Torturé pendant 5 ans par les talibans, le déserteur Bowe Bergdahl échappe à la prison
ETATS-UNIS•Jugé en cour martiale, il a été renvoyé de l'armée pour manquement à l'honneur...P.B. avec AFP
L'essentiel
- Capturé par les talibans après avoir deserté son poste, Bowe Bergdhal est renvoyé de l'armée américaine.
- Echangé contre cinq prisonniers de Guantanomo, il échappe toutefois à la prison, «une honte absolue», selon Trump.
- Il est considéré comme un «traître» par de nombreux soldats mais souffre de troubles mentaux qui ont été ignorés par l'armée.
Il a assez souffert. Le soldat américain Bowe Bergdahl, ex-captif des talibans pendant cinq ans en Afghanistan après avoir déserté son poste, va échapper à une peine de prison à l’issue d’un procès très politisé. Un juge militaire de la base de Fort Bragg, en Caroline du Nord, a décidé vendredi de renvoyer le sergent Bergdahl, 31 ans, des rangs de l’armée pour manquement à l’honneur, et l’a condamné à une amende de 10.000 dollars.
Le procureur de l’armée avait réclamé 14 ans de prison, non seulement pour son acte de désertion mais également pour les deux soldats blessés pendant les opérations de recherche. Le président Donald Trump, qui avait traité le soldat de « sale traître pourri » méritant d’être exécuté pendant la campagne, a réagi sur Twitter, vendredi, qualifiant la décision de « honte absolue pour nos militaires ».
aTroubles mentaux ignorés par l’armée
Bowe Bergdahl avait été capturé par les talibans après avoir quitté seul, subrepticement, sa base près de la frontière pakistanaise le 30 juin 2009. Il avait affirmé avoir quitté son poste en pensant sincèrement pouvoir rejoindre une autre unité pour y dénoncer des dysfonctionnements au sein de son poste.
Capturé par les talibans, il a été torturé pendant cinq ans, tendant de s’échapper à deux reprises. Les Etats-Unis avaient finalement accepté de l’échanger contre cinq cadres talibans en détention à Guantanamo. Le médecin qui l’a débriefé a témoigné que le soldat avait été récupéré dans un état « jamais vu pour un prisonnier de guerre depuis le Vietnam ». Selon des agents du renseignement, le déserteur a fourni une « mine de renseignements » sur les talibans après sa libération.
Si je juge n’a pas justifié sa clémence, un autre élément a été mis en avant par la défense de Bergdahl : il n’aurait jamais dû être autorisé à servir dans l’armée. Selon les experts, il souffrait de troubles de la personnalité schizotypique avant de s’engager. Il avait été renvoyé des gardes-côtes après une crise de panique. Mais la note du psychiatre s’est, semble-t-il, perdue dans la bureaucratie, et Bergdahl avait été autorisé à s’engager à nouveau dans l’armée, qui manquait de volontaires après le « surge » (hausse du déploiement de soldats) en Afghanistan.
Si l’affaire a autant déchaîné les passions, c’est notamment parce que des soldats du bataillon de Bergdahl le tiennent responsable de la mort de six marines en Afghanistan. Mais selon l’état-major américain, ils n’ont pas été tués en participant à des opérations de recherche.
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