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En Turquie, six journalistes en procès pour avoir révélé les mails du gendre du président Erdogan

Ces reporters, dont trois sont détenus depuis dix mois, sont accusés d’appartenance à une ou plusieurs organisations terroristes.

Par  (Istanbul, correspondante)

Publié le 24 octobre 2017 à 06h43, modifié le 24 octobre 2017 à 12h26

Temps de Lecture 2 min.

Six journalistes, dont trois sont détenus depuis dix mois, comparaîtront, mardi 24 octobre, au palais de justice de Caglayan à Istanbul, en Turquie. Travaillant pour différents médias d’opposition, Tunca Ögreten, Mahir Kanaat, Ömer Çelik, Derya Okatan, Metin Yoksu and Eray Sargin sont, comme il se doit dans la plupart des procès de l’après-putsch, accusés d’appartenance à une ou plusieurs organisations terroristes par l’intermédiaire desquelles ils auraient cherché « à renverser l’Etat turc ».

Arrêté dans le cadre de la même enquête, le correspondant du quotidien allemand Die Welt, le binational turco-allemand Deniz Yucel, a vu son cas disjoint de celui de ses collègues. Il sera jugé dans le cadre d’une autre procédure.

Très actifs sur les réseaux sociaux, les journalistes turcs encore en liberté ont créé le hashtag « Faire du reportage n’est pas un crime » en soutien aux six prévenus et, plus largement, pour se solidariser des quelques 170 journalistes emprisonnés aujourd’hui en Turquie.

« Liens avec Daech »

Plus précisément, il est reproché aux six inculpés d’avoir publié les courriels extraits du compte piraté de Berat Albayrak, ministre de l’énergie dans l’actuel gouvernement et gendre du président Recep Tayyip Erdogan.

L’acte d’accusation leur reproche de « s’être cachés derrière RedHack, un groupe de hackers qui auraient soi-disant piraté le compte mail de Berat Albayrak » afin de « salir le ministre et de manipuler le travail du ministère en insinuant qu’il avait des liens avec Daech [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique] ».

Non seulement les journalistes ont publié les mails de M. Albayrak, « l’équivalent de 20 gigabytes », mais ils les ont partagés avec des collègues, ce qui achève d’en faire des criminels aux yeux du pouvoir turc.

Selon l’acte d’accusation, un témoin « secret » a confirmé à un procureur que le groupe cherchait à « discréditer le président de la République et son gouvernement en les liant au groupe terroriste Daech ». Le parquet considère que c’est le DHKP-C, un groupe terroriste armé, qui a transmis les mails au journaliste Tunca Ögreten.

En réalité, la correspondance du ministre Albayrak – 57 934 mails au total échelonnés sur une période allant de 2000 à 2016 – a été publiée par le site WikiLeaks le 5 décembre 2016. Auparavant, elle avait été révélée à plus petite échelle par RedHack.

Proximité avec une compagnie pétrolière

Si les courriels sont authentiques, ce que les autorités turques nient, ils attestent de la proximité du ministre de l’énergie avec la compagnie d’import-export de pétrole Powertrans, qui détient le monopole du commerce de pétrole venu de la région autonome kurde d’Irak du Nord.

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En 2014 et 2015, des médias turcs assuraient que le pétrole proposé à la vente par Powertrans ne venait pas uniquement d’Irak du Nord mais aussi des gisements tombés sous la coupe de l’EI en Syrie. Assertion impossible à vérifier dans la mesure où le pétrole, après avoir été mélangé, voit son origine plus difficile à tracer.

Pour le reste, les courriels piratés montrent le souci du gendre du président de contrôler les médias et les réseaux sociaux, notamment après les protestations de masse du parc Gezi d’Istanbul au printemps 2013.

Y figure, entre autres, un enregistrement d’Aydin Dogan, le magnat des médias d’opposition, recommandant à ses journalistes de ne pas trop critiquer le gouvernement AKP (Parti de la justice et du développement, islamo-conservateur), et leur conseillant, s’ils avaient formulé une critique un jour, de changer de sujet le lendemain. Une recommandation que les six journalistes qui comparaîtront mardi matin n’ont apparemment pas suivie.

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