Un vaccin permettrait de lutter contre fausses couches et décès prématurés
Le streptocoque B, bactérie causant des infections courantes chez les femmes enceintes, serait responsable de plus de 100.000 fausses couches et décès de nouveau-nés.
Par Les Echos
Des antécédents d'exposition au stress sont souvent évoqués comme un des facteurs aggravant les risques de faire une fausse couche. Le streptocoque B, une bactérie se développant chez près de 25 % des femmes enceintes, l'est beaucoup moins.
Et pour cause, le risque de maladie présenté par cette bactérie a été longtemps sous-estimé, soulignent les auteurs d'une étude publiée cette semaine dans la revue médicale Clinical Infectious Diseases. Pourtant, selon eux, cette maladie serait responsable de plus de 100.000 fausses couches et décès de nouveau-nés dans le monde.
231.000 cas d'infection
Plus de 21 millions de femmes enceintes dans le monde sont porteuses de ce streptocoque B, longtemps considéré comme inoffensif, estiment ces chercheurs de la faculté d'Hygiène et de médecine Tropicale de Londres (LSHTM). Or, aujourd'hui on sait que cette bactérie est responsable de septicémie et de méningite potentiellement mortelles chez le nouveau-né. On sait aussi que cet agent pathogène est une cause majeure de fausse couche.
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Cette analyse montre pour la première fois qu'un vaccin à 80 % efficace et donné à 90 % des femmes dans le monde pourrait éviter 231.000 cas d'infection (pas toujours mortelle) de femmes enceintes et de nouveau-nés. Naturellement présent et inoffensif dans l'appareil digestif, le streptocoque B devient pathogène lorsqu'il migre vers d'autres organes et n'occasionne que des infections bénignes, sauf chez la femme enceinte et son foetus.
Premières données mondiales
Avant cette étude, les données recueillies sur les infections des nouveau-nés par ce streptocoque se limitaient aux pays riches. Ces dernières études ont déterminé que l'infection est présente chez les femmes enceintes partout.
En moyenne 18 % des femmes attendant un enfant sont colonisées par cette bactérie avec des taux allant de 11 % en Asie de l'est à 35 % dans les Caraïbes. Les cinq pays où l'on compte le plus grand nombre de femmes enceintes infectées sont l'Inde (2,4 millions), la Chine (1,9 million), le Nigeria (1,06 million), les Etats-Unis (942.800) et l'Indonésie (799.100).
L'Afrique, avec seulement 13 % de la population mondiale, compte 65 % de toutes les fausses couches et décès de nouveau-nés résultant de l'infection par ce streptocoque, révèle l'étude.
Pas encore de vaccin disponible
Un simple vaccin permettrait cependant de réduire ces risques. Seulement il n'y en a pas encore de disponible, regrettent les chercheurs, dont l'étude a été financée par la Fondation Bill et Melinda Gate.
Actuellement la seule prévention consiste à donner des antibiotiques aux femmes au moment de l'accouchement pour réduire le risque pour l'enfant ce qui permet d'éviter 29.000 cas par an, pour la plupart dans les pays riches.
Cette approche pourrait être difficile dans les pays en développement où de nombreuses naissances ont lieu à domicile. Enfin, donner des antibiotiques à 21,7 millions de femmes pourrait contribuer à la résistance microbienne.