« Soyons optimistes : le patriarcat bande mou »

On a discuté avec « l’autrice » Chloé Delaume du futur de la condition féminine, et de la probable mort à venir du patriarcat.
« Soyons optimistes : le patriarcat bande mou »

La lutte féministe n’a de sens que si les femmes commencent par s’appréhender comme des sœurs plutôt que comme des rivales, nous dit Chloé Delaume. Saluée depuis des années comme une « styliste » de la langue, la romancière a démontré avec Les Sorcières de la République (Seuil, 2016) qu’elle était aussi une narratrice visionnaire. Dans ce livre, elle met en scène le procès d’une dictature féministe qui aurait échoué après trois années de pouvoir… Le genre de pitch qui nous a donné envie de discuter avec elle du futur de la condition féminine. Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans le nouveau numéro d’Usbek & Rica, en kiosque depuis le 21 octobre.

Fin août, la canicule parisienne vient narguer les travailleurs fraîchement rentrés de vacances. Résolument progressiste, toute la rédaction d’Usbek & Rica arbore fièrement le look espadrilles-bermuda-tee-shirt. Pas de quoi offusquer la romancière Chloé Delaume, plus à cheval sur la langue que sur l’étiquette. Consacrée par de nombreux prix littéraires, elle est cataloguée comme une « styliste », façon paresseuse pour la critique de dire qu’elle écrit très bien sans toujours aller voir en amont. À tort. Avec son dernier livre, Les Sorcières de la République, elle nous a offert une dystopie savoureuse et profonde à la fois. Savoureuse car cette histoire dépasse tout ce que les féministes radicales proposent, imaginant qu’un « Parti du Cercle » remporte les élections et donne tous les pouvoirs aux femmes, avant que l’expérience ne tourne court… Et profonde car Chloé Delaume explique l’échec de cette dictature féministe par son manque de « sororité », une notion méconnue ou ignorée, inventée dans les seventies par les féministes américaines pour l’opposer à celle de fraternité, et qu’on pourrait définir grossièrement comme la capacité des femmes à prendre conscience qu’elles partagent la même condition. Tout en se grillant clope sur clope, la romancière – ou plutôt « l’autrice », comme Chloé Delaume souhaite qu’on appelle les écrivaines – nous en dit plus sur cette sororité qui permettra, selon elle, d’achever un patriarcat déjà moribond.

Chloé Delaume dans les locaux d'Usbek & Rica. Crédits : Zoé Ducournau
Chloé Delaume dans les locaux d’Usbek & Rica. Crédits : Zoé Ducournau

 

Usbek & Rica : Votre dernier roman, sorti en 2016, était une œuvre d’anticipation résolument féministe. Depuis, vous êtes passée à autre chose ou la cause des femmes continue-t-elle de guider votre travail ?

Chloé Delaume : Le féminisme et, plus encore, la sororité, ne me quitte jamais. Grâce à une résidence d’écriture, je travaille avec la librairie Violette and Co et le Palais de la Femme, dans le 11e arrondissement de Paris. Deux publics radicalement différents. Et pourtant, intellos intégrées ou précaires démunies, entre ateliers d’écriture et rencontres avec des autrices et des éditrices comme Isabelle Cambourakis, Lydie Salvayre ou Nathalie Kuperman, la sororité s’est révélée active. En dépit de toutes les difficultés habituelles à faire collectif.

Le Palais de la Femme dans les années 1920
Le Palais de la Femme dans les années 1920. Crédits : Wikipédia

Vous parlez de « sororité », vous vous présentez comme « autrice »… Le féminisme est-il avant tout une question de langage, une guerre des mots ?

Qui détient le langage détient le pouvoir et peut donc le retirer à celles qu’il juge non conformes. Je rappelle tout de même qu’aujourd’hui on ne dit pas « madame la ministre » au motif spécieux que c’est la fonction qui prime… Les quatre coautrices du livre L’Académie contre la langue française (Éditions iXe, 2016) rappellent qu’on parle encore de « secrétaire perpétuel », y compris lorsqu’il s’agit d’Hélène Carrère d’Encausse, et qu’à l’Académie, on déplore toujours le décès de « confrères », même cette année quand Simone Veil est morte. Ce qui n’est pas nommé n’existe pas, il nous faut le révéler.

