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France Télé : 2,6 millions d'euros de conseils qui passent mal

INFO JDD - Un audit interne à France Télévisions s'interroge sur 2,6 millions d'euros versés entre 2008 et 2014 à un cabinet de conseils. 

Guillaume Dasquié , Mis à jour le
Le JDD révèle un nouvel épisode dans le feuilleton des rapports tumultueux entre France Télévisions et ses cabinets de conseil.
Le JDD révèle un nouvel épisode dans le feuilleton des rapports tumultueux entre France Télévisions et ses cabinets de conseil. © Sipa

Les responsables juridiques de France Télévisions viennent de remettre un document sensible à la Cour des comptes. Il s’agit d’une note de neuf pages qui vise les liens historiques entre un cabinet de consultants, IMCA, et l’entreprise publique. Contactée, la direction de France Télévisions ne dément pas cet envoi, mais ne souhaite pas s’exprimer. Selon ce document, les conseils vendus à France Télévisions par cette société remontent à un vieil accord passé le 2 novembre 2006, à une période où la télé publique était dirigée par Patrick de Carolis . L'ancien président de France Télévisions ne souhaite pas s'exprimer.

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Dans la note expédiée cette semaine, l'audit interne s'interroge sur le bien-fondé de 2,6 millions d'euros, versés entre 2008 et fin 2014 à Imca. La majorité de ce volume d'affaires correspond à des conseils en stratégie. Sur les sujets les plus divers, telle une réflexion sur la "dynamisation de l'antenne et de l'habillage" facturée 97.200 euros en décembre 2012, ou une intervention payée 120.000 euros en décembre 2010 sans objet bien identifié.

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Lire aussi : Mis en cause dans un audit de France Télévisions, Pascal Josèphe riposte

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Aucune trace matérielle

À lire le compte rendu des auditeurs, les travaux effectués par cette société n'auraient laissés aucune trace matérielle. Les archives de la direction ne contiendraient pas de rapports ou d'études justifiant les 2,6 millions dépensés. "Les livrables associés aux prestations d'Imca n'ont pas été récupérés", soulignent-ils, avant de se pencher sur le cadre de cette relation. Or, ici aussi leurs recherches s'achèvent dans une impasse juridique. "Nous n'avons pas retrouvé […] d'éléments justifiant d'une mise en consultation du prestataire Imca […] alors qu'au regard des montants enregistrés comptablement, des appels d'offres européens auraient dû être lancés." Une lettre envoyée au président d'Imca est citée, demandant qu'à partir de 2012 ses conseils soient achetés "dans le respect de la réglementation à laquelle France Télévisions est assujettie".

Manifestement à la recherche d'explications, les auteurs se bornent à constater que les missions d'Imca se sont concrétisées le plus souvent par des "entretiens menés avec Pascal Josèphe", fondateur et gérant d'Imca jusqu'en 2014. Il est une grande figure de l'audiovisuel : il fut directeur des programmes de TF1 puis directeur adjoint de France 2 et France 3 dans les années 1990. Catégorique, il a assuré au JDD qu'il "s'agit d'accusations fabriquées" pour lui "nuire".

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Un conflit entre Delphine Ernotte et Pascal Josèphe

Depuis six mois, il est vrai que Pascal Josèphe mène campagne contre l'actuelle présidente, Delphine Ernotte, après avoir échoué d'un souffle face à elle, en 2015, lors de la désignation du nouveau président de la télévision publique. Le 20 avril dernier, il a pris l'initiative d'adresser au Conseil supérieur de l'audiovisuel une analyse très critique de l'action de son ex-rivale. "L'organisation de l'entreprise mise en œuvre depuis deux ans pose problème : sur le papier déjà, au stade du projet, elle portait en elle des germes de dysfonctionnement", écrit-il. Depuis, il ne varie guère. Comme ont pu le constater plusieurs députés qui l'ont reçu, il y a trois semaines, pour parler de l'avenir de France Télévisions.

Pour sa défense, Pascal Josèphe rappelle que les diverses institutions chargées d'éplucher la comptabilité des chaînes publiques n'ont jamais engagé de procédure à son encontre. Effectivement, le nom d'Imca est absent des 224 pages de la Cour des comptes sur l'audiovisuel d'octobre 2016. Même si ce document décrit globalement, "une situation préoccupante", notamment autour des contrats de conseil. Au terme de son examen, la Cour en appelle d'ailleurs à une gestion plus sourcilleuse.

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