Le prix Sakharov 2017 attribué à l'opposition vénézuélienne

Le Parlement européen souhaite rendre hommage à l'Assemblée nationale vénézuélienne dominée par l'opposition ainsi qu'à des prisonniers politiques.

Source AFP

Julio Borges, leader de l'opposition vénézuélienne.
Julio Borges, leader de l'opposition vénézuélienne. © JUAN BARRETO / AFP

Temps de lecture : 3 min

Jeudi, le Parlement européen a choisi d'attribuer son prix Sakharov 2017 pour la "liberté de l'esprit" à l'opposition démocratique vénézuélienne, ont indiqué des sources parlementaires. Plus précisément, les eurodéputés ont choisi de rendre hommage à l'Assemblée nationale vénézuélienne dominée par l'opposition (et présidée par Julio Borges), ainsi qu'à des prisonniers politiques comme Leopoldo López et Antonio Ledezma. Les deux autres finalistes en lice étaient Dawit Isaak, un journaliste et auteur suédois d'origine érythréenne, arrêté en 2001 par les autorités d'Asmara, et la Guatémaltèque Aura Lolita Chávez Ixcaquic, issue du peuple maya quiché, qui incarne la lutte pour les droits des populations autochtones.

La newsletter international

Tous les mardis à 11h

Recevez le meilleur de l’actualité internationale.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Le prix Sakharov, créé en 1988, tire son nom du scientifique soviétique dissident Andreï Sakharov (1921-1989), et distingue chaque année des personnalités qui se sont illustrées dans la défense des droits de l'homme et de la liberté d'expression. L'an dernier, le prix avait été attribué à deux femmes yézidies d'Irak, réduites en esclavage par le groupe djihadiste État islamique (EI) avant de s'enfuir, et en 2015 au blogueur saoudien Raef Badaoui, emprisonné pour "insulte à l'islam".

Opposition divisée

L'opposition démocratique au Venezuela faisait figure de favorite cette année. Ce choix avait été proposé par les députés européens de droite et du centre-droit (PPE, principale force politique au Parlement européen) et par les libéraux (ALDE). Ils avaient expliqué vouloir mettre sous les projecteurs une situation "considérablement dégradée ces derniers mois" en matière de droits de l'homme au Venezuela, où "depuis le début de l'année, plus de 130 opposants ont été assassinés et plus de 500 ont été emprisonnés arbitrairement". Cet hommage survient au moment où l'opposition au président socialiste Nicolás Maduro apparaît plus divisée que jamais, dans ce pays pétrolier en plein naufrage économique. Quatre des cinq gouverneurs régionaux de l'opposition récemment élus ont prêté serment lundi devant la Constituante, exclusivement composée de partisans du président Maduro.

Il s'agit d'un revirement par rapport à la position initiale de la Table pour l'unité démocratique (MUD), une coalition d'une trentaine de partis allant de la gauche modérée à la droite, qui voulait boycotter une Constituante dont elle ne reconnaît pas la légitimité. En signe de protestation, l'ex-candidat à la présidentielle Henrique Capriles a claqué la porte de la MUD mardi, dénonçant une "trahison". Le gouvernement vénézuélien, grand vainqueur des régionales du 15 octobre (18 régions remportées sur 23), avait menacé de destituer les gouverneurs ne prêtant pas serment devant la Constituante. Les divisions au sein de l'opposition profitent au président Maduro, qui avait été très chahuté par une vague de manifestations au printemps exigeant son départ, et ayant fait 125 morts. Le chef de l'État se retrouve désormais en position de force pour les prochaines échéances électorales (municipales, encore sans date, et présidentielle, fin 2019).

Révocation ?

Le prix Sakharov, doté d'une somme de 50 000 euros, sera remis au vainqueur lors d'une cérémonie qui se tiendra le 13 décembre à Strasbourg. Les eurodéputés se sont récemment penchés de manière inhabituelle sur l'un de leurs choix passés : le prix décerné à la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi en 1990, alors qu'elle venait d'être placée en résidence surveillée après que son parti eut remporté les élections. Dans une résolution adoptée en septembre dernier, les députés européens ont en effet déploré que l'ancienne égérie des droits de l'homme, devenue dirigeante civile du gouvernement, garde le silence sur le sort des musulmans rohingyas persécutés. Les eurodéputés se sont demandé dans ce texte "si le prix Sakharov pourrait être révoqué en cas de violations" des critères ayant conduit à son attribution.

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaire (1)

  • Illitch

    Rien que le nom est un parti pris assumé. Mais de là à donner ce prix à une minorité politique dirigée par l'extrême-droite est une honte. Cette minorité politique a perdu maintes élections démocratiques. Elle doit donc se soumettre.