Pollution

A Madrid, de larges ambitions contre les particules fines

La maire Manuela Carmena a dessiné un plan antipollution drastique qui devrait transformer la capitale en profondeur.
par François Musseau, Correspondant à Madrid
publié le 23 octobre 2017 à 20h06

Diminution du trafic, piétonnisation massive, multiplication des espaces verts, renforcement du transport public, installations électriques durables… Jamais la capitale espagnole n’avait été aussi ambitieuse en matière de lutte contre la pollution. Elue il y a deux ans, l’ancienne juge incorruptible Manuela Carmena, septuagénaire, a tenu ses promesses : elle qui ne cache pas des affinités politiques et personnelles avec la maire de Paris, Anne Hidalgo, secoue les 3 millions de Madrilènes comme rarement ils l’ont été.

Plaques

En début d'année, beaucoup ont été surpris par certaines mesures drastiques, alors que durant un temps, les niveaux de dioxyde d'azote avaient explosé, au-dessus des 200 mg/m3, dans des endroits sensibles de la capitale. La ville avait décidé une interdiction de circuler pour les véhicules aux plaques minéralogiques paires ou impaires selon les jours : une décision pas très populaire.Mais, depuis le printemps, Manuela Carmena a dessiné un plan révolutionnaire qui, à partir de 2018, devrait transformer la capitale en profondeur. Le temps des mesures cosmétiques a vécu : «Il nous a fallu être intraitable. C'est la seule manière de protéger la santé de nos concitoyens», souligne Paz Valiente, élue chargée de l'environnement et de la mobilité, évoquant la hausse des maladies cardio-vasculaires. En vertu d'un «protocole» pour une «ville verte et soutenable», la municipalité - qui se dit proche du parti Podemos même si Manuela Carmena tient à son indépendance - a lancé trente mesures draconiennes, d'un coût de 543 millions d'euros et qui devront être appliquées d'ici à 2025. Parmi celles-ci, la refonte totale des grandes artères citadines, telles la Gran Via, Bravo Murillo ou l'avenue Ciudad de Barcelona : priorité aux piétons en maints endroits, augmentation très sensible du réseau cycliste et, en corollaire, amélioration du BiciMad (le Velib madrilène) qui connaît déjà un grand succès.

Colère

Cette transformation affectera le million de véhicules qui entrent chaque jour dans la capitale, ainsi que les 2,5 millions qui y circulent quotidiennement. Objet de la colère de nombreux automobilistes, l’interdiction dès 2018 de circuler à plus de 70 km/h sur les grands accès routiers (contre 90 km/h aujourd’hui). Et surtout, dès juin, il sera strictement prohibé de rouler à l’intérieur de la «Manzana» (littéralement la «pomme», nom donné au grand centre de la ville) pour tous les véhicules, à l’exception des utilitaires, des bus, des voitures électriques ou de celles qui servent au covoiturage.

En outre, plus aucune véhicule immatriculé avant 2006 ne pourra circuler à partir de 2025. Douze parkings seront aménagés en périphérie, à moins de 200 mètres d'un point d'accès au réseau de transports publics. En parallèle, tous les édifices publics fonctionneront avec des panneaux solaires à partir de 2018. Cette année, d'après la mairie, les émissions de CO2 ont chuté de près de 25 tonnes.

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