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Sarkozy sur écoute : Hollande était-il au courant ?

François Hollande à son arrivée à Cahors, lundi, pour assister aux obsèques de l'ancien ministre Maurice Faure. ERIC CABANIS/AFP

Pour les spécialistes, Valls et Taubira ne pouvaient ignorer l'affaire et ont forcément avisé le président.

François Hollande pouvait-il ignorer que Nicolas Sarkozy était sur écoute depuis un an? Mise en perspective avec les derniers rebondissements de l'affaire Azibert, cette confidence du chef de l'État, recevant récemment de jeunes députés PS, et rapporté par Le Journal du dimanche, prend une saveur particulière: «Ne vous inquiétez pas, je le surveille. Je sais exactement ce qu'il fait!»

À droite la stupéfaction le dispute à la colère. «Rien de tout cela n'est dû au hasard», proteste l'ex-ministre Brice Hortefeux, lui-même «branché» des mois durant.

Manuel Valls préfère se taire. Christiane Taubira, de son côté, jure ses grands dieux qu'elle n'y est pour rien ou si peu: «Moi, je ne dispose pas des éléments de la procédure, je ne dispose pas du contenu de la procédure», a-t-elle déclaré sur France Info, lundi.

Mais est-il nécessaire de détenir les pièces d'un dossier pour savoir ce qu'il révèle? Dans le sérail judiciaire, en tout cas, nos interlocuteurs sont unanimes. «Le président, non informé? Inimaginable, réagit spontanément un ancien directeur de la PJ. Quand des écoutes durent depuis si longtemps, il est impensable que la Chancellerie et l'Intérieur n'aient pas été avisés et qu'ils n'aient pas fait remonter les informations.»

La Chancellerie savait inévitablement. Pour la simple raison que c'est le parquet, placé sous son autorité, qui ouvre les informations judiciaires et étend les saisines des juges d'instruction.

La Chancellerie savait inévitablement. Pour la simple raison que c'est le parquet, placé sous son autorité, qui ouvre les informations judiciaires et étend les saisines des juges d'instruction. La Direction des affaires criminelles et des grâces veille au grain et le directeur de cabinet de la garde des Sceaux assure un suivi permanent.

Christiane Taubira, qui s'était pourtant engagée, dès l'été 2013, à renoncer aux instructions écrites a d'ailleurs levé un coin du voile sur sa stratégie relative aux affaires, juste avant de créer son procureur national financier, si décrié.

Le 31 janvier, la garde des Sceaux a produit une circulaire pénale dans laquelle elle exigeait des procureurs généraux une remontée d'informations, eu égard à «la personnalité de l'auteur ou de la victime (“élus”, “personnalités de la société civile”)». Et même pour tout dossier faisant l'objet d'une «médiatisation possible ou effective de la procédure». «Difficile d'être plus clair», ironise Jean-Paul Garraud, président de l'Association professionnelle des magistrats (APM).

La Place Beauvau bruisse déjà de mille rumeurs. Un préfet raconte que «pour la première fois depuis longtemps, on voit des représentants de la PJ aller directement dans les bureaux du ministre, alors que c'était au DGPN autrefois d'assurer la liaison». Les principaux postes de la PJ ont tous été réattribués. Autre temps, autres mœurs.

La seule affaire libyenne, qui a justifié les écoutes qui font scandale aujourd'hui, a mobilisé jusqu'à trente-deux fonctionnaires. «C'est l'opération “Overlord”», s'amuse un policier de haut rang qui ajoute: «Il aura fallu de la constance pour assurer le suivi et le décryptage de centaines, voire de milliers d'heures d'écoutes de l'ex-président, de son avocat, de deux ex-ministres et de leurs nombreux proches.»

Pour lui, c'est sûr, «tout ce qui est exploitable a bien dû remonter, au moins verbalement, ne serait-ce que par la voie hiérarchique. Ou alors la PJ est morte». Mais voilà, du directeur de cabinet du premier flic de France au ministre lui-même, qui pourrait avouer aujourd'hui qu'il savait?

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