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CENTENAIRE 14-18

Historial franco-allemand du Hartmannswillerkopf : "Tous dans la même galère"

Le premier historial franco-allemand sur la Grande Guerre a été inauguré par le président français et son homologue allemand au Hartmannswillerkopf. Ce massif des Vosges, théâtre de terribles combats en 14-18, est désormais un symbole d'amitié.

Au sommet du Hartmannswillerkopf, le monument en hommage aux soldats du 152e régiment d'infanterie.
Au sommet du Hartmannswillerkopf, le monument en hommage aux soldats du 152e régiment d'infanterie. Stéphanie Trouillard, France 24
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La "montagne de la mort" ou "la mangeuse d’hommes". À l’issue de la Première Guerre mondiale, leHartmannswillerkopf, un éperon rocheux du massif des Vosges, a gagné de sinistres surnoms. Entre décembre 1914 et janvier 1916, cette position stratégique surplombant la plaine d’Alsace a été le théâtre de terribles combats. Sur ce champ de bataille, les armées françaises et allemandes ont perdu près de 30 000 hommes.

Le champ de bataille du Hartmannswillerkopf

Une étroite collaboration entre scientifiques français et allemands

Cent ans plus tard, sur le lieu même de ces affrontements, un nouveau site de mémoire sera inauguré, vendredi 9 novembre, par le président français, Emmanuel Macron, mais aussi par son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier. Sa particularité ? Il s’agit du tout premier historial franco-allemand de la Grande Guerre. Pendant trois ans, un comité scientifique, composé de spécialistes des deux côtés du Rhin et coprésidé par les historiens Gerd Krumeich et Nicolas Offenstadt, a travaillé en étroite collaboration à sa conception. "C’est vraiment une première à un tel niveau", souligne Florian Hensel, le commissaire d’exposition. "Nous avons réfléchi à parité pour trancher les différentes questions et établir un discours commun. L’idée n’était pas de proposer un angle chronologique, mais plus humain. Nous voulions montrer que les soldats français et allemands ont vécu la même chose".

Dès l’entrée, ce sont des uniformes des soldats des deux pays qui ont été placés côte à côte. Dans un espace très moderne, qui a ouvert ses portes au public en août, les visiteurs sont ensuite "transportés" sur le champ de bataille grâce à un film dernière génération. Les ombres des soldats défilent sur l’écran. Les balles sifflent. L’ombre de la mort est omniprésente. "Bientôt tout gronda. Les obus, les bombes, les torpilles aériennes faisaient voler les arbres en l’air et les pierres aussi", raconte André Larrue du 27e bataillon de chasseurs alpins, en avril 1915. "Coup sur coup, d’autres mines suivent, des tirs d’artillerie arrivent de trois côtés. Malheureusement, ils visent plutôt juste. En très peu de temps, nous déplorons déjà des morts et plusieurs blessés", décrit aussi la même année, dans l’autre camp, Fritz Klingenberg duGarde-Schützen-Bataillon.

Dans ce nouvel historial, la parole est donnée à tous les combattants sans distinction. Sur une borne interactive, les noms des Français et des Allemands qui ont participé aux combats du Hartmannswillerkopf sont même réunis. "C’est vraiment lemessage qu’on essaye de faire passer. Ils ont tous vécu la guerre sur la même montagne ; Ils étaient tous dans la même galère", insiste Florian Hensel.

"Une histoire qui appartient à nos deux pays"

Cette approche originale séduit les visiteurs. "C’est une partie de notre histoire qui appartient à nos deux pays. C’est une bonne chose d’avoir un tel lieu où nous pouvons être réunis. Être séparés n’est pas une bonne chose", estime Petra, une Bavaroise accompagnée de son mari et ses deux enfants. Le bouche-à-oreille n’a toutefois pas encore vraiment fonctionné. "Je ne savais pas qu’il y avait un historial franco-allemand, au départ, nous étions juste venus pour visiter le champ de bataille", ajoute-t-elle.

Karl, un autre touriste allemand découvre aussi l’existence de ce nouveau lieu de mémoire. "Je n’en avais pas entendu parler. Malheureusement, nous parlons peu de la Première Guerre mondiale dans notre pays. Les gens ont tendance à oublier que la guerre est quelque chose de grave. 30 000 morts ici, cela n’a pas de sens", explique ce retraité originaire de la Forêt-Noire. "Cet historial est donc une bonne chose. J’aime la France !".

Visite de l'historial franco-allemand

"On sort des chiffres ou des dates"

Ceux qui ont pour habitude de fréquenter les musées sur la Grande Guerre seront cependant peut-être déroutés par la scénographie. Des panneaux explicatifs et des outils multimédia ont supplanté casques, baïonnettes ou médailles en tout genre exposés dans des vitrines. "Ce n'est pas un musée. C'est plus un centre d'interprétation. Nous ne voulions pas faire une collection d’objets. Notre musée à ciel ouvert, c’est le champ de bataille qui se trouve à l’extérieur. L’historial est une invitation à parcourir ce site", résume Florian Hensel.

Seule exception, à la sortie de la grande salle d’exposition, une stèle est particulièrement mise en valeur. "Hier ruht ein französischer Krieger" (Ici repose un combattant français), peut-on lire sur ce bloc en pierre retrouvé dans une tranchée duHartmannswillerkopf. Il a été gravé par des soldats allemands en l’honneur d’un poilu. Une marque de respect entre combattants ennemis. Tout un symbole pour le commissaire d’exposition : "C’est l’un des rares vestiges franco-allemand de la guerre. Il incarne cette histoire. On sort des chiffres ou des dates qui finalement ne parlent pas à grand monde. Là, on donne un visage humain à tous ces types. Ils sont ensemble".

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