Par Sudouest.fr avec AFP
  • Écouter
  • Réagir
  • Voir sur la carte
  • Partager
Isolement, froid, accidents, agressions, suicides... Un collectif alarme sur les menaces qui pèsent sur les SDF et sur le taux de mortalité beaucoup trop élevé qui les frappe encore.

Le collectif Les Morts de la Rue publie ce jeudi son 5e rapport annuel, et les chiffres font froid dans le dos. Cette association, créée en 2002, veut sensibiliser aux conditions de vie - et de mort - des sans-abri. Dans son rapport d'activité 2016 , elle dénombre 501 morts de sans-abris en France , en précisant que "cette liste n'est pas exhaustive".

Une espérance de vie de 49 ans

Le nombre de sans-abri en France était estimé à plus de 140 000 en 2012 par l'Insee , dont près de la moitié sont implantés en Ile-de-France. Depuis 2012, le nombre de sans domicile fixe mortes dans la rue est en hausse, avec une stabilisation autour de 500 décès par an depuis 2014 . Ce décompte ne correspond qu'aux signalements reçus par le collectif, qui estime que le chiffre réel serait environ six fois supérieur .

Ce sont majoritairement des hommes, jeunes, qui meurent après un long parcours de rue semé de ruptures . Vivre à la rue conduit à mourir à 49 ans en moyenne , soit près de 30 ans plus tôt que la population masculine en France, selon les statistiques du collectif. Les femmes, qui représentent 40% des personnes SDF selon l'Insee, meurent encore plus jeunes : 46,3 ans en moyenne .

Musicien, banquier, prof de philo... et mort dans la rue

Les profils des victimes sont évidemment très hétéroclites. Louis, 66 ans, est mort près de son banc alors que ses fils ignoraient qu'il était à la rue. Après son divorce, cet Alsacien, tour à tour musicien, banquier, prof de philo ou propriétaire d'un château, n'avait plus aucun lien avec ses proches.

Nabidullah, quant à lui, avait 14 ans lorsqu'il est mort fauché par un camion. Ce jeune Afghan qui vivait seul dans la "Jungle" , le bidonville où s'entassaient des milliers de migrants jusqu'à fin 2016 à Calais, tentait de rejoindre la Grande-Bretagne. Entre 2012 et 2016, 47 sans abris morts dans la rue étaient des mineurs de moins de 18 ans, et une trentaine d'entre eux avaient moins de 15 ans .

Une majorité de morts violentes

Sans surprise, la majorité des décès surviennent pendant les mois d'hiver . Les sans-abri ont passé en moyenne 10 ans à la rue avant de mourir.

A lire aussi
Un gratte-ciel haut de deux kilomètres devrait être construit en Arabie saoudite, par l’architecte Norman Foster
« Arrêter pour rester à la maison et attendre la fin ? » : atteint de la maladie de Charcot depuis 2020, il poursuit ses missions d’élu

Les corps sont souvent retrouvés plus de 24 heures après le décès, en raison de l'isolement des victimes. Leur état rend souvent impossible l'identification et la détermination des causes du décès. Mais on ne peut s'y tromper : dans la rue, la mort se fait essentiellement violente . D'après le rapport, les accidents, agressions et suicides sont en nette sureprésentation chez les sans-abri.