Accueil

Economie Économie francaise
Les emplois créés par la fin de l'ISF coûteront… 4 fois plus cher que les contrats aidés

Les emplois créés par la fin de l'ISF coûteront… 4 fois plus cher que les contrats aidés

La bonne blague

Par et

Publié le

Le ministère de l'Economie a indiqué au président PS de la commission des Finances du Sénat qu'il espérait "à long terme" la création de 50.000 emplois grâce à la suppression de l'ISF et à la "flat tax" voulues par Emmanuel Macron à destination des ultrariches.

Si vous n'êtes pas assis, appuyez-vous contre un mur. Nous allons en effet vous révéler une donnée renversante : le nombre de créations d'emplois espérées par Bercy grâce au bouclier fiscal XXL mis en place dans le projet de loi de Finances (PLF) 2018. C'est Le Parisien qui le rapporte ce vendredi 27 octobre, grâce au président socialiste de la commission des Finances du Sénat, Vincent Eblé, qui a exigé des informations chiffrées de la part du ministère de l'Economie.

Selon l'estimation de Bercy, donc, la suppression d'une majeure partie de l'ISF et la mise en place du prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital (PFU, dit "flat tax") devraient créer… 50.000 emplois ! Et encore, précise le ministère, ce sera "à long terme". L'administration anticipe également un gain, toujours "à long terme", de 0,5 point de PIB. Bigre, pour une mesure censée être l'alpha et l'omega de la relance de l'investissement, et donc de notre économie…

Un demi-million d'euros l'emploi créé

Alors évidemment, Marianne n'a pas résisté à la tentation de calculer le coût d'un emploi créé par ce bouclier fiscal version Macron. Pour cela, il a fallu déterminer ce que les têtes pensantes de Bercy entendaient par "à long terme". On a été sympa, on a tranché pour 5 ans : ce n'est pas si long, mais c'est déjà la durée du mandat d'Emmanuel Macron. Sachant que le bouclier fiscal coûtera 4,5 milliards d'euros la première année (2018) puis 5,1 milliards par an, le cadeau représente un total de 25 milliards sur cinq ans. Pour 50.000 emplois créés, cela nous donne… 500.000 euros l'emploi, un demi-million !

Tiens, mais souvenez-vous… le coût trop élevé d'un emploi créé, n'était-ce pas la raison invoquée par les ministres de droite du gouvernement (Edouard Philippe, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin) pour annoncer la fin des contrats aidés ? "Les contrats aidés sont extrêmement coûteux pour la nation", dénonçait ainsi le ministre des Comptes publics en juillet devant la commission des Finances de l’Assemblée. Et pourtant, ceux-ci ne coûtent "que" 23.000 euros chacun par an en moyenne, selon les données de l'OFCE rapportées par l'Ifrap . Ce qui, sur un quinquennat, donne 115.000 euros le contrat aidé. Vous aurez fait le calcul tout seul : avec la même dépense que le bouclier fiscal, l'Etat aurait pu créer, sur la même période, non pas 50.000 mais 217.000 emplois aidés ! Traduit en langage macronien, cela signifie qu'un emploi créé par le bouclier fiscal coûte… 4,3 fois plus cher à l'Etat qu'un contrat aidé.

Où l'on confirme à nouveau que les assistés de la République ne sont pas ceux qu'on croit… Car dans le même temps, les données transmises par Bercy au sénateur Eblé montrent que les 100 "premiers de cordée" (les plus gros contribuables à l'ISF actuel) gagneront, grâce à ces mesures, quelque 1,5 million d'euros par an chacun. Comme quoi, Emmanuel Macron est trop modeste quand il affirme aux Guyanais qu'il n'est pas le père Noël : il l'est, mais pour la France d'en haut.