MONDEIl sauve sa belle-famille syrienne, la Grèce l'accuse d'être un passeur

Il part sauver sa belle-famille syrienne, la Grèce l'accuse d'être un passeur de clandestins

MONDEStéphan Pélissier un juriste albigeois vit un cauchemar judiciaire depuis qu’il est allé secourir sa belle-famille syrienne en août 2015…
Illustration de la balance de Thémis, symbole de la Justice. (Illustration)
Illustration de la balance de Thémis, symbole de la Justice. (Illustration) - SUPERSTOCK / SIPA
Hélène Ménal

Hélène Ménal

L'essentiel

  • Ce juriste albigeois devait être jugé ce jeudi par une cour d’assises grecque en tant que passeur de clandestins.
  • En août 2015, il est parti secourir sa belle-famille syrienne réfugiée sur l’île de Samos.
  • Il ne comprend pas pourquoi la Grèce s’obstine à la poursuivre.

Ce jeudi, Stéphan Pélissier, était chez lui, à Albi dans le Tarn. Il avait beau se dire « optimiste », on le sentait fébrile. Il faut dire qu’au même moment en Grèce, il devait comparaître par contumace devant une cour d’assises. Il est accusé d’être un criminel, un vulgaire passeur de clandestins.

Stephan Pélissier (à gauche) avec son épouse et sa belle-famille syrienne.
Stephan Pélissier (à gauche) avec son épouse et sa belle-famille syrienne. - Stephan Pelissier

Ses déboires ont commencé en août 2015, quand il a sauté dans sa voiture pour aller secourir sa belle-famille syrienne, en transit sur l’Ile grecque de Samos. La petite troupe venait de traverser la Méditerranée « dans un Zodiac de 8 mètres où s’entassaient une soixantaine de réfugiés » et qui n’a été sauvé qu’in extremis du naufrage par les gardes-côtes grecs.

L'île de Samos en Grèce. (Illustration)
L'île de Samos en Grèce. (Illustration) - Maps4News

A l’époque, Stéphan Pélissier suit la situation de loin avec sa femme syrienne qu’il connaît depuis 10 ans. Il voit progressivement le climat se tendre pour son beau-père employé administratif dans la banlieue de Damas. Ce dernier craque et décide de fuir avec sa femme, deux de ses enfants et un jeune cousin. « Ils nous ont appelés de Grèce et raconté la première traversée en nous disant qu’ils avaient l’intention d’en tenter une seconde vers l’Italie. Là, on s’est dit, on ne peut pas les laisser prendre le risque », raconte le juriste tarnais.

Le silence de l’Elysée

Il les retrouve donc en Grèce. Et c’est au moment d’embarquer avec eux sur un ferry qu’ils se font pincer. Arrestation, nuit en cellule. Son beau-père n’a pu sauver que son permis du presque naufrage. Mais heureusement, Stéphan a pris avec lui son livret de famille. « Dans l’espace Schengen, on n’est pas considéré comme un passeur quand il s’agit d’aider des membres de sa famille », rappelle l’Albigeois. La situation finit donc par se régler et tout le monde rentre en France en ordre dispersé.

Stéphan laisse le périple derrière lui, ne croyant avoir affaire à la justice grecque que pour récupérer sa voiture. Il rêvait. Il y a un peu plus d’un mois, la convocation du tribunal est arrivée. En prenant connaissance du dossier transmis par son avocate grecque, Stéphan s’aperçoit que toute mention à un lien familial a été expurgée.

Il est bel et bien devenu officiellement un passeur sans scrupule. Et, il l’est toujours à cette heure pour la justice grecque. Malgré la pétition lancée en ligne et malgré son courrier à Emmanuel Macron, resté sans réponse.

En raison du trop grand nombre d'affaires, Stéphan Pélissier a été informé jeudi en début d'après-midi que son procès grec était reporté au 29 novembre. Cela laisse peut-être le temps à la diplomatie française d'intervenir...

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