POLITIQUE - Ce devait être le "bureau politique de la clarification." Les responsables des Républicains se réunissaient mardi 24 octobre pour trancher la situation du chef du gouvernement Édouard Philippe, de ses ministres Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu ainsi que des députés "constructifs" Thierry Solère et Franck Riester.
Après plusieurs heures de discussions mouvementées, les membres du parti présents au 238 Rue de Vaugirard se sont mis d'accord à la majorité relative pour exclure quatre responsables pro-Macron et ont "pris acte du départ" du premier ministre qui ne s'est pas rendu devant la commission chargée de l'auditionner.
Une décision qui devait mettre fin a une longue période d'incertitude et d'embarras, depuis l'élection du président de la République. Seulement, faute de votants suffisants, Les Républicains devront se réunir à nouveau pour entériner définitivement la décision du bureau politique le 31 octobre 2017.
Il manquait une dizaine de responsables
Seule une cinquantaine de membres de la plus haute instance des Républicains étaient réunis au siège du parti, alors que le quorum est fixé à 63, soit la moitié du nombre total du BP. "Une très large majorité a voté pour leur exclusion, seuls cinq ou six s'y opposant", a indiqué Bernard Accoyer, le secrétaire général de LR. Mais "devant le juridisme et les menaces procédurières des concernés, et en l'absence de quorum, il y aura une validation de leur exclusion" mardi prochain, a-t-il ajouté.
Exit ceux qui avaient accepté de s'expliquer devant la commission ad hoc: Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics, et Sébastien Lecornu, secrétaire d'Etat à l'Ecologie, ainsi que les deux députés "Constructifs", Franck Riester et Thierry Solère.
Même si le résultat est le même, le traitement est différent pour le Premier ministre, qui n'a pas souhaité s'exprimer devant la commission. "Le BP a pris acte du départ d'Edouard Philippe" de LR. "En tant que chef du gouvernement, Edouard Philippe est le chef de la majorité", justifie Bernard Accoyer, et ne peut donc rester membre du "premier parti de l'opposition".
"Il n'est pas parti. N'importe quoi! Certains prennent leurs désirs pour des réalités", a immédiatement réagi auprès de l'AFP l'entourage d'Édouard Philippe.
"Le feuilleton a assez duré"
LR reproche aux pro-Macron "leur ralliement individuel à la majorité présidentielle", à certains d'entre eux, d'avoir "soutenu des candidats contre les candidats" LR aux législatives, ou, à l'instar de Gérald Darmanin, de s'être présenté sur des listes La République en Marche aux sénatoriales.
Autre reproche: avoir annoncé "la création imminente d'un nouveau parti politique, après avoir créé un groupe dissident à l'Assemblée nationale". Allusion à Franck Riester, président du groupe "Constructifs" à l'Assemblée, qui avait annoncé lundi 23 "la création, à court terme, d'un nouveau parti de droite, libéral, social, européen, réformiste et humaniste".
Lors du BP, plusieurs personnalités se sont montrées virulentes. "Ceux qui nourrissent le FN, ce sont ceux qui entretiennent la confusion entre la droite et la gauche. Regardez ce qui s'est passé en Allemagne", a affirmé Bernard Accoyer, selon des participants. "Ca suffit maintenant, il faut clarifier et donc les exclure. Mon sentiment est qu'en réalité, ça les amuse beaucoup d'instrumentaliser tout ça!", s'est exclamé Jean Leonetti.
Pour Laurent Wauquiez aussi, "le feuilleton a assez duré. Il faut que la droite soit de nouveau audible, on ne peut pas parler que des 'Constructifs', les LR c'est autre chose", a ajouté le favori pour la présidence des Républicains.
Quid de Sens Commun?
Plusieurs ténors du parti ont séché le BP, Alain Juppé, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, François Baroin, Jean-Pierre Raffarin ou Dominique Bussereau. Ces deux derniers ont pourtant manifesté leur soutien aux exclus. "L' UMP - droite, centre, gaullistes, libéraux - s'éteint ce soir dans la dérive de l'exclusion", a tweeté Dominique Bussereau. "Que ceux qui souhaitent gouverner la Ve République n'oublient pas ce qui la fonde: le rassemblement", a également réagi Jean-Pierre Raffarin.
Le bureau politique a par ailleurs abordé la question de Sens commun, l'émanation politique de la Manif pour tous, dont le président, Christophe Billan, a créé une polémique en évoquant notamment un rapprochement avec Marion Maréchal-Le Pen.
Daniel Fasquelle, candidat à la présidence de LR, a réclamé que son parti rompe avec le mouvement conservateur, et Maël de Calan, également, a carrément démandé l'exclusion de son président. "Le BP a condamné les déclarations de Christophe Billan et m'a chargé de rencontrer les responsables de Sens commun", a indiqué Bernard Accoyer.
Prochain épisode du feuilleton: mardi 31 octobre.