Elles s'appellent Ramona, Kadija, Cathy, Jacqueline, Morgan, Florence, Lucile, Géraldine et Muriel. Elles ont accepté de poser en couverture de ELLE. Et cela leur a demandé un courage immense. Victimes de violences conjugales répétées, elles ont tu et caché leur sort pendant des années. Mais c'est fini. Elles ne veulent plus se taire, ne veulent plus être victimes (ce mot qu'elles détestent). Redresser la tête, l'urgence est là. Pour leurs enfants, leur entourage, elles-mêmes. Elles sont aussi le porte-voix de toutes celles qu'Isabelle Duriez et Catherine Robin, nos journalistes qui ont traité ce sujet, ont contactées, rencontrées, interviewées et qui ont renoncé, de peur des représailles de leur ex-conjoint, contre elles et leurs enfants. Ces drames intimes à visage découvert racontés par ces neuf femmes, avec difficulté ou, au contraire, parfois, avec une rage cathartique, libéreront, nous l'espérons, la parole d'autres victimes. Car le silence, celui dans lequel elles se murent et celui de la société, est l'un des problèmes majeurs, même si, avec des affaires à fort retentissement médiatique comme le scandale Harvey Weinstein et la surexposition de Bertrand Cantat, la tolérance s'amenuise. Nous avons commencé à travailler sur ce numéro en septembre sans imaginer que l'actualité servirait à ce point la pertinence de sa parution. Ce qu'il souligne, c'est l'importance de multiplier les initiatives comme des structures de refuge et des lieux où les femmes seraient vraiment entendues, car la violence qu'elles endurent ne se résume pas aux coups reçus, aux brimades. La violence est aussi dans l'isolement où les confine leur conjoint, dans la guerre qu'il mène pendant le divorce, dans la difficulté à retrouver un logement et un travail. Les violences conjugales doivent être placées au cœur d'un débat de société pour faire réagir l'opinion et le pouvoir, mais aussi changer les mentalités.

Ramona, Kadija, Cathy, Jacqueline, Morgan, Florence, Lucile, Géraldine et Muriel, vous avez forcé le respect de toute la rédaction en vous exposant ainsi « au nom de toutes ». Derrière vous, il y a toutes celles qui restent invisibles. Ce numéro est pour elles.

Cet article a été publié dans le magazine ELLE du 3 novembre 2017.  Abonnez-vous ici.