Le président des Philippines, Rodrigo Duterte, a autorisé une guerre à la drogue sanglante ayant comporté des exécutions extrajudiciaires. Cette semaine, il s'est vanté d'avoir tué un homme de ses propres mains.

Tout cela pourrait très bien être absent des propos en public du président américain Donald Trump lorsque les dirigeants s'entretiendront, lundi, à Manille.

Cassant avec la tradition de ses prédécesseurs à la présidence, M. Trump a largement abandonné les pressions publiques sur les dirigeants étrangers concernant les droits de la personne, montrant plutôt une volonté de se rapprocher d'autocrates - comme le roi d'Arabie saoudite Salman, le président égyptien Abdel-Fatah el-Sissi et le président russe Vladimir Poutine. Et plus tôt dans ce voyage en Asie, il n'a pas fait mention des droits de la personne lors de multiples apparitions à Pékin avec le président chinois Xi Jinping.

Mike Chinoy, doyen à l'Institut Chine-États-Unis de l'Université de la Californie du Sud, ne serait pas surpris de voir M. Trump, non seulement ne pas critiquer Rodrigo Duterte, mais lui «donner une tape dans le dos».

La guerre à la drogue du président des Philippines a alerté des militants de défense des droits de la personne à travers le monde, qui affirment qu'elle a permis à des policiers et des civils d'ignorer les lois et de se faire justice. Des responsables gouvernementaux estiment que plus de 3000 personnes, la plupart des consommateurs de drogue et des trafiquants, sont mortes dans les opérations encore en cours. Des groupes de défense des droits de la personne disent croire à un bilan beaucoup plus lourd, probablement près de 9000 victimes.

Trump propose d'être médiateur dans les conflits en mer de Chine méridionale

Le président américain Donald Trump a offert dimanche d'être médiateur dans les conflits en mer de Chine méridionale, tandis que son homologue chinois a minimisé les craintes sur la présence militaire accrue de Pékin et les perspectives d'une guerre dans les eaux faisant l'objet de revendications rivales.

M. Trump et le président chinois Xi Jinping ont pris la parole séparément concernant les conflits territoriaux en vue d'un sommet annuel des pays de l'Asie du Sud-Est qui inclut aussi les États-Unis, la Chine et d'autres joueurs mondiaux. Ces conflits devraient être sous les projecteurs au sommet, de même que la menace nucléaire de la Corée du Nord et le terrorisme.

Contrairement à la Chine, les États-Unis n'ont pas de revendication sur les eaux potentiellement riches en pétrole et stratégiques, mais Washington a affirmé avoir un intérêt à assurer une libre circulation par les eaux et les airs et la résolution pacifique des différends. Plusieurs pays soutiennent une présence militaire active des États-Unis dans la région comme contrepoids aux actions de plus en plus frontales de la Chine, incluant la construction de sept îles artificielles dotées d'installations militaires.

Lors d'une conférence de presse avec le président vietnamien Tran Dai Quang à Hanoi, avant de s'envoler pour Manille pour le sommet de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), M. Trump a affirmé qu'il était un «très bon médiateur et arbitre».

La proposition du président fait face à plusieurs obstacles. De l'un, la Chine s'est opposée à maintes reprises à ce qu'elle a qualifié d'ingérence des États-Unis et a décrié les incursions de la Marine américaine dans ce que Pékin considère comme ses eaux territoriales dans la mer de Chine méridionale.

Les Philippines, occupant la présidence en alternance de l'ANASE, ont affirmé que les États membres du bloc régional de 10 pays devaient se consulter, mais ont remercié M. Trump pour sa proposition.

«Il est le maître de l'art de la négociation, mais, bien sûr, les pays revendicateurs doivent répondre en tant que groupe ou individuellement... la médiation implique tous les revendicateurs et non revendicateurs», a dit aux journalistes le secrétaire aux Affaires étrangères des Philippines, Alan Peter Cayetano.