POLITIQUE - La fin d'une amitié de 30 ans. Depuis 1988 et la sortie de Sciences-Po d'Éric Ciotti, lui et Christian Estrosi avançaient main dans la main. Élu député à cette date, l'ancien champion de moto entraîne avec lui le désormais ex-étudiant, pour une ascension qui les mènera jusqu'aux plus hautes sphères de l'État.
Tour à tour, Éric Ciotti devient collaborateur parlementaire de son aîné, son directeur de cabinet à la mairie de Nice, son conseiller ministériel puis son successeur sur la scène locale. Christian Estrosi n'aurait jamais imaginé quelqu'un d'autre pour lui succéder d'ailleurs, "quelqu'un de si loyal, de si fidèle", comme il le dit quand son ami est élu député pour la première fois.
Plus de téléphone, ni de photocopieuse
Aujourd'hui, Christian Estrosi tient la mairie de Nice et Éric Ciotti le département. Et entre les deux hommes, rien ne va plus, comme l'explique ce 12 novembre Le JDD dans une longue enquête. L'ancien binôme se snobe lors des cérémonies officielles, les deux hommes ont abandonné la bise pour une poignée de main formelle, ils jouent à cache-cache pour ne jamais se croiser, empêchent les projets de l'autre d'aboutir.
Théâtre de ces affrontements puérils, le conseil départemental des Alpes-Maritimes, où les soutiens de Ciotti sont majoritaires, mais où ceux d'Estrosi ont fait dissidence pour se retrouver de plus en plus proches de la République en Marche, et s'éloigner d'autant de leurs frères d'armes. L'exemple le plus révélateur de cette situation ubuesque, toujours dans le JDD: Éric Ciotti, en charge de la trésorerie de LR, a pris la décision de ne plus payer la ligne téléphonique et les frais d'entretien de la photocopieuse de la permanence de son mentor.
La cour de récréation de LR
"C'est du niveau d'une cour d'école", soupire-t-on au siège des Républicains à Paris, rapporte Le JDD alors qu'Éric Ciotti et Christian Estrosi prévoient justement de s'affronter pour la présidence de la fédération locale du parti en 2018.
Au soir de sa réélection aux dernières législatives, Ciotti l'avait clamé: "J'ai été élu sans Christian Estrosi et quelque part avec son opposition", lançant ainsi définitivement la guerre ouverte. Un conflit qui pourrait désormais se régler, au-delà de la question de la présidence de la fédération LR, lors des élections municipales de 2020...
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