Plus de 240 djihadistes sont rentrés en France depuis 2012
Plus de 240 djihadistes ont regagné la France depuis 2012, a déclaré jeudi au Sénat le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb. La majorité est en prison.
"Plus de 240 [djihadistes] majeurs et plus de 50 mineurs, dont la plupart ont moins de 12 ans", "sont revenus depuis 2012 sur le sol français", a indiqué jeudi Gérard Collomb au Sénat. Ces personnes s'étaient rendues en Syrie ou en Irak ces dernières années. Interrogé par la sénatrice centriste Nathalie Goulet, pour qui les retours de djihadistes en France et en Europe depuis la Syrie et l'Irak "constituent une cause d'inquiétude à bref, moyen et long terme", le ministre de l'Intérieur a jugé que "ce problème" était "parfaitement pris en charge aujourd'hui" en France. Selon lui, les accords passés entre la Turquie et la France pour maîtriser les flux migratoires permettent à l'Etat "d'avoir un regard particulièrement attentif sur celles et ceux qui reviennent des théâtres de guerre syro-irakiens", dont certains pourraient vouloir commettre des attentats en France.
Depuis 2015, les femmes, hommes majeurs et les "quelques mineurs combattants" sont systématiquement placés en garde à vue, et "une très grande majorité", "plus de 130, est actuellement en prison", a-t-il ajouté. Les autres, en liberté, "sont tous l'objet d'un suivi administratif" (services de renseignements) ou "judiciaire". Pas convaincue par les déclarations du ministre, Nathalie Goulet a appelé à "être encore beaucoup plus vigilant" et à "accorder à ce sujet une attention majeure au niveau européen". "Nous ne pourrons pas nous en sortir autrement qu'en confortant nos frontières", or "Frontex (l'agence en charge des frontières extérieures de l'UE) fonctionne mal", et il faut davantage de "moyens" en "hommes" et en "matériel", a-t-elle jugé.
L'Etat islamique financé avec des aides sociales
Selon elle, parmi les "revenants", "les femmes présentent un danger à peu près équivalent aux hommes" et les enfants ont "un fort potentiel de dangerosité à terme". Selon la justice française, en juin dernier, sur un millier de Français partis en zone djihadiste irako-syrienne, environ 300 y avaient trouvé la mort et 700 adultes (dont 300 femmes) s'y trouvaient encore, avec quelque 400 enfants. En déroute sur la champ de bataille, l'organisation, qui manque de moyens, sollicite depuis plusieurs mois ses combattants pour obtenir de l'argent public, selon Le Figaro . "Environ 20% des combattants français identifiés sur zone [irako-syrienne] [continuent] à recevoir des allocations", écrit le quotidien jeudi.
"Des parents percevaient les fonds venant de Pôle emploi ou de la CAF avant de les envoyer par mandat", assure le chef d'un groupe financier de la brigade criminelle. Le Figaro ajoute que "420 virements frauduleux ont été mis au jour en 2016", et que "190 expéditeurs ont été identifiés". Désormais, les services compétents ont transmis aux organismes sociaux les noms des Français partis rejoindre l'Etat islamique pour mettre fin à ce trafic. Selon les enquêteurs, une "affaire internationale de collecteurs de fonds servant à financer l'Etat islamique" a été mise au jour et "500.000 euros seraient partis de France entre mi-2012 et mi-2017" vers la zone des combats.
(avec AFP)
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