Mais pourquoi tous les ex-conseillers de François Hollande sortent-ils un livre ?

Gaspard Gantzer fut chargé de la communication de François Hollande pendant la deuxième partie de son quinquennat.  ©AFP - Joël Saget
Gaspard Gantzer fut chargé de la communication de François Hollande pendant la deuxième partie de son quinquennat. ©AFP - Joël Saget
Gaspard Gantzer fut chargé de la communication de François Hollande pendant la deuxième partie de son quinquennat. ©AFP - Joël Saget
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"La politique est un sport de combat" de Gaspard Gantzer, et "si tout s'était passé autrement" signé Vincent Feltesse : deux nouveaux ouvrages viennent éclairer un quinquennat déjà largement documenté.

Dans les librairies, il y a déjà des rayons "science-fiction", "histoire", "économie", etc. Il va désormais falloir créer un rayon "François Hollande", tant les récits sur le quinquennat s'amoncellent. On ne sait pas si l'ex-président aura redressé le pays, il aura en tout cas relancé la croissance du marché littéraire.

Cette semaine, deux nouveaux récits sont publiés, signés de deux anciens conseillers : Gaspard Gantzer, ex-communicant de François Hollande, et Vincent Feltesse, qui était en charge des relations avec les élus. Ces deux livres s'ajoutent aux nombreux autres, écrits par d'anciens collaborateurs de François Hollande à l'Elysée (Pierre-Louis Basse, Claude Sérillon, Aquilino Morelle...).

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Ce déluge livresque pose plusieurs questions. D'abord, que cherchent les auteurs avec ces compte-rendus ? On peut formuler plusieurs hypothèses. La plus noble et la plus immodeste, c'est celle de concourir à l'Histoire, l'espoir secret de figurer parmi les sources utilisées par les futurs historiens. La citation mise en exergue par Vincent Feltesse est d'ailleurs la suivante : "Au- delà des luttes politiques et de nos contradictions, c’est à l’Histoire qu’il appartient maintenant de juger chacun de nos actes" (François Mitterrand le 10 mai 1981).

La seconde hypothèse est moins belle : il y a peut-être la volonté d'expliquer le naufrage, et d'indiquer pourquoi l'auteur du récit n'en est pas vraiment responsable. Ainsi, Gaspard Gantzer décrit à juste titre un président qui ne délègue pas vraiment sa communication. Qui continue à fréquenter les journalistes en tête-à-tête. Dans un autre genre, avec minutie, Vincent Feltesse montre la modicité des moyens dont dispose l'Elysée. Lui qui est chargé d'analyser l'opinion publique, ne dispose même pas d'un budget pour commander des études.

D'ailleurs, on apprend sous la plume de Feltesse qu'Emmanuel Macron, à l'époque lui-même conseiller du président, qualifiait l'Elysée de "sous-préfecture", à cause de ses locaux étroits, vieillots, peu adaptés.

Que celui qui n'a jamais publié un livre sur le quinquennat Hollande lève le doigt

Le paradoxe, c'est que ces deux livres, certes intéressants et bien écrits, viennent éclairer une période déjà documentée comme jamais sous la Vème république.

François Hollande a ouvert les portes et les fenêtres de l'Elysée. Depuis 2012, il a accueilli deux réalisateurs, Patrick Rotman et Yves Jeuland ; un dessinateur de bande-dessinée, Mathieu Sapin ; il a participé à trois livres de journalistes, dont celui de Davet et Lhomme, Un président ne devrait pas dire ça, qui causera sa perte.

Dès lors, chaque nouveau livre sur le quinquennat hollandais donne l'impression de tirer quelques gouttes supplémentaires d'un citron déjà bien pressé.

L'autre paradoxe : cette présidence fut peut-être l'une des plus impuissantes (comme le montre son épilogue)... et pourtant la plus racontée de l'intérieur. Y aurait-il une corrélation ? Le vrai pouvoir ne se cache-t-il pas ?

En d'autres termes, un conseiller devrait-il dire cela ? A la lecture des anecdotes qui racontent par le menu certaines réunions de cabinet à l’Élysée, on en vient à la conclusion que plus aucune phrase ne peut être échangée sans finir un jour dans un livre. Ceux qui savent ne parlent pas, ceux qui parlent ne savent pas, dit l'adage des serviteurs de l’État. Les conseillers de François Hollande auront finalement été à son image : diserts et bavards.

L'attrait principal de ces livres sur le quinquennat ? C'est le "mystère" Hollande. En les refermant, on ne comprend toujours pas vraiment qui est l'ancien chef de l'Etat. S'il est très intelligent ou très maladroit, ou les deux ; si ce désastre n'est en fait qu'une œuvre de génie qui a mal tourné.

Ce quinquennat est comme un tableau abstrait dont on ne désespère jamais vraiment de comprendre un jour le sens.

Frédéric Says

L'équipe