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FRANCE

Des étudiants étrangers refusés en master risquent de perdre leur titre de séjour

Conséquence de la loi sur la sélection en master : une vingtaine d'étudiants étrangers de l'université Toulouse-Jean Jaurès risquent de perdre leur titre de séjour. Pour protester contre cette mesure, ils ont décidé d'occuper la faculté.

Des membres de l'Union des étudiantEs de Toulouse ont empêché la tenue d'un conseil d'administration de l'université Mirail-Jean-Jaurès à Toulouse, le 24 octobre.
Des membres de l'Union des étudiantEs de Toulouse ont empêché la tenue d'un conseil d'administration de l'université Mirail-Jean-Jaurès à Toulouse, le 24 octobre. Facebook, Union des étudiantes de Toulouse
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Ils sont une vingtaine d’étudiants à se relayer nuit et jour depuis le 24 octobre pour bloquer la salle du conseil d'administration de leur université Toulouse-Jean-Jaurès. L’occupation des locaux, qui se poursuivait vendredi 3 novembre, à l’initiative de l'Union des étudiantEs de Toulouse (UET), a pour but d'attirer l’attention sur le cas de 26 étudiants sans affectation depuis la rentrée, dont une part majoritaire (22) sont étrangers. À défaut de pouvoir s’inscrire en master, ceux-ci risquent de perdre leur titre de séjour et de se retrouver "sans papiers".

L’un d’entre eux, Mohammed, dormira sur place cette nuit. Étudiant marocain, il se trouve dans une situation délicate. Titulaire d’une licence en gestion appliquée aux sciences humaines et sociales, il a été débouté de toutes ses demandes de master et n’a reçu aucune affectation malgré un recours déposé cet été auprès du rectorat.

En cause, une nouvelle loi entérinée par l’ex-ministre de l’Éducation Najat Vallaud-Belkacem et adoptée le 23 décembre 2016 par les parlementaires. Elle autorise les facultés françaises à sélectionner à l’entrée du master depuis la rentrée 2017. Cette loi stipule pourtant qu’unétudiant titulaire d’une licence qui n’aurait reçu aucune proposition d’admission en réponse à ses candidatures en master pourra faire valoir "un droit à la poursuite d’études" auprès du recteur de sa région académique. Ce dernier devra alors lui soumettre au moins trois propositions d’admission dans son établissement d’origine ou ailleurs dans son académie, ce qui n’a pas été le cas pour Mohammed et ses camarades.

"Si j’avais su, je ne serais pas venu en France"

Quelque 26 étudiants qui ont postulé au master Innovation, Entreprise et Société (INES) de l’université Toulouse-Jean-Jaurès se retrouvent sur le carreau et réclament aujourd’hui des explications. "Dans le cas de mes camarades français, la plupart ont accepté de recommencer une autre licence ou un master complétement différent de leur vœu initial" explique Mohammed à France 24. "Moi je suis venu en France spécifiquement pour mes études, pour intégrer ce master là, je ne peux pas me permettre de passer à côté".

Déjà titulaire d’une licence en économie et gestion au Maroc, il a souhaité reprendre une licence en France pour "acquérir de bonne base". "Si j’avais su, je ne serais pas venu. J’ai le sentiment d’avoir perdu deux années et d’en gâcher une de plus" lance-t-il. Mohammed comptait sur le master INES pour apprendre les bases du marketing digital et monter son entreprise au Maroc, une fois le diplôme en poche.

"C’est déjà ça, je vais accepter même si ça ne correspond pas exactement au master que je visais", explique Omar, un autre étudiant marocain dans le même cas. La rentrée ayant débuté au Maroc, il ne peut pas rattraper le cycle en cours.

Les actions de l’UEF dans sa faculté ont tout de même eu un effet. Le président de l’université Toulouse-Jean-Jaurès, pour pallier l'absence de réactivité du rectorat, a promis l'obtention de places pour la plupart des étudiants du groupe dans des masters à Pau et à Montpellier. "Toutefois, les formations proposées ne correspondent pas exactement au cursus dispensé à l’université de Toulouse et pourraient ne pas être adaptées à l’ensemble des étudiants" s’alarme l’UEF dans un communiqué.

"Je vais me retrouver sans papiers"

Pour Mohammed comme Omar, un autre problème de taille vient s’ajouter à l’échec de leur demande d’affectation : sans inscription, pas de renouvellement de leur titre de séjour.

Dans le cas du premier, le récépissé de la carte de séjour expire dans quatre jours."Je vais me retrouver sans papiers...", indique le jeune homme de 23 ans. La promesse du président d’université ne suffit pas pour renouveler ces documents. "Mon inscription à la fac de Pau ne se fera pas en moins de quatre jours", déplore Mohammed. "Si Pau m’accepte, il va falloir que je trouve un logement et je vais avoir besoin de mon titre de séjour pour cela aussi". Ce temps de latence complique les procédures.

L’étudiant, qui cumule les petits jobs d’animateur commercial et de manutentionnaire pour financer ses études, se sent acculé. "Mon travail m’a envoyé un message pour me prévenir que ma carte de séjour allait expirer, en me demandant de régulariser ma situation. Je ne sais pas quoi leur répondre, ça ne fait pas sérieux", regrette-t-il.

Pour l'heure, Omar et Mohamed se sont adressés à un avocat pour attaquer le rectorat devant le tribunal administratif.

 

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