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Être femme en Afrique du Sud

Photo: Getty

Sous les feux de la rampe médiatique, l’«affaire Pistorius» rappelle ceci: il ne fait pas bon être femme en Afrique du Sud. Les violences à leur égard ressemblent à un nouvel apartheid.

Les points communs entre le procès de «Blade Runner», surnom donné à l’athlète à cause de ses prothèses de carbone en forme de lames, et celui d’OJ Simpson crèvent les yeux. Tous deux ont eu des conjointes blondes et fringantes, ont été au sommet de la gloire avant d’être accusés de les avoir tuées lors de procès retransmis en direct à la télévision.

Si Simpson a toujours plaidé son innocence dans le meurtre de Nicole Brown, Oscar Pistorius, lui, reconnaît avoir abattu Reeva Steenkamp avec son Parabellum 9mm. Mais par méprise. Il avait cru à un cambriolage. C’était le 14 février 2013. Saint-Valentin ou non, six Sud-Africaines sont tous les jours assassinées en Afrique du Sud. Elles représentent 15% des meurtres quotidiens dans ce pays sans doute le plus violent au monde.

Dans la nation arc-en-ciel, la violence criminelle a depuis 20 ans remplacé la violence politique qu’était l’apartheid, forme extrême d’institutionnalisation du racisme.

Énumérer des chiffres et des statistiques finit toujours par assommer. Dans le cas de l’Afrique du Sud, on perd la tête: le pays le plus riche du continent le plus pauvre de la planète bat tous les records mondiaux en matière de viols annuels (50 000). Même l’actuel président Jacob Zuma, 71 ans, a été accusé de viol quand il était encore vice-président en 2005. Figure charismatique de la lutte pour la libération, il a été acquitté.

Plus du quart des hommes admettent avoir commis un viol. Les 16 millions de Sud-Africaines sont plus susceptibles d’être agressées sexuellement que d’apprendre à lire et ont cinq fois plus de chances d’être tuées que partout ailleurs dans le monde. La violence conjugale est également chiffrée: 200 000 épouses brisent tous les ans la loi du silence et portent plainte. Autre forme de violence: le sida. Soixante pour cent des personnes infectées par le VIH sont des femmes.

De manière générale, comment expliquer un tel degré de violence dans une des rares démocraties du continent?

Il y a bien sûr les séquelles de l’apartheid. Ce n’est pas tout, cependant. L’Afrique du Sud est le pays le plus inégalitaire au monde, et le fossé entre les 8 millions de Noirs de la classe moyenne et les 25 millions de pauvres croît dans un pays où 10% de la population a une arme à feu.

On le voit, tous les jours des crimes sont commis dans l’anonymat le plus total, et aucun n’est médiatisé comme celui du meurtre de la compagne de Pistorius.

Celle-ci avait prévu manifester contre le nombre élevé de viols dans son pays. Mais ce fut sa dernière Saint-Valentin…

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