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Plus d’un Canadien sur cinq est né à l’étranger

Negar Fakhraee, une jeune iranienne, prête serment lors de sa cérémonie de citoyenneté canadienne en 2009.

Negar Fakhraee, une jeune Iranienne, prête serment lors de sa cérémonie de citoyenneté canadienne en 2009.

Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck

Radio-Canada

Les questions d'immigration ont fait les manchettes au cours des derniers mois. Les données du recensement 2016, publiées aujourd'hui, offrent un portrait de l'évolution réelle de la population immigrante canadienne, qui représente dorénavant 21,9 % de la population totale, soit plus d'un Canadien sur cinq.

Un texte de Marie-Claude Frenette

Cette proportion s’approche de celle de 22,3 % enregistrée lors du recensement de 1921, soit le niveau le plus élevé depuis la Confédération. Lors du plus récent recensement en 2011, les immigrants constituaient 20,6 % de la population canadienne.

 

« Cette hausse s’explique par le nombre important d’immigrants admis chaque année au Canada, par une hausse progressive du nombre de décès et par des niveaux de fécondité relativement très bas au Canada », précise le rapport de Statistique Canada.

Au total, le recensement de 2016 a dénombré 7 540 830 personnes nées à l’étranger. En 2011, 6 775 765 immigrants avaient été recensés.

  • Immigrant. Personne qui est ou qui a déjà été un immigrant reçu/résident permanent. Il s'agit d'une personne à qui les autorités de l'immigration ont accordé le droit de résider au Canada en permanence (au plus tard le 10 mai 2016). Cette catégorie comprend les réfugiés, les immigrants économiques, les immigrants parrainés par la famille et les autres immigrants.
  • Non-immigrant. Personne qui est un citoyen canadien de naissance.
  • Résident non permanent. Personne originaire d'un autre pays qui est titulaire d'un permis de travail ou d'un permis d'études, ou qui revendique le statut de réfugié (demandeur d’asile), ainsi que tout membre de sa famille né à l'extérieur du Canada vivant avec elle au Canada.

Dans la plupart des autres pays en développement, les taux d'immigration sont beaucoup plus faibles. Le seul pays qui ressemble au Canada en matière d'immigrants, c'est l'Australie.

Une citation de Rachad Antonius, professeur en sociologie à l'UQAM et membre du Centre de recherche en immigration, ethnicité et citoyenneté

Il rappelle que cela s’explique notamment par le fait que le Canada et l’Australie sont deux pays récemment colonisés. « Ce sont des pays qui ont des territoires énormes qui ne sont pas encore urbanisés et habités partout, et donc qui cherchent à augmenter leur poids démographique relatif », précise le professeur Rachad Antonius.

M. Antonius indique que pour les pays d’Europe, par exemple, l’immigration revêt une tout autre importance.

« Pour eux, l'immigration n'a jamais été une sorte de choix politique. Les pays européens ne disent pas : ''Nous sommes un pays d'immigration''. Ils disent : ''Nous sommes un pays établi et nous acceptons des immigrants pour des questions de droits de l'homme ou par besoin de travailleurs.'' »

À titre de comparaison, la proportion d’immigrants du Canada est la plus élevée parmi celles des pays du G8.

Statistique Canada projette que la proportion de la population canadienne née à l’étranger pourrait atteindre de 24,5 % à 30 % en 2036.

Un flot de nouveaux immigrants stable

Bien que la proportion d’immigrants au Canada soit importante, il semble que la politique d’accueil des immigrants du pays demeure stable en ce qui a trait au nombre de nouveaux arrivants accueillis chaque année.

Entre 2011 et 2016, le Canada a accueilli 1 212 075 nouveaux immigrants, comparativement à 1 162 915 entre 2006 et 2011, une différence de moins de 50 000 personnes.

M. Antonius estime qu’il existe d’ailleurs souvent un monde de différences entre les perceptions et la réalité par rapport à l’accueil de nouveaux immigrants et de réfugiés.

Avec la montée de la droite, l’arrivée de Donald Trump aux États-Unis, beaucoup de gens se sont mis à parler de cette perception que nous sommes envahis, mais pour savoir cela, il faut compter combien de personnes arrivent au pays.

Rachad Antonius, professeur en sociologie à l'UQAM et membre du Centre de recherche en immigration, ethnicité et citoyenneté

En ce qui concerne les réfugiés, ils représentaient 10 % des étrangers ayant immigré au Canada entre 2011 et 2016.

La part des réfugiés accueillis entre le 1er janvier et le 10 mai 2016 était toutefois plus élevée, soit 24,1 %. Tel qu’on pouvait s’y attendre, cette augmentation a été causée par « les nombreux réfugiés syriens reçus durant cette période ».

« C’est important d’analyser et revoir les données pour pouvoir réfléchir aux questions d'immigration de façon sereine », met de l’avant M. Antonius.

Le recensement 2016 apporte aussi une nouvelle notion, celle d’« immigrants économiques », c’est-à-dire « les immigrants sélectionnés pour leur capacité à répondre aux besoins en matière de main-d’œuvre, à gérer ou mettre sur pied une entreprise ».

Plus simplement, ce nouveau barème permet d’avoir une meilleure idée de la contribution des nouveaux arrivants. Quelque 60 % des immigrants admis au Canada entre 2011 et 2016 l’ont été en vertu de ce volet économique.

