Réfugié syrien et diplômé de la Sorbonne

Ce jeune Syrien débarquait en septembre 2015 à Cergy-Pontoise avec son petit frère. Deux ans plus tard, il poursuit ses études d’économie et rêve d’un avenir serein à Paris.

 Omran, réfugié syrien, vient d’être diplômé en octobre d’un master d’économie du développement à Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Omran, réfugié syrien, vient d’être diplômé en octobre d’un master d’économie du développement à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. DR

    Un pneumatique noir troué d'à peine neuf mètres de long. Dedans, plus de 45 personnes. Omran Qassar montre sur son téléphone l'embarcation bondée dans laquelle lui et son petit frère ont rallié la Grèce depuis la Turquie il y a deux ans.

    Le Syrien, aujourd'hui âgé de 25 ans, veut chasser ces pénibles souvenirs, et en créer de nouveaux, plus joyeux, à Paris. Et il semblerait que le 7 octobre dernier ressemble à l'un de ceux-là. Le fringant Omran Qassar se voyait remettre son Master 1 d'économie du développement par l'Université Paris 1. Sans rechigner à la tradition du lancer de toque.

    « Nous nous sommes dits "Ça y est, nous l'avons fait. Nous avons obtenu notre premier diplôme français" », jubile-t-il, attablé à la terrasse d'un café où il aime potasser ses cours lorsqu'il n'est pas en face, à la Maison des sciences économiques de Campo-Formio (XIIIe arrondissement). Nour Shekhany, 24 ans, lui aussi récompensé, plussoie. Les deux hommes, originaires de Damas, se sont rencontrés en septembre 2015 sur l'île de loisirs de Cergy-Pontoise (Val-d'Oise). Ils faisaient alors partie des 1 000 « exilés munichois » accueillis en urgence par François Hollande, et pour qui la procédure d'obtention du statut de réfugié politique prit moins de trois semaines.

    Soudés par un passé commun, par la rudesse des démarches administratives, mais aussi par « la pression de ne pas décevoir leurs familles », Omran et Nour vivent dans une résidence universitaire du nord de la capitale. Une fois le loyer réglé, il reste à chacun un peu moins de 500 €. Chaque week-end sonne l'heure du retour à Cergy pour voir le petit frère, réceptionniste dans un hôtel de la ville. « C'est le moment du match de football, raconte dans un grand sourire Nour. Contre des Français en général, c'est sympa ».

    Attablé dans un café du XIIIe avec un ami lui aussi originaire de Damas, Nour

    A part cela, ils admettent ne pas voir grand monde. « C'est difficile. Il y a la langue, reprend Omran, dans un français impeccable. Et puis je peux comprendre que certains soient méfiants et aient du mal à communiquer avec nous. Notamment après les attaques ici et en Europe ». Ces sujets, les deux préfèrent les éluder, même entre eux. « On ne veut pas parler de politique, mais surmonter les stéréotypes. On veut étudier, s'amuser mais pas voler l'argent des autres ».

    Bref, plus question pour Omran de rejoindre la Grande-Bretagne, comme il y songeait à son arrivée en Ile-de-France. « Je commence à être vraiment très attaché à Paris. C'est ici que je veux trouver un stage, du travail et faire ma vie ». Une fois le M2 d'économie du développement durable en poche, il sera question, pour les deux, de décrocher la nationalité française. Et d'étoffer leur nouvelle boîte à souvenirs. Celle à laquelle les deux amis aiment penser posés au parc des Buttes-Chaumont, leur coin préféré de Paris.