« Vous savez, la langue n’est jamais neutre, et elle se privatise à grande vitesse »

Cela marche déjà pour les phénomènes négatifs : quand on dénonce les viols ou l’inceste, ils refluent. Pas immédiatement, car la visibilité est d’abord impressionnante et entraîne davantage de libération de la parole, mais sur le long terme la prise de parole est bien payante. On doit faire pareil avec des phénomènes positifs : quand on nomme les fonctions féminines, elles imprègnent les esprits. J’en ai marre qu’à un « écrivain » on oppose toujours le terme « romancière » avec condescendance. Je crois qu’on peut imposer le mot « autrice » pour remettre au goût du jour cette merveille de terme oublié. Vous savez, la langue n’est jamais neutre, et elle se privatise à grande vitesse : j’ai des bouffées d’angoisse quand je tape « orange » ou « carrefour » sur Internet… Alors oui, je plaide pour « Liberté, parité, sororité » comme devise. De toute façon, la fraternité n’est plus présente dans notre pays, alors essayons autre chose ! 

Extrait du film « 120 battements par minute »
Extrait du film 120 battements par minute

« Dénoncer, c’est faire avancer », dites-vous. Le succès récent du film 120 battements par minute ne rappelle-t-il pas que la communauté LGBT, pourtant bien moins importante que les femmes, qui constituent un peu plus de la moitié de l’humanité, a su s’organiser et être plus efficace pour mener ses combats ?

Oui, c’est certain. Je crois qu’ils ont su concrétiser leurs luttes, les rendre tangibles. Après, je vais prêcher contre ma paroisse, mais je pense que la pensée de Judith Butler, bien qu’extrêmement stimulante intellectuellement, n’a pas foncièrement fait bouger les rapports de force. En revanche, je crois que le cyberféminisme fait émerger beaucoup de choses. Les mentalités bougent. Des mouvements comme #VieDeMeuf ou #Payetaschneck connaissent un succès très important et portent sur la place de nouveaux débats. La viralité de celui sur le syndrome des « couilles de cristal » (ou manspreading, c’est-à-dire le fait, pour un homme, d’écarter tellement les cuisses que les autres passagers n’ont plus de place sur la banquette pour s’installer, ndlr) est symbolique d’un refus des pratiques anciennes. L’espace public n’a plus à être dominé par les couillidés, en somme.

On peut aussi citer le débat sur la « charge mentale » des femmes qui a enflammé les réseaux sociaux au début de l’été…

Tous ces débats ont des conséquences concrètes. En 2007, sur les forums, je lisais encore des tas de commentaires comme « Ségolène présidente, bravo, comment ça se passera quand elle aura ses règles ?  ». Dix ans après, on a la « taxe tampon » et des études qui montrent que les règles « coûtent » 24 000 euros à une femme sur toute sa vie… Dès lors, les hommes cessent de traiter ce sujet par le mépris. Les signaux faibles montrent que les archétypes et les stéréotypes sont en train de s’affadir. Pour revenir sur la charge mentale, ce débat est moins prégnant chez les couples de trentenaires où les mecs sont moins carriéristes, veulent voir leurs enfants et se battent pour la garde partagée en cas de divorce… En parallèle, j’observe que l’arrivée de femmes journalistes dans de nombreux médias amène aussi à s’intéresser à ces sujets avec de nouveaux angles. Quand Libé, fin juin, fait sa une sur les meurtres de masse conjugaux, ils brisent un tabou. La communauté LGBT avait su le faire dès les années 1980, il nous a fallu plus de temps, mais là je sens qu’on avance. 

