Yvonne Baseden

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Yvonne Baseden
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 95 ans)
Nom de naissance
Yvonne Jeanne Vibraye BasedenVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Allégeance
Activités
Espionne, résistante, agent du SOEVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Arme
Grade militaire
Flight officer (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conflit
Lieu de détention
Distinctions
Plaque commémorative

Yvonne Baseden, née le dans le 15e arrondissement de Paris et morte le , est une espionne française.

Elle fut une agente secrète, officier du Special Operations Executive, le service secret britannique pendant la Seconde Guerre mondiale.

Biographie[modifier | modifier le code]

Premières années[modifier | modifier le code]

Yvonne Baseden naît dans le XVe arrondissement de Paris le . Après sa naissance, ses parents nomadisent par toute l’Europe (France, Belgique, Hollande, Italie, Espagne). Bilingue anglais-français, Yvonne a de bonnes notions d’autres langues. En 1937, la famille s’installe à Londres. En 1938, Yvonne quitte l’école pour la cueillette des pommes dans le Bedfordshire. En 1939, elle trouve un emploi de sténo-dactylo à Southampton.

Women's Auxiliary Air Force[modifier | modifier le code]

Le , Yvonne s’engage à l'âge de 18 ans dans la Women's Auxiliary Air Force, comme employée de bureau. Elle devient officier le , au grade de sous-lieutenant ou Assistant Section Officer (ASO)[1]. Elle est promue un an plus tard, le , au grade de Section Officer[2].

Elle est mutée au service de renseignement de la Royal Air Force, qui l’emploie aux interrogatoires d’aviateurs et de sous-mariniers allemands. Dans l’exercice de cette fonction, elle est signalée au SOE.

Special Operations Executive[modifier | modifier le code]

Le , la Section Officer (lieutenant) Baseden est affectée au SOE. Comme beaucoup de femmes venant de la WAAF, elle y reçoit une formation d’opérateur radio.

Dans la nuit du 18 au , accompagnée de Gonzague de Saint-Geniès, dont le nom de code est « Lucien », elle est parachutée à Herré (Landes), à 40 km à l'ouest de Condom (Gers). La mission, nom de code SCHOLAR, est de redresser le circuit DIRECTOR du SOE et de fédérer les maquis du Jura. Le lieutenant Baseden a notamment pour tâche d'être l'opérateur radio de « Lucien ».

Les deux agents parviennent séparément à Dole. « Lucien » conseille Charles Allouin qui assure l'intérim de la direction du réseau, avec des contacts dans plusieurs départements, mais surtout, dans le Jura, autour de Dole, de petits groupes de résistants ou de maquisards, dix à vingt hommes, qu'il s'agit d'armer sous la houlette de Radio-Patrie, couverture locale du SOE.

Après la guerre, Yvonne écrira : « Nous avons travaillé ensemble, la plupart du temps, parce que c’était plus pratique en ce qui concerne les transmissions. Toutes les questions concernant les opérations étaient discutées avec moi… La seule affaire que j’entends mal et que LUCIEN manipulait seul était le côté financier du travail… En me tenant informée de toutes les décisions, il espérait qu’au cas où n’importe quoi lui arriverait, je serais capable de continuer seule sur le terrain. »[3] [réf. nécessaire]

Arrestation[modifier | modifier le code]

Le 26 juin 1944, l'état-major du circuit SCHOLAR est réuni dans une fromagerie de Dole, la Maison Graff (dite Maison des Orphelins[4]), pour fêter le parachutage massif d’armement qui a eu lieu la veille à Lays-sur-le-Doubs (opération Zebra). Les convives s'attardent. Il y a des barrages en travers du chemin de leur prochain rendez-vous. Un jeune maquisard capturé, non loin de là, portant la valise-radio d'Odette, par un véhicule de Feldgendarmes, donne l'adresse du refuge, pensant que ses chefs l'ont déjà quitté comme prévu. Devant le bâtiment, les Feldgendarmes trouvent plusieurs bicyclettes neuves. À l'intérieur, l’épouse du gardien et une tablée de nombreux couverts. Plusieurs soldats sont alors postés dans l'immense maison. À la nuit tombante, le garde du grenier entend un bruit. Il tire dans le plafond. Une tache de sang apparaît. Il appelle ses camarades. Une grenade est lancée dans le double toit. Blessé, Saint-Geniès s’empoisonne. Yvonne et presque tous les autres sont battus et menottés deux à deux, moribonds compris. Seul Frédéric Mayor (gardien de la fromagerie) caché dans la cave échappe au coup de filet.

