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Attentats du 13 novembre : des victimes toujours dans le désarroi

Présidents d'associations qui démissionnent, rescapés ou proches qui se sentent délaissés… A l'approche de la commémoration des deux ans des attentats de Paris et Saint-Denis, des victimes du terrorisme font part de leur malaise.

Arnaud Focraud , Mis à jour le
Commémoration du 1er anniversaire de l'attentat du Bataclan, le 13 novembre 2016.
Commémoration du 1er anniversaire de l'attentat du Bataclan, le 13 novembre 2016. © Reuters

Deux ans ont passé, mais la reconstruction des victimes du terrorisme est toujours aussi difficile. A l'approche des deux ans des attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis, plusieurs familles font part de leur désarroi. Interrogée vendredi par BFMTV , l'une d'elle fait savoir qu'elle ne participera pas aux commémorations prévues à Paris, lundi. Une façon pour Elisabeth Boissinot, mère de l'une des victimes de la terrasse du bar Le Carillon, de manifester sa colère contre les autorités. "Ils nous ont laissé tomber. Ils vont se mettre en avant mais ça ne va rien nous apporter. Ce n'est pas parce qu'ils vont s'arrêter dix minutes devant la plaque de Chloé [sa fille, NDLR] que je vais aller mieux. Moi ce que je veux ce sont des faits concrets. Qu'ils avancent, qu’ils reconnaissent leurs torts, qu’ils reconnaissent qu’il y a des choses qu’ils ne savent pas faire, ou qu’ils n'ont pas faites", déclare-t-elle.

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Un secrétaire d'Etat supprimé… puis remplacé

D'autres ont le même sentiment d'abandon. "Personne ne nous appelle pour nous demander si ça va, si on a besoin d’aide, de voir un kiné, ou d’être suivi psychologiquement", témoigne également sur BFMTV Sophie Parra, rescapée de l'attentat du Bataclan. "A l'heure actuelle il n’y a rien. Ce n’est même plus de l’abandon. On a l’impression qu’ils s’en foutent de nous."

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Ce reproche se fonde notamment sur la suppression au début du quinquennat Macron du secrétariat d'Etat chargé de l'Aide aux victimes, qui coordonnait l'ensemble de cette prise en charge. Une décision restée incomprise pour beaucoup de familles, à qui on enlevait un précieux interlocuteur. Après trois mois de flottement, le gouvernement a finalement créé en août un poste de délégué interministériel à l'Aide aux victimes, qui a été confié à la magistrate Elisabeth Pelsez. "Toutes les équipes du secrétaire d'Etat sont rattachées à cette direction, il y a une concentration de tous les moyens, nous avons le sentiment qu'il y a une reprise de main qui a été faite", a tenu à tempérer vendredi sur la chaîne d'informations Guillaume Denoix de Saint Marc, porte-parole de l'Association française des victimes du terrorisme. "Il y a eu des inquiétudes durant l'été mais elles ne sont plus d'actualité, on est en train de reprendre pied", a ajouté ce responsable, lui-même fils d'une victime de l'attentat du DC10 d'UTA en 1989, avant d'inviter les familles se sentant délaissées à prendre contact avec son association.

Des présidents d'associations de victimes passent la main

Mais d'autres mouvements, spécifiquement créés après les attentats de 2015, ont également connu leur lot de chamboulement ces dernières semaines. Libération a fait les comptes ce vendredi : l'association "13 onze 15, Fraternité et Vérité" a vu le départ de son président, Georges Salines, et d'un membre du conseil d'administration, Emmanuel Domenach, tandis que l'association "Life for Paris" a également connu un changement à sa tête, avec le départ de Caroline Langlade. La semaine dernière, celle-ci confiait d'ailleurs à BFMTV sa difficulté à surmonter son stress post-traumatique, l'origine d'autres problèmes de santé. Au sein de son association, cinq autres rescapés de ces attentats ont connu une mort prématurée, ajoute BFMTV : quatre à la suite de complications cardiaques, la dernière s'étant suicidée en pleine dépression.

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Le nouveau président de Life for Paris, Arthur Dénouveaux, juge dans Libération que ces départs sont en partie liés à ce "nouveau cycle de travail" qui s'ouvre avec le gouvernement. Il juge d'ailleurs ce travail "extrêmement usant" et constate être "l'un des seuls encore en poste" parmi les "figures médiatiques" des mouvements d'aide aux victimes. L'une de ces figures, Stéphane Gicquel, président de la Fenvac (fédération des victimes de terrorisme et d’accidents collectifs) jusqu'à sa démission le mois dernier, vient même de tenter de mettre fin à ses jours et est actuellement hospitalisé. Le très actif "lobbyiste des victimes", comme il se nommait lui-même, avait confié en juillet à Libération être "abattu".

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