Partager
Nature & environnement

Le panneau solaire se fond dans les façades des bâtiments

La société française Sunpartner vient d’inaugurer sa première ligne de fabrication industrielle de panneaux solaires transparents et colorés. Le marché du "solaire intégré au bâtiment" devrait représenter plus de 2,5 milliards d’euros dès 2023.

réagir
Une façade couverte de panneaux solaires orangés

Des panneaux solaires orangés intégrés à une façade.

Sunpartner technologies

INTÉGRATION. Sise à Rousset (Bouches-du-Rhône), la société Sunpartner vient de quitter le giron des start-up pour entrer dans son histoire industrielle. En inaugurant jeudi 5 octobre sa première ligne de fabrication de panneaux solaires transparents et colorés d'une capacité de 150 000 m² par an, l’entreprise a aussi engrangé l’appui de la Banque européenne d’investissement (BEI) qui y risque 15 millions d’euros. Sans trop craindre de les perdre tant la confiance est de mise. L’intégration de panneaux solaires dans les façades même des bâtiments au point de les rendre invisibles fait saliver nombre d’investisseurs.

L’idée a déjà neuf ans. En 2008, le fondateur Ludovic Deblois se lance dans la recherche de production d’énergie solaire qui respecte au maximum l’esthétique des bâtiments. Aujourd’hui encore, les panneaux photovoltaïques en silicium cristallin se posent sur les toits où ils sont inclinés pour profiter au mieux du rayonnement solaire. L’idée, c’est que ces panneaux fassent partie des murs et qu’ils s’y fondent de manière esthétique. Utopique il y a dix ans, cette vision est aujourd’hui poussée par l’encadrement juridique. « La réglementation européenne sur les bâtiments à énergie positive est une formidable opportunité pour Sunpartner, clame Ludovic Deblois. La façade verre ou opaque devient productrice d’énergie et favorise ainsi l’autoconsommation ». Que le bâtiment produise l’énergie dont il a besoin est aujourd’hui considéré comme la révolution à venir. Ainsi, pour "Réseau de transport d’électricité" (RTE) qui gère les lignes à haute tension, l’autoconsommation va changer radicalement la distribution électrique.

Rendre invisible la production d'électricité

COUCHES MINCES. Sunpartner baptise ses produits sous le vocable général de « Wysips » pour « What you see is photovoltaïc surface ». « Ce que vous voyez est une surface photovoltaïque » parait un titre inapproprié tant tout l’effort de recherche de la société et les 150 brevets déposés tendent au contraire à les rendre invisibles. Wysips s’appuie sur une technologie concurrente du silicium cristallin, les couches minces du cuivre, gallium, indium, sélénium (CGIS). Cette famille de minéraux est capable de capter les électrons même dans une structure désordonnée. Le rendement de conversion de cette technologie (autour de 15%) est inférieur au silicium (20%), mais les avantages sont nombreux: fabrication facile (le CGIS s'étale comme une peinture en couche de 10 à 100 microns sur des supports de verre ou de polymère), coûts de production faibles, génération d’électricité dès qu’apparaît la lumière du jour. Ces panneaux peuvent donc se découper aux tailles demandées et n’ont pas besoin d’être posés inclinés face au rayonnement solaire. On peut donc les mettre en façade.

Problème : ils sont de couleur noire. D’où l’idée de Sunpartner de jouer avec la couche de CGIS. «Nous avons donc développé avec nos fournisseurs de machines-outils, un laser qui, à la demande, fait des trous, ou diminue la couche de CGIS pour laisser passer la lumière, explique Franck Edme, ingénieur en charge de la ligne de production. Nous perdons de ce fait du rendement électrique, mais nous multiplions les usages ». C’est là que Sunpartner apporte sa plus-value. Ses produits répondent à des attentes spécifiques. Ainsi des fenêtres intelligentes. L’entreprise a réussi à produire des vitres totalement transparentes qui gardent malgré tout la capacité de produire de 18 à 50 Watts crète* par m² (Wc/m²) une puissance suffisante pour alimenter un store, un automatisme d’ouverture et/ou une alarme. «Nous proposons ainsi des fenêtres dont les fonctions automatiques sont indépendantes du système électrique de la maison et n’ont donc pas besoin d’être câblées au réseau », détaille Thierry Godard, commercial de l’entreprise pour l’Asie. Ce système peut être appliqué aux véhicules de transports (des vitres qui n’ont plus besoin d’être reliées à la batterie) et à l’aviation. Airbus teste ainsi des hublots qui s’opacifient sans qu’ils aient besoin d’être reliés à l’alimentation électrique générale de l’avion.

Des montres et des téléphones alimentés par des petits panneaux solaires!

MONDIAL. Mais l’entreprise propose aussi aux architectes de jouer avec l’esthétique des panneaux. Son produit "caméléon" vient de remporter la médaille d’or du concours de l’innovation du "Mondial du Bâtiment" qui ouvrira ses portes à Paris le 6 novembre prochain. « A la demande, nous pouvons dessiner des motifs sur les panneaux, les colorier et faire de ces producteurs d’énergie de vrais éléments de décoration de façades » s’enthousiasme Thierry Godard. Dernier créneau enfin : les objets connectés. Sunpartner a déposé des brevets pour de petites pastilles de CGIS appliquées sur des polymères et qui peuvent s’apposer sur des montres, des téléphones portables. « Ces puces ne permettent pas une autonomie totale de l’objet mais réduisent les besoins de recharge, expose Franck Edme. Par ailleurs, la batterie n’est jamais à plat ce qui est précieux quand on travaille en extérieur ou quand on fait une randonnée ».

Une façade vitrée et colorée productrice d'électricité. © Sunpartner technologies.

Ce même 5 octobre, Sunpartner a annoncé son partenariat avec Truly, une entreprise chinoise basée à Shenzhen pour la production en masse d’écrans solaires destinés aux objets itinérants. Début 2018, des montres bracelets équipées d’un composant photovoltaïque ultrafin seront proposées sur les marchés européens et asiatiques. Cet accord de licence comprend le transfert de technologie Wysips et le support au démarrage de la production en grand volume. «Cette application devrait se développer encore plus avec les Oled, ces éclairages intégrés beaucoup plus économes en énergie où les cellules photovoltaïques seront encore plus pertinentes » prédit Ludovic Deblois..

*Watt crête : puissance maximale d’une installation

Commenter Commenter
à la une cette semaine

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite recevoir toutes les alertes infos de la rédaction de Sciences et Avenir

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Santé
Nature
Archéo
Espace
Animaux
Je ne souhaite plus recevoir de notifications