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Tribune

La reprise sera verte, ou ne sera pas

L’environnement ne sera pas le seul "bénéficiaire" de la transition écologique. De nombreuses études prévoient la création d’emplois dans les secteurs d’avenir. Les investissements massifs dans l’éolien, le solaire ou les compteurs électriques Linky pourraient permettre de créer des milliers de postes dans des secteurs d’avenir.

Par Sandrine Legrand (professeur de sciences économiques et sociales)

Publié le 13 oct. 2017 à 16:13

Vous avez dit "fin du travail" ? Pas si vite ! S’il est vrai que certains métiers disparaissent, de multiples opportunités se créent tous les jours dans les secteurs d’avenir. Pour preuve, le rapport "Un million d’emplois pour le climat", publié cette année par treize syndicats et associations sociales et environnementales, dont Attac France, la Confédération paysanne et le Réseau action climat.

Selon le rapport, la transition écologique permettra d’engendrer pas moins d’un million d’emplois en France, un chiffre obtenu par l’addition des nouveaux métiers nécessaires pour la préservation du climat et la soustraction des emplois détruits par la sortie des énergies fossiles, de l’agriculture industrielle, etc.

La transition énergétique pourrait ainsi favoriser l’apparition de 650 000 postes de travail dans le secteur privé et quelque 100 000 dans le public. Les auteurs du rapport tablent également sur la création de 250 000 emplois aidés "transition écologique", qui permettraient notamment de lutter contre la précarité.

De son côté, le Conseil économique social et environnemental (CESE) considère que la transition écologique sera une opportunité réelle pour l’emploi, à condition bien sûr qu’elle soit engagée "avec constance, détermination et cohérence".

Le CESE s’appuie en particulier sur les chiffres de l’Insee, qui estime à 5 100 000 le nombre de personnes actuellement employées dans l’économie verte, soit 19 % de la population active recensée.

Le CLER – Réseau pour la transition écologique – affirme quant à lui qu’un investissement d’un million d’euros permet de créer 19 postes dans l’efficacité énergétique ou 14 emplois dans les renouvelables, contre seulement 5 dans le charbon ou le nucléaire.

De nombreux secteurs concernés

Et ce n’est pas tout. Entre 300 000 et 400 000 nouveaux jobs seront créés par la politique de l’Union européenne relative aux énergies renouvelables d’ici à 2020. Des emplois qui viendront s’ajouter au 1,2 million de personnes travaillant déjà dans le secteur des énergies renouvelables en Europe.

Plus optimistes les unes que les autres, les estimations se succèdent depuis quelques années. Le CLER évoque notamment l’étude conjointe de l’ADEME et de l’OFCE, qui conclut à la création de 330 000 emplois d’ici à 2030 et 825 000 à l’horizon 2050. Une autre étude, celle du CIRED, indique que "la mise en œuvre du scénario négaWatt aboutit à un effet positif sur l’emploi, de l’ordre de 240 000 postes de travail d’ici à 2020 et 630 000 d’ici à 2030".

Proposé par l’association négaWatt, le scénario qui porte son nom détaille une trajectoire permettant de se passer à terme de l’énergie nucléaire et de diviser par 15 le recours aux énergies fossiles.

Or, d’après le plus récent "Rapport mondial sur l’industrie nucléaire", les énergies renouvelables ont produit depuis 1997 quatre fois plus de kilowatts-heures d’électricité que l’atome. En 2016, le taux de croissance de la production mondiale était de 30 % pour l’énergie solaire et de 16 % pour l’éolien, contre une modeste croissance de 1,4 % pour l’énergie nucléaire.

Outre les énergies renouvelables, le bâtiment, les transports en commun et le fret ferroviaire et fluvial permettront de créer des emplois. Selon le CLER, la rénovation de qualité de 600 000 logements par an pourrait en faire émerger 225 000, pérennes et qualifiés. Pour le CIRED, 160 000 emplois pourraient être générés d’ici à 2030 grâce au développement des transports en commun.

"Une arme de création massive d’emplois"

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Et ce n’est toujours pas fini. Le développement des smart grids, ces "réseaux intelligents" qui favorisent la circulation d’information entre fournisseurs et consommateurs afin d’ajuster le flux d’électricité en temps réel, est tout aussi prometteur. "Ce nouveau secteur constitue un potentiel compris entre 50 000 et 100 000 emplois et l’émergence de nouveaux métiers à forte valeur ajoutée comme les energy managers", souligne le CLER.

Pour se faire une idée du potentiel des smart grids, il suffit de regarder ce qui se passe depuis quelques années avec Linky, le compteur communicant lancé par Enedis (anciennement ERDF) en 2015. Il est en effet considéré comme la première brique dans la construction de ces nouveaux réseaux.

En seulement deux ans, Linky s’est avéré être "une arme de création massive d’emplois". Afin d’équiper 35 millions de foyers français d’ici à 2021, Enedis doit faire appel à des entreprises pour la pose des compteurs. Les premiers marchés ont été attribués dès juin 2015, avec 16 entreprises réparties dans toute la France, dont bon nombre de PME. Au total, quelque 10 000 postes de travail devraient être créés.

Pas plus tard que lundi 4 septembre, Enedis et Solutions 30 ont lancé la "Linky académie" à Valence. L’initiative devra permettre de recruter une soixantaine de poseurs en CDI de chantier pour changer près de 500 000 compteurs électriques de la Drôme et de l’Ardèche avant la fin de l’année 2021.

En résumé, la conversion de notre économie à l’écologie et la protection de l’environnement n’est pas un frein, mais bien un accélérateur de croissance. Nous nous apprêtons en réalité à voir surgir de nouveaux métiers qui transformeront la vie de ceux qui les occuperont, mais aussi celle de la société en général.

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