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« La science a disparu du monde musulman au cours des siècles »

Pour la physicienne tunisienne Faouzia Charfi, la tradition portée par l’islam a exclu la science depuis le XVe  siècle. Elle dénonce une alliance créationniste avec les évangélistes américains.

Propos recueillis par  (Tunis, correspondant)

Publié le 15 octobre 2017 à 14h00, modifié le 17 octobre 2017 à 16h22

Temps de Lecture 7 min.

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Faouzia Charfi à Paris, le 22 septembre.

Faouzia Charfi est physicienne et professeure à l’université de Tunis. Elle est l’auteure de La Science voilée (Odile Jacob, 2013) et Sacrées questions… Pour un islam d’aujourd’hui (Odile Jacob, 256 p., 22,90 €). Elle s’inquiète de constater que la jeunesse tunisienne est séduite par les « miracles scientifiques du Coran » et de voir la puissance des créationnistes musulmans, qui rejettent la théorie de l’évolution.

Le monde musulman a une tradition scientifique riche. Quels en sont les grands courants ?

Le monde musulman était à l’avant-garde de la science entre les VIIIe-IXe siècles et le XVe siècle. La science arabe a innové, elle a introduit de nouveaux concepts. On pourrait citer Ibn al-Haytham (Alhazen pour les latins) qui jette les bases au début du XIe siècle de la théorie de l’optique. Il formule les lois de la réflexion qu’on étudiera plus tard à l’université comme les lois Descartes. Il s’est aussi intéressé à l’astronomie. Il a écrit un ouvrage extrêmement intéressant : Doutes sur Ptolémée. Ptolémée voyait le monde avec une Terre au centre, la Lune satellite de la Terre, et tout gravitait autour de la Terre. Alhazen pose un certain nombre de questions sur la démarche de Ptolémée sans toutefois remettre en cause le géocentrisme.

On peut aussi s’intéresser à un autre foyer de la science musulmane : l’observatoire de Maragha mis en place en Iran au XIIIe siècle et qui a permis à un certain nombre d’astronomes de proposer une vision du mouvement des planètes beaucoup plus mathématique que dans le système de Ptolémée. A l’époque, les penseurs réfléchissaient de manière très libre sur tous les sujets scientifiques.

On pourrait aussi parler d’Al-Jahiz (776-869), un savant mutazilite – école théologique rationaliste – qui s’était intéressé aux êtres vivants. Il a écrit ce fameux Livre des animaux, un ouvrage magnifique. Al-Jahiz introduit déjà la notion d’évolution des espèces et interroge le rôle que peut jouer l’environnement dans cette évolution. C’est une rupture par rapport à ce qu’on pensait alors. Après lui, il y a eu les membres de l’association Ikhwan al-Safa (les Frères de la pureté) qui présentent au Xe siècle une chronologie d’apparition des êtres vivants. Puis Ibn ­Miskawayh au XIe siècle qui parle, lui aussi, de l’évolution des espèces. Et Ibn Khaldoun au XIVe siècle a un passage magnifique dans les Prolé­gomènes où il parle de l’évolution des espèces. Ibn Khaldoun évoque un homme doué de raison qui vient après le monde simiesque.

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