Avec la mort de Jacques Sauvageot, c’est l’une des figures historiques de Mai 68 qui s’est éteinte, à quelques mois du cinquantième anniversaire des événements. L’ancien président de l’UNEF est mort le samedi 28 octobre à l’âge de 74 ans à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris où il avait été admis le 12 septembre après avoir été percuté par un scooter, a confirmé sa famille au Monde.
L’ancien leader étudiant de Mai-68, à l’inverse de nombre des acteurs majeurs de cette période, cultivait la discrétion et l’humilité. Sa biographie, publiée dans le Maitron, dictionnaire biographique du mouvement social, sous la signature de Claude Pennetier, témoigne de son parcours.
En mai 1968, Jacques Sauvageot, membre des étudiants du Parti socialiste unifié (PSU) et vice-président de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), est le dirigeant effectif du syndicat étudiant, dont il prendra la présidence quelques mois plus tard. Avec Alain Geismar, alors secrétaire général du Snesup, et Daniel Cohn-Bendit, le porte-parole du mouvement nanterrois du 22-Mars, il est un des acteurs majeurs de ces deux mois qui ébranlèrent le pouvoir gaulliste.
Jacques Sauvageot est né le 16 avril 1943, à Dijon. Petit-fils d’un maréchal-ferrant, fils d’un employé de la SNCF et d’une femme au foyer – « employée de maison non rétribuée », pour reprendre la formule qu’il utilisait – d’origine paysanne, il est élevé dans une famille catholique assez religieuse, rapporte le Maitron. Son père avait été militant CFTC puis CFDT, mais sans en faire état : son fils ne l’apprendra qu’en 1968.
Il fréquente une école privée confessionnelle jusqu’en 3e puis intègre le lycée public en 2de et réussit le bac sciences expérimentales. Il entre à la faculté de lettres de Dijon pour faire des études de philosophie, mais déçu par l’enseignement, s’inscrit en faculté d’histoire de l’art et de droit public. Il obtiendra les deux licences. Il adhère à l’UNEF, dont un de ses frères avait été un dirigeant.
Sa première activité militante consiste à tirer des polycopiés. Il s’occupe de la chorale étudiante, du secteur culturel puis devient président de la corpo de lettres et préside l’Association générale des étudiants de Dijon (AG-UNEF) jusqu’en juillet 1967. Délégué régional de l’UNEF, il décide alors de quitter Dijon.
Compromis entre les groupes d’extrême gauche
Arrivé à Paris en septembre 1967, il entre immédiatement au bureau national de l’UNEF. Il n’est alors membre d’aucun parti mais sympathisant du PSU, dont il partage globalement les idées. C’est Marc Heurgon, alors membre du bureau national du parti dirigé par Michel Rocard, qui le fait adhérer, en février 1968.
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