Toujours attirés par les grands centres

Toronto, Vancouver et Montréal demeurent les lieux de résidence de plus de la moitié des immigrants arrivés au Canada entre 2011 et 2016. Plus précisément, 61,4 % du nombre total d’immigrants y résident.

Statistique Canada souligne que les immigrants choisissent souvent de s’établir dans une région où habite déjà une communauté issue de leur pays d’origine.

Quand on arrive dans un pays où on ne connaît personne, il est normal de vouloir s’installer près de gens qui parlent notre langue ou qui ont les mêmes origines que nous. De plus, les services sociaux sont toujours plus accessibles en ville.

Rachad Antonius, professeur en sociologie à l'UQAM et membre du Centre de recherche en immigration, ethnicité et citoyenneté

Ce dernier fait aussi valoir que les cinq premières années après l’immigration sont les plus difficiles pour les nouveaux arrivants. Ces derniers décident parfois de déménager, selon le succès de leur intégration dans leur premier lieu d’accueil.

« Il y a un immigrant sur quatre qui change de province ou qui repart », rapporte M. Antonius.

Les données de la dernière Enquête sur les ménages canadiens démontrent tout de même que de plus en plus d’immigrants s’établissent dans les provinces des Prairies et de l’Atlantique.

Par exemple, le pourcentage de nouveaux immigrants résidant en Alberta est passé de 6,9 % en 2001 à 17,1 % en 2016 et ce pourcentage est passé de 1,8 % à 5,2 % au Manitoba pour la même période.

Des Philippins, des Indiens et des Chinois

Les Asiatiques continuent de chérir le Canada comme terre d’accueil. Leur continent demeure la source d'une nouvelle immigration au pays. En 2016, 61,8 % des nouveaux immigrants étaient nés en Asie.

En 2016, 7 des 10 principaux pays de naissance des immigrants récents étaient des pays asiatiques, soit les Philippines, l’Inde, la Chine, l’Iran, le Pakistan, la Syrie et la Corée du Sud.

Les Africains sont pour la première fois plus nombreux que les Européens à avoir immigré au Canada durant la période la plus récente de recensement. En tout, 13,4 % des immigrants arrivés entre 2011 et 2016 provenaient de l’Afrique. Par comparaison, ce pourcentage se chiffrait à 3,2 % en 1971.

Le Nigeria, l’Algérie, l’Égypte, le Maroc et le Cameroun étaient les cinq pays de naissance des immigrants les plus récents.

Une plus grande proportion d’immigrants francophones

Lors du recensement de 2016, 78,5 % des immigrants nés à l’étranger ont déclaré avoir une langue autre que le français ou l’anglais comme langue maternelle.

De 2001 à 2010, cette proportion était la même, mais Statistique Canada fait remarquer que la composition linguistique de l’immigration s’est modifiée de manière notable au cours du dernier siècle. Le pourcentage des immigrants ayant le français ou l’anglais comme langue maternelle s'établissait à 71,2 % en 1921.

D’un autre côté, les défenseurs de la langue française seront probablement intéressés d’apprendre que la proportion des nouveaux immigrants francophones augmente au Canada ainsi qu’au Québec.

Au Canada, cette proportion a fluctué de 4,8 % (de 2001 à 2010) à 5,9 % (de 2011 à 2016).

Pour le Québec, le pourcentage est passé de 22,9 % à 26,6 % pour la même période. Dans le reste du pays, on observe une légère hausse, soit de 1,3 % à 1,4 %.

La proportion d’immigrants ayant le français comme langue maternelle était de 23,2 % pour ceux arrivés au Québec entre 2006 et 2010.

Au Québec, l’augmentation de la proportion des immigrants qui parlent français dans les dernières années s’explique par l’augmentation du nombre d’immigrants de la France et d’Haïti, notamment.

Jean-Pierre Corbeil, directeur adjoint à la division de la statistique sociale et autochtone

Il reste que bien qu’une proportion importante de la population totale d’immigrants n’a ni le français ni l’anglais comme langue maternelle, « la vaste majorité (93,2 %) d’entre eux pouvaient soutenir une conversation en anglais ou en français », spécifie Statistique Canada.

Au Québec, 50,3 % des immigrants affirment pouvoir soutenir une conversation dans les deux langues officielles du pays, et 80,5 % en français.

« La proportion élevée d’immigrants qui connaissent au moins une langue officielle est en grande partie attribuable au fait qu’il s’agit d’un des critères de sélection des immigrants économiques », rappelle le rapport de l’institut gouvernemental.

Portrait de générations

Cette portion du recensement est également l’occasion de présenter une image de la diversité plus générale du Canada grâce à des données sur les origines ethniques et culturelles des Canadiens. On apprend notamment que 69 % des Canadiens d'origines asiatiques sont de première génération comparativement à 15 % pour ceux d'origine européenne.

 

Plus de minorités visibles

Des 7,7 millions de minorités visibles recensées en 2016, 30 % sont nées au Canda. La hausse du nombre d’immigrants provenant de pays non européens, de même que du nombre de leurs enfants et petits-enfants nés au Canda, ont contribué à la croissance de la population des minorités visibles au Canada.

Les Sud-Asiatiques, les Chinois et les Noirs forment les trois principaux groupes de minorités visibles, chacun dépassant une population dépassant un million de personnes.

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