Affaire Ramadan : sur Internet, insultes et théorie du complot

    De nombreux internautes jugent que les plaintes visant Tariq Ramadan sont un moyen de faire tomber l’islamologue. Certains y voient même un complot des «sionistes ».

     Tariq Ramadan le 25 mars 2016 à Bordeaux (Gironde).
    Tariq Ramadan le 25 mars 2016 à Bordeaux (Gironde). AFP/MEHDI FEROUACH

      Depuis que Henda Ayari a déposé plainte pour viol contre Tariq Ramadan, les messages de soutien ont abondé sur les réseaux sociaux, notamment sur sa page Facebook. Mais les insultes et les menaces se sont aussi multipliées. « On aurait dû engager une armée pour faire des captures d'écran tellement ça n'arrêtait pas », confie l'avocat de Henda Ayari, Me Jonas Haddad.

      Au-delà de ces menaces, les plaintes successives contre Tariq Ramadan ont aussi alimenté les tenants de la théorie du complot. Celles-ci ne seraient qu'un moyen de faire tomber l'islamologue controversé. « C'est l'idée que Tariq Ramadan est la vraie victime de l'histoire, que les accusations de viol le visant sont fausses et que, cela profitant à ses ennemis, c'est nécessairement eux qui ont orchestré tout cela. Mais pas n'importe quels ennemis », explique Rudy Reichstadt, fondateur de l'Observatoire du conspirationnisme.

      Tariq Ramadan face au « sionisme international »

      Aux yeux de certains complotistes, ce sont les « sionistes » qui seraient derrière ces « sales manœuvres », comme l'écrit un internaute, quand ce ne sont pas plus généralement « les juifs ». Lundi 23 octobre, l'Union française des consommateurs musulmans a publié sur sa page Facebook un message intitulé « Tariq Ramadan face au sionisme international ». Dans ce texte signé Yamin Makri, on peut lire que « Tariq Ramadan, dont les positions antisionistes sont bien connues, est encore en train de subir les foudres de réseaux pro-israéliens français et étrangers ». Cofondateur de l'Union des jeunes musulmans, Makri est un proche de l'islamologue. Les éditions Tawhid, dont il est directeur, ont publié plusieurs ouvrages de Tariq Ramadan mais aussi de son frère Hani, qui fait l'objet d'une interdiction de territoire depuis avril dernier. «Mardi, Tariq Ramadan a relayé cette publication sur son propre compte Facebook avant de la supprimer », souligne Rudy Reichstadt.

      Capture écran Facebook/@official.tariqramadan

      Dans ce même message, Yamin Makri avance, comme d'autres internautes, que « le site en ligne pro-sioniste Europe-Israël recevra 5% de commission sur les ventes de l'ouvrage de Henda Ayari, « J'ai choisi d'être libre », paru il y a un an ». Comme l'explique Le Courrier de l'Atlas, l'association perçoit bien une commission sur la vente du livre seulement s'il est commandé sur Amazon en passant par le site d'Europe-Israël. « Mais c'est le cas pour n'importe quel autre livre que nous mettons en avant », s'est défendue l'association. Un pourcentage touché grâce à un accord classique entre l'association et le géant de la vente en ligne, « comme n'importe quelle personne serait en mesure de le faire », précise Amazon.