Jean-Louis Etienne : pourquoi il faut marcher à chaque fois qu'on le peut

L'explorateur Jean-Louis Etienne en a parcouru, des kilomètres ! Pour ce médecin, c'est le secret de sa forme. Il nous donne ses conseils pour l'imiter.

L’explorateur Jean-Louis Etienne, également médecin, vante les multiples bienfaits de la marche dans un ouvrage qui vient de paraître.
L’explorateur Jean-Louis Etienne, également médecin, vante les multiples bienfaits de la marche dans un ouvrage qui vient de paraître. LP/OLIVIER ARANDEL

    Toute ma vie, j'ai marché! » résume l'explorateur Jean-Louis Etienne, 70 ans. Dans le Tarn, où il a fait ses premiers pas, à Paris, où il réside, et bien sûr lors de ses multiples expéditions dans l'Himalaya, en Patagonie, en Antarctique ou au pôle Nord, qu'il fut le premier à conquérir en solitaire. Ce chantre de la marche, médecin de profession, n'en voit que des bienfaits, recensés dans son livre « Dans mes pas » (éditions Paulsen, 19,90 €), fraîchement sorti. Voici les bons conseils du docteur Etienne en ce début de vacances de la Toussaint propices aux escapades.

    La balade comme un réflexe

    Il n'y a pas que la randonnée dans les Alpes qui fait brûler des calories. « Il faut saisir toutes les opportunités de marche dans sa vie quotidienne », résume l'aventurier. « On descend deux stations de métro plus tôt que d'habitude pour se rendre au travail ou on privilégie les escaliers à l'ascenseur. C'est un jeu qu'on doit s'imposer à soi-même », répète-t-il. Une mini-grimpette improvisée fait ainsi « marcher » notre rythme cardio-respiratoire, qui s'accélère pour couvrir les besoins en oxygène et en nutriments des muscles à l'effort. « La ventilation pulmonaire va faciliter la toilette des bronches », décrypte ce spécialiste de nutrition et de biologie. Il n'est jamais trop tard pour se lancer. Lui fut précoce. « J'ai commencé très tôt par des fugues, j'ai découvert la liberté en marchant... »

    La régularité, c'est ce qui compte

    Rien ne sert de crapahuter dix heures non-stop tous les 36 du mois, mieux vaut opter pour un petit tour une fois par jour. La marche s'accommode parfaitement avec la régularité pour se métamorphoser en rituel. « Cela balise l'existence », philosophe-t-il. Votre organisme a tout à y gagner. « Sans le savoir, on met en oeuvre une multitude de fonctions neurologiques et musculaires, on entretient l'ensemble de notre corps », souligne-t-il. Alors que, dans notre « société de culs-de-plomb », la sédentarité fait le lit du vieillissement précoce, poser un pied devant l'autre est la solution la plus simple pour garder la pêche. « Regardez-moi, ça marche ! » s'amuse le jeune septuagénaire en forme olympique.

    À chacun son rythme

    La marche n'est pas une course. Certains bipèdes ont le pas pressé, d'autres prennent leur temps. Il n'y a aucune cadence à s'imposer. « Marcher est un acte qui se met en route quand on le désire. Je n'y vois aucune contrainte. Il n'y a pas de précautions particulières à prendre sauf de ralentir quand vous vous essoufflez. Et le seul investissement, c'est la volonté », dit-il. Ce mouvement-là a le mérite d'être épargné par les blessures d'envergure, « sauf à glisser et tomber ». « L'avantage, c'est qu'il n'y a pas de choc mécanique au niveau du système articulaire », décrit-il.

    S'aérer l'esprit

    C'est une évasion à expérimenter. Quand vous saturez devant votre ordinateur, prenez donc l'air durant dix minutes, enchaînez les pas et revenez à votre bureau. Soudain, tout s'éclaire. Car, voilà, c'est magique, la marche aiguise la réflexion. « Elle remet en ordre les idées, fait sortir du périmètre de ses pensées », vante-t-il. Pour davantage de bénéfices encore, les séances peuvent jouer les prolongations en famille. « Il faut faire de ces petites randonnées de deux heures de véritables expéditions où l'on va prendre les jumelles pour observer par exemple les oiseaux. La marche est aussi un outil d'exploration », s'enthousiasme le « piéton des pôles ».

    A.R.