Si le procureur de la République estime que Jihad est un prénom contraire à la loi, il peut saisir le juge aux affaires familiales. Photo d'illustration.

Si le procureur de la République estime que Jihad est un prénom contraire à la loi, il peut saisir le juge aux affaires familiales. Photo d'illustration.

afp.com/LOIC VENANCE

Il y a choix moins risqués. À Léguevin, en Haute-Garonne, un couple a décidé de donner à son enfant, né le 2 août dernier, le prénom "Jihad". La revue municipale fait état de cette naissance dans son dernier numéro. Le site d'information locale ActuToulouse, qui a repéré cette anecdote, a contacté la mairie de Léguevin, qui annonce avoir effectué un signalement au procureur de la République de Toulouse, ville où la mère de l'enfant a accouché.

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Dans le contexte actuel, fortement marqué par les attentats terroristes fomentés au nom de l'Islam, un tel prénom suscite le malaise au sein de la commune de Léguevin. Quand bien même le terme Jihad correspond, comme le rappelait Le Point en 2015, à la notion "d'effort" ou de "combat", et non pas au concept de "guerre sainte", avec lequel il est souvent confondu.

Saisine du juge aux affaires familiales?

Il s'agit pourtant bien d'un terme connoté malgré lui. L'article 57 du Code civil est précis sur le sujet: le prénom doit être choisi par les parents "dans l'intérêt de l'enfant". Comme le rappelle ActuToulouse, une circulaire publiée le 28 octobre 2011 dessine "certaines limites à la liberté du choix du prénom". "Sous réserve de l'appréciation des juges", les parents "ne peuvent choisir un ou des prénoms" qui auraient "une consonance ridicule, péjorative ou grossière". Cela vaut aussi pour les prénoms "difficiles à porter en raison de leur complexité" ou en "référence à un personnage déconsidéré dans l'histoire". Mais l'administration a déjà permis à des enfants de se prénommer "Jihad", notent Les Inrocks.

Le procureur de la République de Toulouse pourra, s'il estime dans ce cas que l'usage du prénom Jihad est contraire à la loi, saisir le juge aux affaires familiales du tribunal de grande instance "afin d'ordonner la suppression des prénoms contestés sur les registres de l'état civil", explique un avocat interrogé par ActuToulouse.

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