À la veille de la COP23 qui se tien à Bonn, en Allemagne, du 6 au 17 novembre, Oxfam publie un rapport accablant sur la situation des déplacés climatiques.
Depuis 2008, environ 22 millions de personnes sont déplacés chaque année à cause d’une catastrophe naturelle. En 2016, elles étaient 23,5 millions selon le rapport d’Oxfam intitulé « Déracinés par le changement climatique ». Et c’est sans compter toutes les personnes forcées de quitter leur foyer à cause de catastrophes dites « lentes », comme les sècheresses et la montée des eaux.
Oxfam démontre dans son rapport que les populations les plus pauvres sont cinq fois plus touchées que celles des pays riches, alors qu’elles sont les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre. « Ce ne sont pas aux communautés les plus pauvres de gérer seules les conséquences du changement climatique dont elles ne sont pas responsables. »
Des conséquences dévastatrices
C’est le cas des îles Fidji par exemple, pays qui présidera la COP23, à Bonn. En 2016, 55 000 personnes y ont été déplacées et 1/5ème de la production agricole a été détruite par le cyclone Winston. Un cas qui n’est pas isolé : en Asie du sud, les inondations causées par la mousson ont causé la mort de milliers de personnes et le déplacement de plus de deux millions de personnes. Et l’ouragan Irma, qui a dévasté les Caraïbes début septembre, est le plus puissant enregistré dans l’Atlantique nord depuis les années 1980.
« L’inaction n’est pas envisageable quand des millions de vies sont menacées. Aujourd’hui, des pays vulnérables se dotent de stratégies sur les énergies renouvelables et de programmes ambitieux d’adaptation au changement climatique », souligne Armelle Le Comte, responsable du plaidoyer climat pour Oxfam France. « Mais les financements manquent et mettent les pays du Nord devant leur responsabilité de mobiliser les fonds dont les pays les plus vulnérables ont besoin. »
Manque de financements
Pour le groupe d’experts des pays les moins avancés (LEG), ces conséquences dévastatrices soulignent la nécessité d’agir dans l’urgence lors de la COP23. « Les financements mobilisés par les pays développés sont inadéquats pour aider les pays en développement à faire face au changement climatique », indique le groupe dans un communiqué. « Le LEG souhaite que la COP23 soit la COP du financement et du soutien. »
Par ailleurs, le comité d’aide au développement de l’OCDE cherche à réadapter sa définition de l’éligibilité de l’aide au développement pour y inclure à nouveau les pays et les petits États insulaires qui n’y sont plus éligibles mais qui sont pourtant victimes de catastrophes naturelles et de crise humanitaire.
Statut de réfugié climatique
Les déplacés climatiques ne jouissent actuellement d’aucune protection juridique. Dans sa définition du terme « réfugié », l’article 1 de la Convention de Genève ne vise que les personnes qui risquent d’être persécutées en raison de leur race, religion, nationalité, appartenance à un groupe social ou opinions politiques.
Oxfam demande donc la mise en place d’une protection internationale pour les déplacés climatiques et soutient que le Global Compact de l’ONU sur les migrations, prévu pour l’année prochaine, devrait inclure « des mesures de protection pour les personnes forcées à traverser les frontières à cause de catastrophes naturelles et climatiques ».
L’ONG met notamment l’accent sur la gravité de la situation des femmes et enfants, fortement vulnérables lors de leur déplacement et très exposés aux risques de violences.