Les créateurs du numéro "anti-relous" victimes de cyber-harcèlement : l'initiative suspendue, une plainte en cours

par Elodie HERVE
Publié le 31 octobre 2017 à 13h58, mis à jour le 31 octobre 2017 à 17h17

Source : JT 13h WE

RELOUS - "Eh vas-y mademoiselle ! File moi ton 06!" Pour répondre à ces hommes insistants, ils avaient lancé un numéro de portable. Victime d'un "raid" organisé par des cyber-militants anti-féministes, cette initiative a été temporairement stoppée, ce lundi soir.

Sur Twitter, les insultes pleuvent. Là, des menaces de mort. Ici, des incitations à la haine ou au viol. "Depuis dimanche soir ça n'arrête pas", raconte Clara Gonzales à LCI. Avec son collègue, Elliot Lepers, ils avaient lancé un numéro "anti-relous". Un 06 à donner aux hommes un peu trop insistants. Mais, ce lundi soir, face au " déferlement de haine" sur Twitter et aux spams à répétition sur la ligne téléphonique, les deux militants ont décidé de désactiver le numéro. 

"Nous voulions faire de la pédagogie", continue Clara Gonzales, juriste des Droits humains.  L'idée ? Un homme s'obstinait un peu trop à obtenir votre numéro personnel. Vous pouviez lui glisser le 06.44.64.90.21. S'il vous envoyait un SMS, un message automatique lui rappelant ce qu'est la notion de consentement lui était alors envoyé. 

"C'est incompréhensible"

Lancé peu après une initiative américaine du site The Mary Sue, le numéro a reçu, en moins d'une semaine, plus de 30.000 messages. Dont 22.000 spams, assure Elliot Lepers, par ailleurs militant écologiste, à LCI. Ce dimanche soir, quantité d'utilisateurs du forum 18-25 du site jeuxvideos.com ,spécialistes dans les raids anti-féministes, ont lancé l'idée de "troller ce numéro" ce numéro.

Leur "plan" : surcharger le serveur de messages pour obliger ces deux militants à mettre la main à la poche. Car chaque SMS de réponse leur coûte 16 centimes. "Nous avons mis en place un système pour bloquer ces tentatives de nuisance et financièrement nous ne sommes pas blessés", ajoute Elliot Lepers. Une cagnotte avait aussi été ouverte pour couvrir les frais. 

"Certains voient dans notre volonté de promouvoir l'égalité femme-homme, une destruction de l'homme. C'est totalement faux !" souligne Clara Gonzales. "Je me demande s'il n'y a pas un problème de compréhension. Quand on voit le déferlement de haine que suscite une initiative pareille, c'est incompréhensible", ajoute-t-elle. "Pourquoi, quand on est militante féministe, on ne peut pas exister dans la sphère publique ?"

A LCI, elle raconte ses amies victimes de cyberharcèlement, cette fatigue a chaque fois que le même scénario se répète et l'action limitée de Twitter, qui peine à réagir face à ce type de menaces. "Ni Twitter, interpellé à propos demenaces de mort, ni Webedia, société éditrice du site jeuxvideo.com [qui héberge, le forum 18-25, ndlr], sur lequel les délinquants se sont coordonnés, n'ont réagi. Leur silence a trop duré, alors que nombre de militantes ont subi des attaques similaires ces dernières années, en France et dans le monde", a regretté le duo dans un communiqué diffusé le 31 octobre.

Et maintenant ? Les deux fondateurs du numéro anti-relous expliquent qu'ils ne laisseront pas passer. "On construit un dossier pour porter plainte. Nous avons réussi à identifier plusieurs utilisateurs de Twitter. Ce qu'ils ont fait est condamnable pénalement." Le lendemain, le duo précisait dans un communiqué "mettre en oeuvre les démarches juridiques pour que les responsables soient poursuivis." Quant au 06, "on verra bien" lance Elliot Lepers. "Mais nous avons de quoi pérenniser le numéro."


Elodie HERVE

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