Ecole primaire : y a-t-il de faux dyslexiques ?

Dans un entretien au « Parisien », le ministre de l’EducationJean-Michel Blanquer a évoqué une « surmédicalisation » de la difficulté scolaire. Le débat est lancé.

 « Il n’est pas normal qu’on assiste à une telle inflation du besoin en orthophonie à l’école primaire », estime le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer.
« Il n’est pas normal qu’on assiste à une telle inflation du besoin en orthophonie à l’école primaire », estime le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer. LE PARISIEN/ OLIVIER BOITET

    Un enfant qui ne parvient pas à lire doit-il consulter un médecin, ou changer d'instituteur ? Voilà, en un résumé très inflammable, la problématique ouverte par le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, qui a évoqué une « surmédicalisation » de la difficulté scolaire, dans un entretien accordé aux lecteurs du Parisien, paru dans notre édition d'hier.

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    « Il n'est pas normal qu'on assiste à une telle inflation du besoin en orthophonie à l'école primaire. Il y a de vrais et de faux besoins en orthophonie, des vraies et des fausses dyslexies », répond Jean-Michel Blanquer à Michel, un papa qui vit dans l'Essonne, qui le questionne sur la possibilité de « faire en sorte que les orthophonistes se déplacent dans les classes». Dans le viseur du ministre : certaines méthodes d'apprentissage de la lecture et de la grammaire, accusées de pouvoir « provoquer de la dyslexie ».

    « Franchement, les bras m'en tombent : on ne devient pas dyslexique par la méthode de lecture qu'on étudie, pas plus qu'on ne devient myope à force de lire des mots écrits en rouge ou en bleu », réagit Anne Partiot, la vice-présidente de l'association nationale des parents d'enfants dyslexiques. Le pédo-psychiatre Stéphane Clerget, en revanche, avoue « avoir ce débat » avec des confrères : « On constate qu'on est tous un peu surchargés ».

    «Les difficultés de langage sont bien réelles»

    « Les parents viennent nous voir parce que ça ne va pas à l'école, c'est vrai. Pour autant, les difficultés de langage des enfants sont bien réelles, et entraînent une souffrance qui doit être soignée,» nuance le médecin. Or, « plus les familles, les orthophonistes et les enseignants travaillent main dans la main, mieux les enfants en difficulté réussissent » , ajoute Anne Partiot.

    Selon la fédération nationale des Dys, environ 4 à 5% des enfants d'une classe d'âge souffriraient de dyslexie, c'est à dire un trouble neuro-développemental, dans lequel le cerveau de l'enfant peine à interpréter les sons et images envoyés par ses sens. Le trouble se traduit par des retards importants dans l'acquisition de la lecture et de l'écriture, ainsi que d'autres difficultés scolaires.

    «Il n'y a pas de vraie ou de fausse dyslexie : c'est un trouble qui se diagnostique,et même si davantage de personnes consultent, la proportion de personnes touchées dans la population n'est pas plus importante que par le passé », recadre aussi Cécile Corrallini, la secrétaire générale de la fédération nationale des orthophonistes. A l'inverse du ministre de l'Education, elle plaide... pour que soient organisées de vastes campagne de dépistage des troubles -dys, chez les jeunes enfants, dès le début de la scolarité.