Possibilité d'acheter des armes, de la drogue ou même d'engager un tueur à gages, le darknet (sous-ensemble d'Internet regroupant des pages non-indexées), accessible grâce à des logiciels spéciaux comme Tor, a une réputation sulfureuse. Mais au-delà de ces activités illégales, l'anonymat de cette partie immergée d'Internet permet de lutter contre la censure, de contourner la surveillance généralisée du web, mais aussi de s'informer. Cette latitude a séduit la rédaction du New York Times, qui a annoncé qu'elle lançait un site accessible uniquement via Tor. Ainsi le quotidien américain sera-t-il accessible par des internautes dans des pays où son site «normal» est censuré.
A lire aussiTor : mails-toi de tes oignons
«Certains lecteurs choisissent d'utiliser Tor pour accéder à notre contenu parce qu'ils sont techniquement bloqués pour accéder à notre site internet», a expliqué dans le post d'annonce Runa Sandvik, directrice de la sécurité au quotidien. En effet, leur site est bloqué depuis 2012 en Chine à la suite de la publication d'une enquête évaluant la fortune de la famille de Wen Jiabao (Premier ministre de 2003 à 2013) à 2,7 milliards de dollars. Un sujet tabou. L'application du journal a aussi été retirée de l'Apple store chinois, en décembre 2016, en vertu de la promulgation d'une loi sur l'administration du cyberespace chinois. Elle interdit notamment aux applications de faire des «publications ou diffusions d'informations ou de contenus interdits».
Une version expérimentale
L'enjeu est également d'offrir un contenu journalistique indépendant aux personnes qui «s'inquiètent de la surveillance du réseau local, parce qu'elles se soucient de la confidentialité en ligne ou simplement parce que c'est la méthode qu'elles préfèrent». Toutefois, pour l'heure, toutes les fonctionnalités du site, comme les commentaires et les connexions à des comptes, ne sont pas disponibles, le service étant «expérimental et encore en développement». L'objectif final étant de proposer le même contenu que sur le site initial. Si vous utilisez Tor, l'adresse pour y accéder est : https://www.nytimes3xbfgragh.onion/
A lire aussi«Darknet, l'autre réseau», au-delà des clichés
Le journal new-yorkais n'a cependant pas la primeur de cette initiative. Le site américain d'informations ProPublica, spécialisé dans le journalisme d'enquête, a été le premier média majeur à sauter le pas en janvier 2016. «Tout le monde devrait pouvoir décider quel type de métadonnées il laisse derrière lui. Nous ne voulons pas que quiconque puisse savoir que vous nous avez visités ou ce que vous avez lu», avait souligné Mike Tigas, développeur chez ProPublica, à Wired. La rédaction avait étudié cette possibilité lors de l'élaboration d'une enquête sur la censure en ligne chinoise afin que l'article soit accessible aux principaux concernés par le sujet, les lecteurs chinois.