Politique

Exclusif. La lettre qui jette le trouble sur les accusations de "Capital" sur Hidalgo

Dans un mail envoyé à la rédaction de "Capital", le vice-président de l'Autorité de la concurrence Thierry Dahan accuse le magazine d'avoir déformé ses propos sur Anne Hidalgo. Mais le mensuel maintient ses informations et assure détenir un enregistrement de l'interview.

La lettre qui jette le doute sur les accusations de "Capital" sur Hidalgo

BERTRAND GUAY / AFP

Le magazine "Capital" est-il embarqué dans une croisade contre Anne Hidalgo ? Le mensuel, qui accuse la maire de Paris d'avoir occupé un emploi fictif lors de son passage au ministère de la Justice au début des années 2000, a publié mercredi un témoignage du vice président de l'Autorité de la concurrence Thierry Dahan qui se veut accablant. Embauché le même jour qu'Anne Hidalgo, l'ancien conseiller aurait "à peine croisé" la socialiste lors de son passage place Vendôme. "Très vite, au début 2001, on a laissé carte blanche à Anne Hidalgo pour mener sa campagne municipale à Paris. Du coup on ne la voyait pas beaucoup au ministère", affirme ainsi l'ancien employé ministériel cité par Capital. Un témoignage qui accréditerait l'hypothèse du magazine selon laquelle la future édile occupait un emploi fictif.

Problème : le même Thierry Dahan a écrit officiellement à "Capital" lundi 13 novembre pour contester les propos qui lui sont attribués. Dans un courrier que s'est procuré Challenges, le vice-président de l'Autorité pour la concurrence se dit "scandalisé sur la forme comme sur le fond" par l'article du mensuel. Sur la forme, l'ancien conseiller estime avoir été piégé par le journaliste de Capital. "Vous présentez mes propos comme un « témoignage qui accuse » alors qu’il s’agissait simplement, à l’occasion d’une conversation plus large qui a aussi porté sur l’activité de l’Autorité de la concurrence, de répondre à vos questions sur la manière dont j’avais connu Mme Hidalgo lors de notre passage commun au cabinet de Mme Marylise Lebranchu, alors Garde des Sceaux. Je vous ai d’ailleurs indiqué que je n’avais aucune déclaration à faire à ce sujet et que je ne souhaitais pas être mentionné dans votre article. Vous n’en avez tenu aucun compte", dit-il.

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"Des propos déformés"

Sur le fond, Thierry Dahan reproche à Capital d'avoir "déformé (s)es propos au point de leur faire dire le contraire de ce qu'(il) (leur) avait indiqué". "Vous commencez par une phrase choc « Je l’ai à peine croisée », laissant entendre que cette phrase vise la présence de Mme Hidalgo à son travail, alors que vous savez parfaitement, puisque je vous l’ai répété au moins dix fois, que cette phrase qui vous plaisait tant (je comprends aujourd’hui pourquoi) voulait simplement dire que nous nous étions croisés finalement très peu de temps, quelques mois tout au plus, dans un cabinet ministériel, il y a 17 ans et qu’elle était alors une collègue sur laquelle je n’avais pas de pouvoir hiérarchique", écrit Thierry Dahan.

L'ancien collègue d'Anne Hidalgo accuse même un peu plus loin le journaliste de Capital de "pur mensonge". "Comment pouvez-vous écrire que l’ancien conseiller « a un souvenir clair de cette période » alors que j’ai passé mon temps à vous dire que mes souvenirs de cette période était très flous, que je n’avais aucun notamment souvenir des dates et que vous devriez consulter le Journal Officiel et les arrêtés de nominations pour avoir une meilleure idée de la chronologie des évènements." En conclusion de son courrier, il demande au journaliste de Capital "de cesser d’utiliser (s)on nom et surtout (s)a fonction comme caution de (ses) affirmations" et se dit prêt à "donner toutes les suites qu('il) jugerai(t) utiles si (il) continu(ait) à le faire."

"Capital" maintient ses informations et dit détenir un enregistrement

Contacté par Challenges, le magazine maintient ses informations et dit détenir un enregistrement de l'interview téléphonique de Thierry Dahan. "Dans un email envoyé à la rédaction ce lundi soir, Thierry Dahan conteste avoir tenu les propos cités dans notre article sur Anne Hidalgo. Nous confirmons ces derniers. Ils ont été recueillis au cours d'un entretien téléphonique dont nous possédons l'enregistrement", affirme le rédacteur en chef adjoint de "Capital" Gilles Tanguy.

A la suite de ce courrier, la mairie de Paris a elle demandé au mensuel de corriger l'article. "L'article en ligne sur votre site internet comporte des informations erronées, qui nuisent à l’image de la Maire de Paris et qui peuvent relever sur un plan légal du délit de diffusion de fausse nouvelle. Je vous remercie de modifier votre article en conséquence, et ceci dans les plus brefs délais", a requis le conseiller presse d'Anne Hidalgo Matthieu Lamarre. Une demande pour l'instant restée lettre morte.