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Laurence Parisot : « Monsieur Hulot, abolissez la chasse à courre ! »

Dans une tribune au « Monde », la présidente d’honneur du Medef demande au ministre de la transition écologique de mettre fin à la vénerie, une pratique jugée cruelle et d’un autre âge.

Publié le 11 novembre 2017 à 06h31, modifié le 20 septembre 2020 à 08h56 Temps de Lecture 3 min.

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Tribune. Monsieur le ministre de la transition écologique et solidaire, cher Nicolas Hulot, allez sur YouTube. Tapez « cerf abattu ». Regardez la vidéo. Avez-vous jamais vu une pareille dignité ? Le regard impavide, la tête haute, le souffle âpre, le cerf a cessé de fuir.

Se croit-il en sécurité dans le jardin de ce coquet pavillon en bordure de la forêt de Compiègne ? A-t-il compris que tous ceux qui sont sortis de chez eux pour le voir et qui s’agglutinent devant les grilles de la maison, veulent qu’il vive ? A-t-il entendu le sanglot angoissé de cette enfant qui implore qu’on le laisse tranquille ? Hélas. Quelques gendarmes et un maître d’équipage plus tard, le sang du cerf ruisselle sur les dalles blanches de la rue de la Vénerie – quelle prédestination ! – à Lacroix-Saint-Ouen, dans l’Oise.

Nous sommes des dizaines de milliers de Français sous le choc de cette vidéo. Et nous sommes des millions de Français à être bouleversés par la souffrance animale. Mais, puisque cette émotion nous est reprochée, tentons d’aborder la question de la chasse à courre avec l’exigence de la rationalité.

Une chasse à courre ce sont des cavaliers, les veneurs, accompagnés de chiens courants, les chiens d’ordre, et d’hommes à pied avec leurs chiens de recherche, les limiers. Le gibier (cerf, chevreuil, sanglier, renard…) est traqué pendant des heures. Lorsque l’animal épuisé est piégé, les chasseurs sonnent l’hallali. La bête meurt sous l’effet des innombrables morsures de la meute et/ou des coups de dague de l’un des chasseurs.

Officiellement un loisir sportif

Les praticiens de la chasse, tout comme les historiens, racontent que la vénerie est une très ancienne tradition française. C’est vrai. Le roi François Ier, par exemple, en était fou. Au point de gagner le surnom de « Père de la vénerie ». Il l’a en effet transformée, codifiée et consacrée, ô paradoxe, en art de « vivre ».

En 1561, un gentilhomme du Poitou, un certain Jacques du Fouilloux, écrivait dans son traité à la gloire de Charles IX – un autre de nos rois chasseurs : « La meilleure science que nous pouvons apprendre (après la crainte de Dieu) est de nous tenir et entretenir joyeux… je n’en ai trouvé plus noble et plus remarquable que l’art de la vénerie. »

Comprenez bien : la chasse à courre appartient depuis toujours à l’univers du loisir, pas à celui du besoin. Ce divertissement était, avec son luxe d’équipages, d’armoiries et de festins, le meilleur moyen d’occuper les hommes en période de paix, et d’entretenir chez eux courage, adresse et… instinct belliqueux ! Chasse à courre, loisir, guerre étaient en réalité indissociables.

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