Une du journal Libération datant dU 30 juin 2017
Une du journal Libération datant dU 30 juin 2017

Le problème de la lutte féministe, c’est aussi une histoire de ton. Entre la radicalité physique des Femen, la radicalité intellectuelle d’une Judith Butler et le féminisme plus « conciliant » de Marlène Schiappa, la secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, quelle ligne faut-il tenir ?

Il faut refuser de choisir entre ces lignes. Dans mon roman, je raconte l’écroulement d’un pouvoir féminin justement pour cette raison : parce qu’elles n’ont pas fait preuve de sororité, de bienveillance commune. Le féminisme ne peut pas se résumer à remplacer le patriarcat par le matriarcat, au prix d’une compétition entre femmes. Vous parlez des Femen… À mon avis, c’est une construction médiatique, une fiction intéressante en tant que telle, mais pas forcément efficace.

« Le problème, c’est que Marlène Schiappa ne dispose que d’un secrétariat d’Etat »

Quant à Schiappa, tout dépend de ce qu’on juge. La féminité assumée, son réseau Maman travaille, Facebook et Twitter pour faire feu de tout bois, tout ça est sympathique. Le problème, c’est qu’elle ne dispose que d’un secrétariat d’État quand les droits des femmes devraient bénéficier d’un ministère transverse, auquel tous les autres ministères rendraient des comptes sur l’application des lois. Ce serait plus efficace que d’avoir une énième mouture ubuesque de la loi sur l’égalité salariale. On a fait voter plusieurs textes pour passer de « l’égalité » à « l’égalité réelle », mais plus de quarante ans après la première loi sur le sujet (1972), on l’attend toujours l’égalité salariale…

Marlène Schiappa,  secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes
Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Crédits : Wikipédia 

Le secrétariat d’État de Marlène Schiappa vient aussi d’enregistrer une baisse d’un quart de son budget…

Ça en dit long sur la considération du pouvoir pour ces questions. Pour revenir à votre question, bien sûr que je ne suis pas d’accord à 100 % avec tous ces mouvements, mais je suis convaincue qu’on a aujourd’hui besoin d’une trêve. Il faut cesser d’être dans des considérations catégorielles relevant du travail de lobbies : quand je vois tous ces clubs de femmes d’entreprise, j’ai envie de leur dire d’aller plutôt dans une loge de francs-maçons non mixte…

« Nous avons tellement peur d’être écrabouillées par les mecs que nous ne faisons pas alliance entre filles »

La sororité, c’est dépasser nos identités individuelles pour passer à l’échelle collective : même si je ne travaille pas dans un bureau, je veux que la condition des femmes avance aussi dans les bureaux. Et pour ce faire, je dois cesser de considérer une autre femme comme ma rivale, et plutôt l’accueillir d’emblée comme une sœur. C’est ça, le déclic : nous avons tellement peur d’être écrabouillées par les mecs que nous ne faisons pas alliance entre filles. Après, sur la question du ton, il faut impérativement de la bienveillance, faute de quoi on nous cantonnera ad vitam à l’hystérie… Bien sûr, nous sommes différentes, mais nous devons faire des mots de la trans Julia Serano notre mantra : « La seule chose commune aux femmes, c’est d’être perçues comme femme.  » Avec ça, on peut avancer.

Julia Serano lit son livre
Julia Serano lit un extrait de son livre « Outspoken » lors de l’événement « TransAction: Trans Writing as Activism » à San Francisco, le 29 juin 2017. Crédits : Wikipédia 

N’êtes-vous pas un peu trop optimiste ? Le patriarcat n’est-il pas toujours largement triomphant ? 

