand j'ai décidé de témoigner pour Mediapart, j'étais consciente que mes dénonciations ne trouveraient aucune réponse juridique même si j'avais envisagé la possibilité que ma prise de parole encourage d'autres éventuelles victimes de faits non prescrits à parler. J'ai quand même accepté de m'exprimer publiquement dans un esprit de citoyenneté, par solidarité féminine et par besoin de contribuer à mon échelle au changement des comportements sexistes.

Et ce changement passe par la juste indignation face à tout geste ou attitude déplacés. Cette citation lue dans un quotidien hier illustre bien mon propos: "tout combat si minime soit il est légitime dans la mesure où il permet progressivement de faire prendre conscience que ce qui était normal jusqu'à présent ne l'est plus". Et toute l'essence du formidable déferlement planétaire du #balancetonporc est là. Oui, la main aux fesses de Jean Lassalle sur Julia Castanier était bien une agression sexuelle passible de sanction à l'époque. De même que le baiser qu'il a tenté de m'arracher. Si nous continuons à fermer les yeux sur ces violences de base, c'est la porte ouverte à tolérer bien pire et cela n'est plus possible. A défaut de justice, nous aurons au moins un peu contribué, grâce à l'expression collective et solidaire, à l'esquisse d'un monde nouveau nourri de respect et d'harmonie entre hommes et femmes qui pour le coup reste encore à construire." 

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