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Privés de visas, les Cubains lassés de la "farce" américaine

La Havane (AFP) –

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Privés de visas américains depuis près d'un mois, les Cubains restent incrédules et dés?uvrés, jugeant absurde la suspension des services consulaires décidée par Washington après de mystérieuses attaques présumées contre son personnel à Cuba.

"J'avais tellement d'espoir, cela me fait mal de revenir à zéro après avoir tant avancé. Ce n'est pas possible", tempête Dania Rodriguez, 52 ans, qui souhaitait rendre visite à sa soeur en Floride, où résident plus de deux millions d'exilés cubains ou d'origine cubaine.

Dania a déjà passé la première étape consistant à remplir un premier formulaire et elle avait rendez-vous à l'ambassade le 28 novembre pour l'entretien décisif.

Maintenant, elle ne sait pas ce qui va se passer. "C'est vraiment douloureux, je suis hyper-frustrée et je ne sais pas quand je vais revoir" ma soeur, partie depuis deux ans, soupire-t-elle.

Cristina, 38 ans, avoue avoir été prise par "surprise" au moment de constater l'annulation de son rendez-vous prévu dans le cadre d'une demande de visa d'immigration pour "réunification familiale".

Souhaitant rejoindre sa mère partie en Floride voici quatre ans, elle pensait être à l'abri de tout désagrément en ayant déjà entamé les démarches et payé ses frais de dossier.

"Quand (ma mère) appelle là-bas, on lui dit qu'il faut attendre. Mais combien de temps? Personne ne sait", déplore-t-elle.

Le 29 septembre, des milliers de Cubains qui souhaitent rejoindre temporairement ou définitivement leurs proches aux Etats-Unis ont fait un saut dans l'inconnu lorsque Washington a interrompu sine die l'octroi de visas dans la capitale cubaine.

Dans la foulée, le département d'Etat a annoncé que les Cubains devraient désormais entamer leurs démarches à l'étranger, mais sans préciser à partir de quand et selon quelles modalités.

On sait simplement que les visas d'immigration seront désormais exclusivement accordés par l'ambassade américaine en Colombie, alors que les autres visas pourront être demandés dans n'importe quel autre pays.

Ainsi, les candidats au voyage aux Etats-Unis - qui doivent déjà débourser 100 dollars pour un passeport et 160 dollars pour un visa américain (non remboursable en cas de refus) - devront en plus s'acquitter d'autres visa, billet d'avion et séjour dans un pays tiers afin de pouvoir effectuer leurs démarches.

Une folie dans un pays où le salaire moyen oscille autour de 30 dollars mensuels.

"Temps, argent, papiers, épuisement (...) ça va être horrible", anticipe Dania. En outre, relève-t-elle, rien ne garantit pour l'instant que les visas des pays tiers soient octroyés automatiquement aux postulants.

"Le gouvernement américain doit conclure un accord avec le gouvernement colombien, ce qui n'est pas encore le cas. Cela peut prendre du temps", explique à l'AFP une source de l'ambassade colombienne à La Havane.

- 'Prétexte' -

Autour de l'ambassade américaine, rouverte mi-2015 à la faveur du dégel engagé par l'ex-président américain Barack Obama, les dizaines de Cubains qui peuplaient les environs en attendant leur tour ont brusquement disparu, privant de clientèle les petits commerçants alentour.

"On n'a plus de travail", râle Luisa, qui dans sa maison avait monté un petit commerce de "remplissage de formulaires" en anglais.

"Cela touche tout le monde" ici, confirme Ivan De Hombre, 54 ans, qui louait des chambres aux provinciaux venus quérir le précieux sésame américain.

Révélée en août, l'affaire des mystérieuses "attaques" présumées contre la santé de diplomates américains à La Havane a provoqué une véritable crise diplomatique avec Washington.

Selon des responsables américains, ces attaques qui ont pu être menées à l'aide d'appareils acoustiques ont affecté au moins 24 personnes.

L'administration américaine n'a pas accusé formellement le gouvernement cubain d'avoir ordonné ces attaques, mais le tient pour responsable de la sécurité de son personnel.

Côté cubain, les autorités démentent toute implication et protestent contre le manque de collaboration de Washington dans l'enquête.

"C'est un prétexte, une farce totale, absolue", réagit Ivan De Hombre lorsqu'on l'interroge sur les propos de Donald Trump jugeant Cuba "responsable" des attaques.

"C'est un non-sens, une excuse pour nuire aux relations entre les deux pays", soutient Cristina.

De son côté, Dania évoque même un "nouveau Maine", en référence à l'épisode de l'explosion de ce cuirassé américain en 1898 dans le port de La Havane.

L'incident, jamais élucidé, avait précipité l'intervention des Etats-Unis dans la guerre d'indépendance entre Cuba et l'Espagne.

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