Le patriarcat bande mou, donc soyons optimistes. Oui, Trump, Erdogan et Poutine sont au pouvoir, mais ils sont les derniers feux d’un modèle dépassé. Dans tous les pays riches, il y a désormais autant de chômeurs hommes que femmes ! C’est à la fois inédit et inexorable : les femmes prennent le dessus économiquement grâce à l’éducation. Et avec l’automation du monde, les drones, etc., la force physique est de moins en moins utile aux hommes, le patriarcat se retrouve ainsi dépossédé de sa justification historique. Pour nombre de mecs qui n’ont que ça, cette déstabilisation est insupportable. Alors on les entend beaucoup, mais je vois aussi, en parallèle, beaucoup d’hommes modernes qui n’ont aucune envie de subir la charge, les pesanteurs et les responsabilités du modèle du père de famille qui fait vivre son foyer. C’est périmé ça.

Que pensez-vous alors d’Hillary Clinton quand elle met en avant sa féminité pour justifier en partie sa défaite face à Trump ?

On a dit que sa défaite prouve que le patriarcat domine, mais ce n’est pas crédible : elle utilise des failles régressives pour expliquer une défaite qui a mille autres raisons, notamment programmatiques. À mes yeux, les politiques sont désexualisés, ils sont des machines avant d’être des humains ; et quand ils l’oublient, ils le paient cher. Et puis regardez Merkel : elle ne cesse de l’emporter, sans nier sa féminité, mais sans la mettre en avant non plus.

 Crédits : Shutterstock
Crédits : Shutterstock

Donc l’ennemi n’est pas vraiment le patriarcat…

Je dirais plutôt que ce sont les textes, les normes. C’est la réglementation qui est patriarcale. La réglementation, et aussi notre manque de sororité : dès qu’une femme prend le pouvoir, elle est « invisiblilisée » et abandonnée par ses sœurs. Regardez la folie médiatique qui a entouré l’arrachage de chemise du DRH d’Air France ! C’était sans comparaison possible avec le peu de bruit qu’avait suscité l’agression d’Édith Cresson qui, quand elle était encore ministre de l’Agriculture, s’était retrouvée en soutien-gorge et avait failli finir dans une fosse à purin ! Internet en garde beaucoup moins de traces, mais elle était quand même ministre !

Et la question des inégalités sociales ? On a aussi l’impression que cette évolution positive que vous dépeignez touche d’abord les couches plus favorisées. La « révolution sororale » en cours oublierait-elle les sœurs les moins fortunées ?

Malheureusement, les inégalités sont aussi souvent des inégalités de genre : les personnes vivant sous le seuil de pauvreté sont à 53 % des femmes, dont une majorité de jeunettes à peine majeures, avec un ou plusieurs enfants à charge. Elles sont dans une posture de réelle dépendance financière qui ne favorise pas l’émancipation, c’est sûr. Mais permettez-moi une hypothèse iconoclaste : avec la quatrième révolution industrielle, nous allons nous retrouver dans une nouvelle jungle qui rebat complètement les cartes égalitaires.

« La révolte peut venir d’en bas, elle gronde, et on pourrait avoir un mouvement de balancier et de rééquilibrage » 

Et finalement, cette exhortation présidentielle à ce que chacun soit « l’entrepreneur de sa vie », autrement dit que tout le monde fasse de l’autofiction à une échelle naturelle, je pense que c’est une opportunité historique pour les femmes. La révolte peut venir d’en bas, elle gronde, et on pourrait avoir un mouvement de balancier et de rééquilibrage. Dans les quartiers populaires, les filles s’en sortent mieux scolairement que les garçons : dans un univers où la connaissance l’emporte sur la force, la dynamique est de notre côté. 

Vous faites preuve d’un irréfragable optimisme. Vous ne craignez pas un retour de bâton aussi brusque que violent, comme dans La Servante écarlate, le roman de Margaret Atwood, brillamment adapté cette année en série, qui raconte la bascule rapide d’une société émancipée en une dictature religieuse où les dernières femmes fertiles se retrouvent confinées dans le rôle de simples procréatrices ?

Extrait de la série adapté du roman de Ma ... La servante Ecarlate
Extrait de La Servante écarlate, la série adaptée du roman du même nom de Margaret Atwood.