Captivité[modifier | modifier le code]

Le lieutenant Baseden, sous le nom de « Jeanne Bernier » présent sur les faux papiers qu'elle a sur elle, est conduite à la Feldgendarmerie de Dole. Les enquêteurs ne savent pas qui elle est. Aucun de ses compagnons ne la trahit. Elle joue la belle idiote. Un soudard lui écrase les pieds à coups de brodequins. Fin juin, transférée à Dijon et gardée au secret, elle est soumise à un simulacre d’exécution. Le , elle est déportée à la prison de Sarrebruck. Le , toujours anonyme, elle est envoyée au camp de Ravensbrück. Elle racontera plus tard : « Les Allemands ne savaient pas que j’étais un agent. J’avais juste été raflée avec un tas d’autres et je n’avais sur moi ni documents ni rien du tout. Le fait qu’il n’y ait eu aucun document m’a sauvé la vie. »[5] [réf. nécessaire]

Fin février 1945, épuisée, elle est admise au Revier (infirmerie). Quatre agentes du SOE identifiées en tant que telles lors de leur arrestation sont exécutées au camp pendant cette période : Violette Szabo, Denise Bloch, Lilian Rolfe et Cecily Lefort. Le 25 avril 1945, Jeanne Bernier est remise à la Croix-Rouge suédoise, dans le cadre des accords Himmler-Bernadotte qui sauvent la vie de centaines de détenues.

Reconnaissance[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Rubans des décorations


Member of the Order of the British Empire
1939-45 Star France and Germany Star War Medal 1939-1945
Légion d'honneur
(Chevalier)
Croix de Guerre Médaille de la Résistance française

Yvonne Baseden a reçu les distinctions suivantes :

Monuments[modifier | modifier le code]

À Losse (quartier de Lapeyrade) (Landes), une stèle honore le nom d'Yvonne Baseden parmi les sept agents amenés en France lors de cinq parachutages réalisés entre août 1943 et avril 1944 sur les terrains d'alentour :

La stèle, érigée à l'initiative de l’amicale du réseau Hilaire-Buckmaster (c'est-à-dire du réseau WHEELWRIGHT), a été inaugurée le [6].


À Herré (Landes), le 22 avril 2018, a été inauguré un monument édifié sur la zone de saut, utilisée par Gonzague de Saint-Geniès et Yvonne Baseden. Ils ont sauté le 19 mars 1944 sur le terrain répondant au nom de code « ROULETTE ». La cérémonie a eu lieu sous la direction du commandant Dominique HENNERICK président de l’Union nationale des parachutistes cote Basque - Sud Landes, en présence des deux familles, de Monsieur Frédéric PERISSAT préfet des Landes, le Wing commander lieutenant-Colonel Sean ORR, de Monsieur de ANDREIS directeur de l’ONAC Office national des anciens combattants et victimes de guerre, du Délégué militaire des Landes, des maires des communes, des résistants et de très nombreux parachutistes[7].

Inauguration de la Stèle à Herré (Landes) le 22 avril 2018.

Identités[modifier | modifier le code]

  • État civil : Yvonne Jeanne Thérèse de Vibraye Baseden, épouse Bailey puis Burney.
  • Comme agent du SOE
    • Nom de guerre (field name) : « Odette »
    • Nom de code opérationnel : BURSAR (en français ÉCONOME)
    • Nom de code du Plan, pour la centrale radio : TOGA
    • Faux papiers : établis au nom de Jeanne Bernier, sténo-dactylo.

Parcours militaire : SOE, section F ; grade : acting Flight Officer (capitaine) ; matricule WAAF : 4189.

Famille[modifier | modifier le code]

Pilote du Royal Flying Corps pendant la Grande Guerre, son père fait un atterrissage forcé près de la maison des Vibraye (famille anoblie en 1349 par Philippe VI de Valois) dont il épouse la fille, Antoinette (1894-1993).

Bibliographie et filmographie[modifier | modifier le code]

  • Robert et les ombres, documentaire de Jean-Marie Barrère, 2005. Histoire de résistants français et d'agents du SOE, dans le Gers et les Landes. Yvonne Baseden intervient dans ce documentaire.
  • Michael R. D. Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978-2-84734-329-8). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004.
    Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France. Une référence essentielle sur le sujet du SOE en France.

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Publication dans la London Gazette du .
  2. Publication dans la London Gazette du .
  3. Dossier SOE de Saint-Geniès
  4. Adresse actuelle de la Maison des Orphelins : 173, avenue Jacques-Duhamel, 39100 Dole.
  5. Déclaration au Daily Telegraph
  6. Source : Libre Résistance, n° 7, p. 5.
  7. « Google Sites : connexion », sur accounts.google.com (consulté le )

Sources et liens externes[modifier | modifier le code]

  • Fiche « Baseden, Yvonne Jeanne Therese de Vivraye », avec photographies sur le site Special Forces Roll of Honour.
  • Cahiers dolois n°10, Dole 1944, Revue des amis de la bibliothèque et des archives de Dole, 1994.
  • Germaine Tillion : Ravensbruck, Paris, Seuil, Point-Histoire, 1997
  • Archives Nationales, Réseaux Buckmaster, 72AJ39 et 40.
  • National Archives, Saint-Geniès SOE File, HS9/576/2.
  • Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon.
  • Daily Telegraph du 11 octobre 2002.
  • Opex360 du 5 Novembre 2017 [2].
  • Article du Point à son décès [3].
  • Article du Times à son décès [4].