Voitures d'occasion : le krach annoncé du diesel

Des délais de vente qui s'allongent et des prix en baisse : les particuliers ont de plus en plus de difficultés à revendre leurs anciens véhicules diesels.

Près de 65% des véhicules d'occasion sont à motorisation Diesel.
Près de 65% des véhicules d'occasion sont à motorisation Diesel. LP/Philippe Lavieille

    Qui veut acheter ma voiture diesel ? De nombreux propriétaires de véhicules qui roulent avec ce carburant commencent sérieusement à s'inquiéter. Selon une étude réalisée par la start-up Bonnie&Car, spécialisée dans la vente de voitures d'occasion, les automobiles au diesel n'ont plus la cote. Pis, elles perdent de la valeur.

    Ainsi, une Coccinelle Volkswagen de 2013 dont le kilométrage oscille entre 50 000 km et 100 000 km se négociera en moyenne 2 000 € de plus si elle est à essence. Punition identique pour un Nissan Qashqai Tekna de même kilométrage et sorti en 2015. Un paradoxe quand on sait que les versions diesels, plus chères à l'achat, se revendaient traditionnellement à un prix plus élevé. La cote d'une Coccinelle diesel s'établit normalement à 15 000 €, contre 13 500 € dans sa version essence. Tandis que celle d'un Qashqai diesel est de 19 000 €, contre 18 000 € pour sa cousine à essence.

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    Bref, sale temps pour le véhicule d'occasion qui roule avec un moteur au gazole. Qu'elle semble déjà loin la période bénie des diésélistes quand, en 2008, Nathalie Kosciusko-Morizet, alors secrétaire d'Etat à l'Ecologie, créait un bonus-malus favorable au diesel. Il s'agissait à l'époque d'encourager cette technologie moins émettrice en gaz à effet de serre.

    Depuis, la chasse aux voitures diesels a été lancée. Avec comme date d'ouverture 2012 et le classement par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) des gaz d'échappement des moteurs diesels parmi les cancérigènes. La suite est une lente descente aux enfers avec le scandale du dieselgate qui révèle en septembre 2015 que Volkswagen et d'autres constructeurs ont triché pour passer les contrôles antipollution. La confiance de l'automobiliste s'érode.

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    Dans le même temps, les élus se sont emparés du dossier : Paris établit un calendrier pour bannir le diesel, le gouvernement rapproche la fiscalité du gazole de celle de l'essence... Résultat, alors que les Français étaient « accros » au diesel, celui-ci représente moins de la moitié des voitures neuves vendues en 2016. Après avoir tout d'abord boudé les diesels neufs, les automobilistes se détournent désormais aussi des diesels d'occasion. Les délais de vente s'allongent, les acheteurs négocient pied à pied. Ce retournement pourrait avoir à terme de redoutables conséquences sur un marché de l'occasion où s'échangent 6 millions de véhicules par an. « C'est un vrai bouleversement des habitudes. A l'échelle du pays, de nombreux ménages risquent de perdre pas mal d'argent, comme lors d'un krach immobilier », alerte Maxime Grandjean, fondateur du site Bonnie&Car. Et on ne serait qu'au début de ce basculement. « Les mesures politiques commencent seulement à se traduire sur le plan économique. »

    QUESTION DU JOUR. Croyez-vous que le diesel est condamné?