C’est une possibilité. Dans cette histoire, les hommes commencent par fermer les comptes bancaires des femmes et leur interdire de travailler… Au fond, le livre d’Atwood nous renvoie à la fameuse phrase de Simone de Beauvoir : « Les droits des femmes ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant ». Ça me paraît peu probable comme scénario pour le futur, mais sur le fond, ça nous rappelle que rien n’est acquis dans nos conquête de femmes : en Espagne, l’avortement a failli être remis en cause récemment, il l’a été en Pologne et aux États-Unis, où les Texanes doivent désormais acquérir une assurance viol si elles veulent pouvoir avorter…

« Tout, absolument tout est à louer, sauf la chatte et le ventre des femmes ! »

Bien sûr que les forces réactionnaires sont là. La pudibonderie autour de la prostitution et de la GPA est, de ce point de vue, éclairante : nous vivons dans une société où tout, absolument tout, est à louer, sauf la chatte et le ventre des femmes ! Comme s’il ne s’agissait pas vraiment de nos corps… 

On a abordé la question sociale, mais qu’en est-il de la question religieuse ? Féminisme et religion sont-ils compatibles ? 

En France, quand on parle de religion aujourd’hui, on focalise tout sur l’islam. Je ne peux pas vous répondre à titre collectif. J’ai grandi dans une banlieue populaire où je voyais des filles se voiler par désir de protection puis se changer dans le bus par désir de liberté. Est-ce que c’est réactionnaire ou féministe ? Je me garde de juger, je ne veux pas parler à leur place. Après, à titre individuel, j’ai fait mon apostasie pour des raisons politiques. En France, il y a 44 millions de catholiques dont 8 % seulement de pratiquants réguliers. Alors, quand les cardinaux ont élu Benoît XVI, j’ai entrepris cette démarche car je refusais d’être comptabilisée comme une personne me reconnaissant dans cette parole. Si tous ceux qui ne croient pas vraiment se débaptisaient, on ferait sans doute plus vite avancer la cause. Mais je laisse chacun avec sa conscience. 

Le clitoris en 3D, idée d'Odille Fillod, qui tient le blog : Allodoxia
Le clitoris en 3D, conçu par Odile Fillod, qui tient le blog Allodoxia / cc Marie Docher

La technologie, souvent dépeinte comme un univers froid et masculin, peut-elle être mise au service de la lutte pour la sororité ?

Bien sûr. Outre que les cyberféministes sont de plus en plus nombreuses, la technologie pourrait amener une forme de protection, par exemple en fournissant des infos sur l’environnement urbain. Bien sûr, le risque de la surveillance généralisée rôde, mais cela ne doit pas éluder ce débat. Grâce à la technologie, des milliers de femmes se forment à l’autodéfense via des tutos, et la dénonciation des agressions explose. On invente des solutions tous les jours en se servant des armes numériques. Regardez le nombre de femmes, et aussi de jeunes filles, qui se permettent désormais de voyager seules… D’une certaine manière, c’est lié à une libération, une émulation ou une émancipation. Par ailleurs, des inventions, comme le fait de voir le clitoris en 3D, sont positives : ça ne peut pas faire de mal de montrer ce qui se passe vraiment de ce côté-là ! 

Puisque vous évoquez le clitoris, terminons par l’une des dernières frontières entre hommes et femmes, l’utérus. Usbek & Rica relance périodiquement ce débat : faut-il être pour ou contre la mise au point d’utérus artificiels ?

Pour, évidemment ! Avec l’utérus artificiel, on arrive à des dépassements identitaires, notamment en mettant à mort le « phallogocentrisme » décrit par Jacques Derrida (terme inventé par le philosophe pour qualifier la place centrale accordée au phallus dans la psychanalyse, ndlr). Malgré toutes les luttes dont nous avons parlé, nous continuons aujourd’hui à être perçues comme des réceptacles, contrairement aux hommes. Plus encore que la question des neuf mois de gestation, l’utérus artificiel changerait complètement nos perspectives et achèverait la débandade du patriarcat.

Illustration à la Une – Crédits : Zoé Ducournau

 

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