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Ejectée de LR, la droite pro-Macron cherche sa piste d’atterrissage
Thierry Solère et Franck Riester ont lancé le groupe des Constructifs en juin.
Martin BUREAU / AFP

Ejectée de LR, la droite pro-Macron cherche sa piste d’atterrissage

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Le bureau politique de LR a exclu mardi du parti les ministres issus de ses rangs, ainsi que les députés Thierry Solère et Franck Riester.

C’est fois, c’est fait. Après la tragicomédie de la semaine dernière - faute d’une majorité de membres présents - le bureau politique de Les Républicains a prononcé ce mardi 31 octobre l’exclusion des pro-Macron issus des rangs de LR. Les ministres Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu sont donc virés, ainsi que les députés Thierry Solère et Franck Riester, qui ont lancé le groupe des Constructifs à l’Assemblée nationale. Quant au Premier ministre Edouard Philippe, le bureau politique de la semaine dernière avait déjà « acté » son départ car il ne s’était pas rendu devant la « commission spéciale » chargée de l’auditionner. La fin d’un feuilleton qui n’en finissait pas de ridiculiser la droite... et de faire les affaires d’Emmanuel Macron.

Les bannis, eux, oscillent entre haussements d’épaules et indignation surjouée. Ils savaient très bien quel sort les attendait, mais ont fait volontairement mousser un feuilleton qui leur permettait de dénoncer le rétrécissement de leurs ex-petits camarades... et justifier leur positionnement « constructif ». Certains ont même laissé entendre qu’ils feraient durer le plaisir en contestant leur exclusion devant la commission des recours, ou siègent notamment... des Constructifs ! Un nouveau casse-tête savoureux en perspective.

Un Premier ministre sans parti

Mais au terme de ces interminables règlements de comptes, que comptent exactement faire ces élus de la droite Macron-compatible ? A l’origine, le groupe des Constructifs a été créé par des proches du Premier ministre Edouard Philippe - Thierry Solère en tête - pour servir de « jambe droite » à la majorité du chef de l’Etat. Sauf que, fort de l’armée des 313 députés de La République en marche, le gouvernement n’a pas tellement besoin d’appoint dans l’Hémicycle... et l’a clairement fait sentir. « Nous sommes plutôt constructifs, et pourtant, on a l’impression d’être malmenés par le gouvernement », confie un député membre du groupe. Des états d’âme dont ils se sont ouverts à Edouard Philippe lors d’une rencontre à Matignon le 11 octobre.

Mais le Premier ministre lui-même se retrouve face à une question : exclu du parti qu’il a contribué à bâtir - il était directeur général de l’UMP lors du lancement du mouvement en 2002 - le voilà sans appartenance partisane. Va-t-il rejoindre La République en marche, lui qui ne s’est jamais dit « ni de droite ni de gauche » mais bel et bien « de droite » lorsqu’il s’est installé à Matignon ? Pour l’instant, Philippe élude en jouant le dédain vis-à-vis de LR. « J’observe ces discussions internes qui m’intéressent assez peu », commentait-il le 19 octobre sur Public Sénat. « Les engagements partisans, je vais regarder ça avec beaucoup de distance. »

Dans le groupe, certains veulent se faire mousser auprès de la majorité
Un député Les Constructifs

En fait, les députés de la droite pro-Macron sont divisés sur le chemin à prendre. Certains, emmenés par Franck Riester, sont en train de mettre sur les rails un nouveau mouvement. « LR va se droitiser avec Wauquiez. Il y a un espace politique pour notre positionnement, qui est libéral, humaniste et européen », explique ainsi Laure de La Raudière. « On travaille dessus, on a trouvé le nom et on devrait se décider définitivement d’ici à décembre », glisse l’un de ses collègues. Le problème, c’est que Thierry Solère, lui, est loin de montrer autant d’enthousiasme pour cette idée et laisse ouverte la possibilité de rejoindre carrément le parti présidentiel. Un scénario que vient presque à souhaiter un député du groupe LR : « Plus Solère fout le bordel chez nous, plus ça arrange Macron. »

Reste que ces petits jeux personnels commencent à agacer sérieusement toute une partie des Constructifs, notamment certains députés UDI qui n’avaient pas signé pour ça. « Dans le groupe, certains veulent se faire mousser auprès de la majorité, voire obtenir des postes », soupire l’un d’eux. « Ils sont super emmerdés », résume un député LREM. Pour l’instant, Les Constructifs n’ont pas construit grand chose.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne