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Paris dément une bavure au Mali

L’état-major français présente les victimes comme des combattants islamistes affiliés AQMI, ce que dément le principal groupe djihadiste de la région.

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Publié le 03 novembre 2017 à 10h05, modifié le 03 novembre 2017 à 10h05

Temps de Lecture 2 min.

Des soldats français de l’opération « Barkhane » à Tin Hama, au Mali, le 19 octobre 2017.

L’armée française a-t-elle commis une grave bavure au nord du Mali, et tué par erreur onze soldats maliens ? C’est ce dont l’accuse le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jama’ah Nusrat Al-Islam wal-Muslimin, JNIM), le principal mouvement djihadiste dans la région, dirigé par Iyad Ag-Ghali.

Dans la nuit du lundi 23 octobre au mardi 24, selon l’état-major des armées, les forces spéciales françaises de l’opération « Sabre », accompagnées de soldats de l’opération « Barkhane », la force française déployée au Sahel, ont lancé une opération contre un camp djihadiste situé dans la zone d’Abeïbara, près de la frontière algérienne. Cette opération lancée après « la découverte d’une katiba [unité] terroriste », selon le colonel Patrick Steiger, porte-parole de l’état-major des armées, a mobilisé des Mirage 2000 ainsi que des hélicoptères Tigre.

D’après l’état-major, quinze combattants islamistes affiliés Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) ont alors été « mis hors de combat », c’est-à-dire tués ou capturés. Cette opération « a permis la destruction de cette katiba qui dépendait [du groupe] Ansar Dine, affilé à AQMI, la récupération ou la destruction d’armes et de munitions », a ajouté le porte-parole. Le colonel Steiger a diffusé une photo de l’armement qui aurait été saisi : plusieurs fusils mitrailleurs, des grenades et de nombreux chargeurs.

Mais le lendemain du point presse de l’armée, le 27 octobre, le mouvement dirigé par Iyad Ag-Ghali conteste la version officielle française. « Les bombardements ont tué les onze soldats maliens qui étaient captifs près d’Abeïbara ainsi que trois moudjahidine », peut-on lire dans un communiqué du JNIM, une coalition née en mars de la fusion des groupes Ansar Dine d’Iyad Ag-Ghali, Al-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar et l’Emirat du Sahara, une branche d’AQMI.

« Instance neutre » pour autopsier les corps

Les onze militaires maliens évoqués par les djihadistes ont été capturés lors de différentes attaques entre juillet 2016 et mars 2017. Le 18 octobre, le JNIM a diffusé une vidéo dans laquelle les otages demandent au président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, de les faire libérer. Quelques jours plus tard, les islamistes armés ont publié sur les réseaux sociaux des photos présentées comme celles des soldats maliens prétendument tués par les forces françaises.

La polémique autour de l’opération française s’est poursuivie lorsque la coalition terroriste a publié un nouveau communiqué, le 30 octobre, pour proposer que soit mandatée une « instance neutre » afin d’autopsier les corps des victimes. « En réponse aux mensonges français, nous sommes prêts à fournir les corps afin de prouver leur identité », indique le document.

Pour le colonel Patrick Steiger, joint par Le Monde, il ne s’agit pas d’une polémique mais d’une manipulation : « On ne commente jamais la propagande de l’ennemi. La guerre se fait aussi sur le terrain de l’information. Nous sommes sûrs d’avoir détruit ce campement qui dépendait d’AQMI. A présent, c’est aux autorités maliennes, avec qui nous sommes en étroite collaboration bien sûr, de déterminer l’identité des personnes exécutées ou arrêtées. »

Le président malien a rencontré Emmanuel Macron le 31 octobre à l’Elysée, mais les autorités maliennes sont restées silencieuses jusqu’à présent. « Il faut que l’on vérifie que ce n’est pas une manipulation d’Iyad Ag-Ghali, pour nous mettre mal avec les Français et l’opinion », confiait une source officielle de haut rang à Bamako après le premier communiqué du JNIM, avant d’expliquer trois jours plus tard : « Nous essayons de comparer les photos des victimes avec celles des otages. » La présence militaire française fait débat au Mali et une bavure, si elle venait à être confirmée, viendrait assurément renforcer les positions de ceux qui demandent l’ouverture de négociations avec les djihadistes pour mettre un terme à une guerre qui semble sans fin.

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