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NIGER

Au Niger, une journaliste mise à la porte pour avoir parodié le président ?

À droite, le président Issoufou posant pour un magazine australien. À gauche, la parodie postée par la journaliste nigérienne Samira Sabou.
À droite, le président Issoufou posant pour un magazine australien. À gauche, la parodie postée par la journaliste nigérienne Samira Sabou.
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Les bras posés sur deux chaises et les pieds croisés, la pose du président nigérien Mahamadou Issoufou dans un magazine australien a inspiré une journaliste nigérienne, qui a posté sa photo parodique sur les réseaux sociaux. Cette dernière a été licenciée peu de temps après cette publication. Si sa rédaction nie le lien de cause à effet, les internautes au Niger et ailleurs multiplient les photos avec la même pose pour la soutenir.

La journaliste Samira Sabou était une collaboratrice régulière de l’Office national d’édition et de presse (ONEP) du Niger, un organisme gouvernemental possédant deux des principaux titres de presse du pays, Le Sahel et Le Sahel Dimanche. Le 18 octobre dernier, amusée par une photo du président Issoufou diffusée par le journal "The Australian", la journaliste publie sa photo dans la même position, comme  de nombreux internautes l’avaient fait avant elle.

Ces photos sont un clin d’œil à de nombreux "challenges "similaires lancés dans d’autres pays africains, où des personnalités politiques sont régulièrement raillées par les internautes lorsqu’ils s’affichent dans des positions surprenantes, comme le #BidoungChallenge au Cameroun ou le #AkotoChallenge en Côte d’Ivoire.

À LIRE SUR LES OBSERVATEURS  :

- Au Cameroun, les courbettes d’un ministre devant Paul Biya amusent le Web

- Akoto Challenge : les internautes ivoiriens parodient leurs politiques à genoux

 

Photo initialement postée par Samira Sabou le 18 octobre sur sa page Facebook.

"Le directeur de la rédaction a lui-même supprimé la photo de ma page Facebook"

Mais la photo n’est pas passée inaperçue. Quatre jours plus tard, la journaliste de 37 ans apprenait son licenciement de l’ONEP. Contactée par la rédaction des Observateurs de France 24, elle explique :

 

Le lendemain de la publication de cette photo sur Facebook, le directeur de l’ONEP m’a convoqué, et a pris mon téléphone pour supprimer la publication lui-même. J'ai déjà été convoquée pour mes publications sur les réseaux sociaux, parfois critiques des autorités nigériennes. Il m’a fait comprendre qu’elles ne correspondaient pas à la ligne éditoriale. Cependant, je ne considère en rien que ma page Facebook n'engage mon lieu de travail. Mes publications engagent ma personne.

Le 20 octobre, le directeur m’a une nouvelle fois convoquée m’expliquant que cette fois-ci, ils avaient tout fait pour éviter ça, mais que mes publications Facebook avaient eu raison de ma collaboration avec l’ONEP. Dès le lendemain matin, j’ai appris dans le journal que c’était effectif.

En soutien à la journaliste, un internaute a publié cette photo d'un t-shirt floqué avec la pose prise par Samira Sabou.

Pour son journal, "si elle a été mise à la porte, ça n’a rien à voir avec cette photo"

Sollicité par notre rédaction, le directeur de la rédaction de l’ONEP, Assane Soumana, nie que la journaliste ait été révoquée à cause de la publication de cette photo parodique :

 

Samira Sabou veut faire croire qu’elle a été remerciée à cause de cette photo, et utilise cela pour mobiliser l’opinion publique autour des questions de liberté d’expression. Je lui ai demandé de supprimer la photo pour une seule raison : elle a été prise dans les bureaux de la rédaction du Sahel. Nous ne souhaitons pas que l’image de notre rédaction soit associée à des publications personnelles sur les réseaux sociaux. Elle a bien entendu le droit de poster ce type de photo, mais dans un autre endroit [le directeur nie par ailleurs avoir supprimé lui-même la photo, NDLR].

Si nous nous sommes séparés d’elle, c’est parce qu’elle a eu plusieurs comportements inadéquats alors qu’elle était sur le terrain. Elle a notamment diffusé des documents sur Facebook sans notre accord [relatifs à la loi de finances, NDLR] ou encore harcelé ses interlocuteurs lors de reportages [des allégations présentes dans ce post Facebook, où elle est accusée notamment d’avoir réclamé de l’argent à ses interlocuteurs pour couvrir un événement – ces allégations n’ont pas été vérifiées jusqu’à présent NDLR]. Nous lui avions signifié à plusieurs reprises que son attitude n’était pas compatible avec notre ligne éditoriale, mais elle a continué. Nous avons donc dû nous séparer d’elle.

Mouvement de soutien à la journaliste sur les réseaux sociaux

 

Si la coïncidence de la fin de la collaboration de la journaliste par rapport à la publication de cette photo reste troublante, de nombreux internautes ont décidé de soutenir Samira Sabou en prenant exactement la même pose pour parodier le président Issoufou.

D'autres n'ont pas posté leur photo, mais on montré que vraiment tout le monde soutenait la journaliste :

Touchée par la mobilisation, Samira Sabou précise :

 

Ça faisait quatre ans que je faisais mon travail pour l’ONEP, et que j’essayais d’être à la fois critique et équilibrée.

Pour l’instant, je n’ai pas de piste, j’espère retrouver un journal qui pourra me permettre de relever ce qui se passe dans notre société. 

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